Le Parlement du Groenland a adopté le projet de construction d'aéroports internationaux espérant désenclaver cette île immense, territoire autonome danois aux confins de l'Atlantique nord.
Ce projet controversé, le plus grand concernant les infrastructures sur l'île, entérine la participation directe de Copenhague au financement d'aéroports dans la capitale Nuuk mais aussi à Ilulissat, cœur touristique, et Qaqortoq dans le sud du pays. Il a été adopté jeudi par 18 voix sur les 29 du Parlement monocaméral, l'Inatsisartut.
Avec ces nouveaux aéroports, dont la construction va s'élever au moins à 500 millions d'euros, il sera possible de voyager directement vers l'Europe et l'Amérique du Nord. Près de 20% du financement vient du Danemark, qui participe déjà très largement au budget du territoire en lui versant 500 millions d’euros chaque année.
En septembre, ce "plan aéroport" avait plongé le Groenland dans une crise politique de trois semaines avec le départ d'un parti indépendantiste opposé à la participation danoise. Les sociaux-démocrates du Siumut, qui domine la vie politique groenlandaise depuis une quarantaine d'année, avait finalement trouvé une nouvelle majorité plus étriquée. "Nous ouvrons plein de possibilités pour l'avenir du Groenland. Nous ne le vendons pas", a assuré le Premier ministre Kim Kielsen lors des débats, a rapporté la chaine de télévision locale KNR.
Ce projet favorise les principaux centres de ce pays de 55.000 habitants pour une superficie quatre fois supérieure à la France, aux dépens des communautés plus petites. En outre, "d'autres risques sont également évoqués comme celui d'une présence réaffirmée de l'armée américaine que tout le monde ne voit pas d'un bon œil, ou encore des risques écologiques induits par une meilleure connexion avec l'international", a relevé pour l'AFP Mikaa Mered, professeur de géopolitique de l'Arctique à l'Institut libre d'étude des relations internationales (ILERI), à Paris.
Depuis 2009, le Groenland est très largement indépendant dans sa politique économique tandis que les fonctions régaliennes, comme la politique étrangère et de défense, restent du ressort de Copenhague, le Danemark étant membre de l'Union européenne et de l'OTAN. La construction des aéroports, qui n'a pas commencé, doit être terminée pour 2023.