Le changement climatique et le projet de digues à l'arrêt... Les habitants et autorités de Venise ont désigné les coupables des ravages provoqués par la plus forte marée haute depuis 50 ans,
Gondoles renversées, vaporettos (autobus fluviaux) projetés sur le rivage, magasins et hôtels envahis par les flots. Une marée de 1,87 mètre de haut a inondé la Cité des Doges, surprenant des centaines de touristes contraints de patauger dans les ruelles inondées.
"La situation est dramatique, le mauvais temps nous inquiète et la population souffre", a néanmoins constaté le Premier ministre Giuseppe Conte, venu sur les lieux, alors que d'autres épisodes sont prévus jusqu'à vendredi. Le gouverneur de la région de Vénétie, Luca Zaia, a évoqué des "dégâts apocalyptiques", avec 80% de la ville sous les eaux au pire de la crue mardi.
Il s'agit de la deuxième plus haute "acqua alta" à Venise depuis le début des relevés en 1923, derrière celle du 4 novembre 1966 (1,94 mètre). Outre le centre historique de Venise, les îles du Lido et de Pellestrina ont été les plus touchées par les inondations. L'eau a envahi le célèbre théâtre de La Fenice, où les spectacles sont suspendus jusqu'à nouvel ordre, ainsi que la Basilique Saint-Marc.
La ville, qui compte en son cœur seulement 50.000 habitants, reçoit 36 millions de visiteurs par an, dont 90% d'étrangers. "L'avenir de Venise est en jeu, on ne peut plus vivre comme ça. Il faut la certitude de pouvoir habiter ici. C'est aussi notre crédibilité internationale qui est en jeu", a estimé le maire Luigi Brugnaro.
Pour le ministre de l'Environnement, Sergio Costa, les causes du désastre sont "claires": "c'est la conséquence directe des changements climatiques et de la tropicalisation des phénomènes météorologiques, avec des précipitations violentes et de fortes rafales de vent".
- "Venise va être noyée" -
Gabi Brueckner, une touriste allemande, se dit "horrifiée". "Avec le changement climatique ça va empirer et à un certain moment, Venise va être noyée".
Greenpeace a appelé le gouvernement à revoir le Plan national sur l'énergie et le climat qui "prévoit une utilisation massive de gaz pour les décennies à venir, ce qui risque d'aggraver la crise climatique".
Le maire a jugé nécessaire de "terminer au plus vite" le méga-projet de digues MOSE (Moïse en italien, acronyme de Module expérimental électromécanique) afin de "protéger tout le bassin" de Venise. M. Conte a estimé qu'il est "prêt à 93% et qu'il faut le compléter rapidement". Les dégâts se chiffrent en millions d'euros, rien que pour la célèbre Basilique Saint-Marc, joyau de la Sérénissime, inondée sous un mètre d'eau de mer.