L’aéroport « Willy Brandt » (BER) a ouvert ses portes ce samedi. Une inauguration qui intervient, en pleine pandémie, quatorze ans après le début de sa construction et une incroyable série noire.
Rien n’aura été épargné à l’aéroport berlinois « Willy Brandt » (BER) qui vient remplacer les aéroports de Tegel (TXL) et de Schönefeld (SXF). 2011 aurait en effet dû être l’année officielle de son inauguration. Mais des défaillances en série ont sans cesse freiné le projet d’ouverture du nouvel aéroport de Berlin-Brandebourg : dispositifs de sécurité incendie et système d'éclairage HS, escaliers mécaniques trop courts, erreurs de planification, défauts de construction, soupçons de corruption... Des malfaçons, des pannes et des négligences qui ont terni la réputation de l’Allemagne. Et qui ont provoqué une vague de dérisions internationale.
Fin de la malédiction ?
L’entrée en service officielle du nouvel aéroport international de Berlin s’est donc faite ce samedi 31 octobre avec l’atterrissage de deux avions spéciaux de Lufthansa et d'Easyjet, en provenance respectivement de Munich et de l'aéroport berlinois voisin de Tegel. "C'est un jour historique", a affirmé Carsten Spohr, le patron de la compagnie aérienne Lufthansa à Munich, avant de s'envoler pour Berlin. "Je n’arrive toujours pas à y croire", a-t-il plaisanté.
Et pourtant l’heure n’est pas à la plaisanterie pour les compagnies aériennes. Cette inauguration intervient en effet en pleine crise sanitaire, au pire moment de l'histoire du secteur aérien. Car même si le trafic avait lentement repris cet été, les nouvelles restrictions aux voyages mises en place en Allemagne et en Europe, pour endiguer la deuxième vague de la pandémie, vont de nouveau frapper le secteur.
Aucune raison de désespérer pour autant, selon le directeur général d'Easyjet, Johan Lundgren. "Il est important en ces temps de coronavirus que nous ne perdions pas de vue qu'il y a une énorme demande sous-jacente pour les voyages en avion", a-t-il assuré lors de la conférence de presse.
Périmètre réduit
Pour le troisième aéroport du pays, après Francfort et Munich, la baisse du trafic liée à la seconde vague de la pandémie implique toutefois encore de longs mois à fonctionner en capacité réduite. Les exploitants de l’aéroport ont ainsi tablé sur un transit de 27 millions de passagers par an pour le terminal 1, le seul à ouvrir samedi. Et pour novembre, sur 20% des capacités de vol. Le terminal 2 n'ouvrira quant à lui pas avant le printemps 2021. Il pourrait porter la capacité de l’aéroport à 33 millions de personnes. Sachant que 35 millions de passagers avait transité par Berlin en 2019, avant la crise du Covid-19.
De quoi donner des sueurs froides aux gestionnaires de la plateforme, dont le coût initial, estimé à 1,7 milliard d'euros, a déjà grimpé à 6,5 milliards. Pour aider l'aéroport et assurer l'avenir des 20 000 personnes qui doivent, à terme, y travailler, les autorités ont déjà débloqué 300 millions d'euros pour l'année 2020. Des aides financières qui devront sans doute être prolongées en attendant que le nouvel aéroport international de Berlin puisse prendre toute son ampleur.