Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État au Tourisme, a réuni une nouvelle fois le Comité de filière pour dresser un premier bilan et annoncer le prolongement de plusieurs mesures. La situation fait ressortir de fortes disparités.
Au titre des « bonnes nouvelles », le ministre indique la bonne saison touristique du cœur de l’été que révèle la majorité des bilans que tirent les territoires. Une enquête d’Atout France montre que 94% des Français partis en vacances cet été sont restés dans les régions, c’est 20 points de plus que l’an passé. D’où la meilleure résistance de l’économie touristique française par rapport à nous deux concurrents majeurs grâce à la force de ce marché domestique.
Quand la France a perdu 50% de ses recettes internationales sur la moitié de l’année (12,3 Mds$ contre 25,2, Mds$ en 2019), elle maintient un solde global de -25% grâce aux dépenses des Français, alors que l’Espagne annonce jusqu’à 98% de pertes internationales et un effondrement du marché local, et l’Italie 75%.
Un paysage très contrasté
Mais derrière des chiffres nationaux qui génèrent le sentiment de « soulagement » qu’exprime Jean-Baptiste Lemoyne, la situation de certaines filières et certains territoires inspire davantage de « gravité » pour la suite. Les locations saisonnières ont fait le plein quand l’hôtellerie, notamment urbaine, court après le moindre client. Le littoral, la campagne et surtout la montagne affichent des fréquentations presque record sur juillet-août, mais les métropoles ont été désertées pour la plupart, Paris en tête. Les activités de plein-air, randonnées, vélotourisme, canyoning ont fait le plein, mais les musées étaient dépeuplés.
Arrière-saison compliquée
Tout le défi des professionnels et responsables publics est de faire vivre « les ailes de saisons » et d’inciter certaines clientèles frileuses, séniors et groupes, a profité d’un été indien particulièrement favorable. La campagne sur les réseaux sociaux : « Cet été, je visite la France » est prolongée jusqu’à fin septembre.
Le ministre en convient : « la parenthèse Covid n’est pas close et il faudra faire avec la situation et les changements de comportement, notamment être particulièrement réactif à des décisions de dernière minute ».
Lors de ce Comité de filière de rentrée, il a fait passer deux messages : « L’État est là et demeure à vos côtés » affirme-t-il dans un premier temps avec la continuation de l’activité partielle à des conditions privilégiées. Le reste à charge du chômage partiel pour une entreprise passera de 0% à 15%, contre 20% pour les autres secteurs. Le Prêt Garanti par l’Etat Saison, plus favorable, est mis en place. Il a insisté sur la déclinaison du Plan de Relance France de 100 Mds€ qui va naturellement concerner aussi les entreprises du Tourisme : renforcement des fonds propres, transition énergétique, formation… répondant en cela au dépit manifesté par les syndicats hôteliers.
Comité interministériel en octobre
Le deuxième message est que ce Comité de filière est devenu et restera l’instance qui va permettre de co-construire l’industrie touristique de demain. Il va être amené dans ses réunions du 15 et du 23 septembre prochain à faire les propositions qui seront mises sur la table du Comité Interministériel sur le Tourisme, présidé par Jean Castex à la mi-octobre.
Il s’agira notamment de valider les feuilles de route de secteurs particuliers, comme l’événementiel, ou certains territoires, comme la Corse, où va se rendre le président Macron.
Projets numériques
C’est à l’occasion de ce CIT que seront dévoilés les lauréats de l’appel à projet piloté par le Comité numérique de Laurent Queige qui doit en partie dessiner le visage d’un tourisme 3.0 voire 4.0. Il y sera aussi question de l’observatoire tant attendu de l’activité touristique pour suivre au plus près l’évolution du secteur.