A Annecy, la sécheresse de ces dernières semaines, a fait descendre le niveau de l'eau au plus bas depuis 1947. Une année paradoxale avec des précipitations en début d’année qui avait gonflé le volume du lac.
La cote de 80 centimètres, qui sert de référence à la stabilité des eaux depuis la fin du 19e siècle, a grimpé l’hiver dernier à 115 cm, premier stade de vigilance pour les crues. Elle est aujourd'hui retombée autour de 20, soit plus bas que lors de la canicule de 2003.
Pour assurer un niveau stable, le débit du déversoir est régulé manuellement, explique Pierre Bruyère, président du Syndicat mixte du lac d'Annecy (Sila). « Mais Cette année, nous avons eu deux phénomènes. Le lac a débordé cet hiver, les services de la ville ont donc ouvert les vannes en grand. Fin juin, la situation s'est brutalement inversée, jusqu'à la sécheresse ».
En attendant, le niveau de l'eau découvre les berges et le fond des bateaux, et rend accessible à pied une grande zone au large du Pâquier, la promenade qui longe le lac au centre-ville.
- Des affluents à sec -
Tout n'est pas négatif, notamment pour les roselières, dont les sédiments vont être régénérés et les plantes vont être stimulées, souligne Damien Zanella, directeur Environnement au Sila. "Sur le lac, pour les oiseaux, il n'y a pas de gros impact", abonde Baptiste Doutau, chargé de mission à la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) en Haute-Savoie. Cette baisse du niveau d'eau "rend le site favorable à une halte migratoire" des oiseaux, qui ne pourraient s'arrêter dans le cas contraire. Mais la sécheresse provoque des "assecs assez prononcés dans le lit des cours d'eau de la région et pour la faune aquatique, c'est la catastrophe", souligne M. Zanella, l'accès à l'eau devenant plus compliqué.
La Frapna, qui fédère les associations de protection de la nature en Rhône-Alpes, appelle à "réagir en adaptant nos usages à la ressource disponible et en faisant une utilisation plus rationnelle" de l'eau, à l'approche de la saison hivernale et de l'utilisation des canons à neige, très gourmands: "l'eau en Haute-Savoie, va-t-on choisir de la boire ou de la skier ?", demande-t-elle en indiquant que sur l'arc alpin, "95 millions de mètres cubes par an sont utilisés pour l'enneigement artificiel, soit la consommation annuelle d'une ville de 1,5 million d'habitants".
L'usage de l'eau a été restreint dans la région d'Annecy, placée en situation d'alerte "renforcée" par les autorités, de même que la zone du lac du Bourget en Savoie.