Les applis ont-elles encore un avenir dans le tourisme ? La question fait débat alors que l'aéroport de Sydney annonce la suppression de son appli et que les téléchargements sont en chute libre.
Réservations hôtelières, vols, informations touristiques... Depuis leur naissance en 2008, les applis se sont multipliées à l'infini, en particulier dans le tourisme. Pourtant, leur avenir semble aujourd'hui s'assombrir. Parmi les derniers mauvais signes, l'aéroport de Sydney vient d'annoncer l'arrêt de son appli, qui n'est désormais plus disponible sur l'App Store et Google Play. L'aéroport avait lancé son appli en 2011 sur iPhone et en 2013 sur Android, permettant aux utilisateurs d'obtenir les statuts des vols et des informations sur les services.
Pourquoi ce retrait ? Au micro du magazine Australian Business Traveller, un porte-parole du gestionnaire de l'aéroport explique que les passagers utilisent aujourd'hui avant tout le site mobile de l'aéroport mais aussi les chatbots développés sur Facebook et Twitter. En France, le gouvernement vient tout juste de retirer l'appli "Alerte attentat", lancée en 2016 mais aujourd'hui jugée inefficace face aux réseaux sociaux.
Des taux de téléchargement en chute libre
Au-delà de ces exemples, plusieurs études montrent que les applis marquent le pas, avec des taux de téléchargement en chute libre. Un rapport de BI Intelligence publié en octobre dernier met en lumière une "crise de l'engagement". "Une fois que les utilisateurs ont testé une application, ils ne reviennent pas", affirment les auteurs du rapport. Résultat : "les utilisateurs téléchargent moins d'applis et passent leur temps sur un nombre restreint d'applis qu'ils choisissent d'installer", explique BI Intelligence.
Le cabinet Appfigures révèle quant à lui qu'il y a eu moins d'applis soumises en 2017 sur l'App Store qu'en 2016 et que l'App Store a, pour la première fois de son existence, vu son catalogue d'applis baisser l'an dernier, avec un total de 2,1 millions d’applications fin 2017, notamment à cause d'un ménage effectué par Apple parmi les applis qui ne sont plus compatibles avec les nouveaux iPhones.
L'avènement du web mobile et des chatbots
Dans le même temps, le web mobile a gagné énormément de terrain, avec la généralisation des sites dits "responsive", le développement de la 4G et de forfaits bien plus généreux qui permettent aux utilisateurs de surfer sur Internet directement depuis leur mobile, en gardant les habitudes acquises sur leur ordinateur de bureau.
La montée en puissance des chatbots créé aussi une forte concurrence pour les applis. Dans le cas d'une recherche du statut d'un vol, un chatbot se montre en effet bien plus rapide et performant qu'une appli. Les applis sont aussi débordées par l'arrivée des assistants personnels intelligents, notamment Alexa qui a fait ses débuts en France le 13 juin. Ces assistants commandés à la voix se chargent de répondre à toutes les questions des utilisateurs, de la météo au lancement d'une playlist en passant par l'état du trafic. Plus besoin d'ouvrir une appli !
Face au web mobile, aux chatbots et aux assistants personnels, les applis vont-elles totalement disparaître ? Pour l'heure, les différents canaux devraient encore cohabiter. "Les entreprises ont besoin des deux", assure Jason Wong, vice-président en charge de la recherche chez Gartner. Plusieurs offices du tourisme viennent d'ailleurs de lancer leurs applis la semaine dernière seulement : c'est le cas de la ville d'Hiroshima, du Tibet ou encore du Liban qui a présenté son appli dédiée au tourisme religieux "Holy Lebanon". Mais la tendance est là et BI Intelligence annonce l'émergence d'un ère "post-appli". Les marques du tourisme vont devoir être au rendez-vous !