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Illiers-Combray à la recherche d'un tourisme proustien

Bus & Car - Tourisme de Groupe | Loisirs | publié le : 13.07.2018 | Dernière Mise à jour : 13.07.2018

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  • Antoine Agasse (AFP)

Ce petit bourg endormi, situé entre Beauce et Perche, espère enfin capitaliser sur la renommée de son illustre écrivain, après des années de frictions entre proustiens et Islériens.

Pour trouver la trace de Proust à Illiers, il est conseillé de se lever de bonne heure: aucune indication en gare, pas une carte postale au café de la place et de rares madeleines dans les boulangeries.  Seuls quelques panneaux épars rappellent les lieux qui ont inspiré l'auteur de "A la recherche du Temps perdu", qui passait ses vacances, enfant, chez sa tante, rue du Saint-Esprit.

La maison de Tante Léonie, justement, qui fait office de musée, ne propose plus de visite guidée en semaine, depuis la suppression des emplois aidés. Un peu défraîchie avec ses peintures écaillées, ses murs fissurés et ses traces d'humidité aux plafonds, elle ne vend aucun des produits dérivés de l'auteur, qui font florès sur internet.  "A l'habiter, Combray était un peu triste", disait déjà Marcel Proust dans "Du Côté de chez Swann" (1913), décrivant des "maisons construites en pierres noirâtres du pays", ce qui n'est pas le meilleur des arguments touristiques, pour ce petit bourg rural en voie de désertification.

"Intellos parisiens"

Et pourtant Proust attire. L'ancien hôtel Opéra Saint-Lazare à Paris a ainsi vu son chiffre d'affaires bondir de 40% depuis sa transformation en 2013 en hôtel littéraire "Le Swann", raconte son fondateur Jacques Letertre. Et à Cabourg (Calvados), le "Balbec" de "La Recherche", le maire Tristan Duval n'attend pas moins de 100.000 visiteurs par an pour son musée de la Belle époque "racontée à travers l'oeuvre de Proust", dont l'ouverture est prévue en novembre 2019.

Le maire d'Illiers, Bernard Puyenchet, regarde ces exemples avec envie. "Je ne suis pas passionné de Proust mais c'est un levier pour ma ville. Ce qui m'intéresse c'est que Proust crée des emplois, de la richesse, que des boutiques ouvrent grâce à Proust", avoue-t-il. Voilà 47 ans que la ville, qui s'appelait simplement Illiers, a adopté le nom fictif de "Combray" pour célébrer le centenaire de la naissance de l'auteur. Malgré cela, la greffe n'a jamais pris entre Islériens et proustiens.

Ces derniers, réunis au sein de la Société des Amis de Marcel Proust, propriétaire du musée, sont souvent perçus comme des "intellos parisiens qui vous snobent un peu", raconte M. Puyenchet.

Quant aux Islériens, "on leur dit depuis des décennies que Proust n'est pas fait pour eux", complète Patrice Louis, auteur du blog "Le fou de Proust" et habitant de la commune.

"Proustland"

Lieu de pèlerinage, Illiers-Combray attire des fans du monde entier mais le musée ne dépasse pas les 5.000 entrées par an et voit même sa fréquentation baisser depuis quelques années. "On n'a pas un succès quantitatif mais un rayonnement qualitatif considérable", rassure Mireille Naturel, secrétaire générale de la Société.

Pour attirer les touristes, un projet de rénovation du musée (de 2 millions d'euros) est soutenu par le conseil départemental. Des itinéraires proustiens devraient aussi voir le jour cet été dans le village, couplés à terme avec une application pour smartphone. Et une semaine de festivités doit célébrer le tout en mai 2019, pour les cent ans du prix Goncourt de Proust. "Les projets c'est tous azimuts", soupire Mireille Naturel, en critiquant ces "fantaisies proustiennes": "On est en train de détruire ce village en croyant le rendre proustien."

Les élus misent eux sur la "modernité" du nouveau président de la Société, Jérôme Bastianelli, 48 ans, directeur général du musée du Quai Branly, qui évoque un "objectif de 10 à 12.000 visiteurs par an" au musée, "vu la place que Proust occupe dans la littérature française et mondiale". A ce niveau, "le salon de thé devient rentable", se réjouit le maire, toujours soucieux de "boucher les vitrines qui blanchissent". "On n'aura jamais de gros bataillons de touristes", tempère Patrice Louis. Illiers "ne sera jamais Proustland, c'est un tourisme de niche."

 

            

 

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