Le mercredi, c'est permis ! Thierry Beaurepère est de retour pour vous faire part de son humeur du moment. Et cette semaine, il revient sur la nomination de Jean-Baptiste Djebbari, ancien pilote de ligne, au secrétariat d'État... Il va avoir du travail !
On avait déjà une juriste à la tête du ministère de la Justice, un médecin — désolé pour mes ami(e)s qui défendent l’écriture inclusive mais il n’y a pas de féminin pour le mot médecin — à celui de la Santé, une ex-DRH pour chapoter le ministère du travail… On a donc désormais un pilote aux commandes du secrétariat d’État aux Transports !
Hier, Jean-Baptiste Djebbari a succédé à Elisabeth Borne, désormais trop occupée à reverdir la France. Pas sûr que les professionnels la regrettent. Chacun se souvient encore du fiasco des Assises nationales du transport aérien lancées en 2018, qui devaient sauver le ciel français. Un an plus tard, les compagnies tombent comme des mouches ! « Aide-toi et le ciel t’aidera », ironisent quelques grands patrons…
Sera-t-il l’homme de la situation ? Vinci et consorts tremblent (un peu). En juillet, il a suggéré de renationaliser nos autoroutes ! Va-t-il aussi s’opposer à la privatisation d’ADP ? En revanche, les siens (comprenez les salariés du transport aérien) applaudissent des deux mains. C’est aller un peu vite en besogne ! Car à 37 ans, le nouveau « beau gosse » du gouvernement n’a que deux années de plus que Ryanair. Bref, c’est un millénial bien dans son temps, pour qui Uber et les low cost sont une évidence. Le SNPL est prévenu !
Aigle Azur et XL Airways, des dossiers brûlants
Il ne faudra pas attendre longtemps pour juger sur pièce. Dès le 10 septembre, Jean-Baptiste Djebbari défendra à l’Assemblée nationale le projet de loi sur les mobilités. On l’imagine, débarquant Ray-Ban sur le nez et manches de chemise retroussées, pour convaincre les députés… et retourner une première fois sa veste aux galons dorés. Car il a fustigé le projet d’écotaxe sur le transport aérien annoncé il y a quelques semaines — projet qu’il va désormais, sauf coup de théâtre, devoir défendre. Pas facile d’enclencher la marche arrière sur un avion…
Les prochains mois s’annoncent tout aussi riches en soubresauts. Celui qui a contribué à la réforme de la SNCF, et que certains pressentaient pour en prendre les rênes, va devoir s’atteler à trouver un successeur à Guillaume Pépy, qui a décidé de se mettre au vert. Rachel Picard, l’actuelle directrice de Voyages SNCF, est sur les rails. Bien connue des professionnels (elle a notamment dirigé Thomas Cook France), elle serait certainement un bon choix pour l’avenir des relations avec les agences de voyages. Même s’il est parfois plus difficile de négocier avec ses amis que ses ennemis…
L’autre gros chantier sera bien évidemment le transport aérien, alors que les grèves se multiplient, notamment chez Transavia où les pilotes continuent à vouloir faire le beau temps et surtout la pluie. Sauront-ils trouver une oreille attentive chez leur ex-copain de cockpit ? Il va aussi falloir éviter la sortie de piste pour XL Airways et surtout Aigle Azur. Mieux que Casa del Papel et Game of Thrones réunis, chaque jour est un nouvel épisode, toujours plus sanglant !
Lundi, on apprenait que la compagnie était placée en redressement judiciaire. Pourtant, son PDG Frantz Yvelin assurait en août qu’elle disposait de 25 M€ de trésorerie. Nous aurait-il menti ? Ce matin, lâché par une partie des salariés (et notamment des pilotes), il annonçait sa démission. Pas sûr qu’il puisse couler une retraite heureuse au Portugal, l’un des principaux axes d’Aigle Azur, tant le ciel s’obscurcit. Air France/Transavia salive déjà sur les milliers de créneaux horaires qui pourraient se libérer à Orly. Le malheur des uns…