Selon un quotidien portugais, Lufthansa serait en négociations pour entrer dans le capital de la compagnie portugaise. Un enjeu stratégique pour la compagnie allemande, qui se refuse à tout commentaire pour l'instant.
Lufthansa va-t-elle mettre la main sur TAP Portugal ? Selon le quotidien portugais Jornal de Negocios, la compagnie aérienne allemande aurait engagé des négociations pour reprendre les parts de l'homme d'affaires américain David Neeleman dans le consortium Atlantic Gateway, qui détient 45% du capital de la compagnie portugaise. Le quotidien économique ajoute que Lufthansa se serait associée avec United Airlines, également membre de Star Alliance, tout comme TAP Portugal.
Un porte-parole de Lufthansa interrogé par l'AFP a toutefois qualifié l'information de "spéculations de médias". Même silence radio chez TAP Portugal, qui se refuse à tout commentaire. David Neeleman avait, de son côté, démenti son intention de revendre ses parts en novembre mais le Jornal de Negocios insiste de nouveau et assure que "les négociations entre les parties sont bien avancées".
La compagnie portugaise est actuellement détenue à 50% par l'État portugais, à 5% par les salariés et à 45% par Atlantic Gateway, un consortium créé par David Neeleman et l'homme d'affaires portugais Humberto Pedrosa, qui se partagent 50% des parts. Selon le Jornal de Negocios, Lufthansa pourrait soit mettre la main sur les 50% détenus par David Neeleman soit reprendre la totalité des parts d'Atlantic Gateway.
TAP Portugal a terminé une nouvelle année dans le rouge
Le scénario d'un désengagement d'Atlantic Gateway est d'autant plus probable que le torchon brûle entre David Neeleman et le gouvernement portugais, qui n'ont pas la même vision de l'avenir de la compagnie. L'homme d'affaires américain projetait en effet une prochaine entrée en bourse de TAP Portugal, une direction que le gouvernement socialiste a clairement refusé. David Neeleman et l'État portugais se sont ensuite affrontés lors de l'attribution de primes pour le management l'an dernier. L'homme d'affaires s'est également montré très sceptique vis-à-vis de la stratégie de la compagnie, avec des investissements qui ne portent toujours pas d'effets positifs.
TAP Portugal, qui vient de présenter ses résultats, reste toujours dans le rouge : l'année 2019 se solde par une perte nette de 105,6 millions d'euros, après une perte de 118 millions d'euros en 2018. La compagnie explique ces pertes par le coût du renouvellement de sa flotte. Du côté de Lufthansa, une participation dans TAP Portugal aurait beaucoup de sens du point de vue stratégique. Non seulement les deux compagnies sont membres de Star Alliance mais leurs réseaux sont parfaitement complémentaires. TAP Portugal est effectivement très bien positionnée sur le Brésil et l'Amérique latine.
L'arrivée de Lufthansa dans le capital de TAP Portugal arriverait d'ailleurs à point nommé, alors que la concurrence s'est fortement renforcée sur l'Amérique du Sud : en décembre, Delta Air Lines est entrée dans le capital de la compagnie chilienne LATAM Airlines à hauteur de 20% tandis que IAG a trouvé un accord pour reprendre Air Europa, la compagnie du groupe touristique espagnol Globalia.