Le ministre de l'Economie français soutient la plainte contre le géant américain déposée auprès de la Commission européenne par l'Open Internet Projet.
L'étau se resserre sur Google… Alors que le moteur de recherche a présenté une troisième série d'engagements à la Commission européenne dans le cadre de l’enquête en cours sur un abus de position dominante, ces propositions sont loin de satisfaire les acteurs de l'Internet européen.
La fronde monte avec la formation de l'Open Internet Projet, qui rassemblent 400 entreprises et organisations européennes, dont l'allemand Axel Springer, le français Lagardère Active, le syndicat des éditeurs de service de musique en ligne ou le Seto.
Hier, la nouvelle organisation a tenu son premier colloque à la Cité internationale de Paris, annonçant dans le même temps le dépôt d'une plainte contre Google auprès de la Commission européenne. L'OIP juge en effet que les dernières propositions de l'américain sont "inefficaces" et, pire, qu'elles "donnent une base légale à des pratiques abusives".
"Pas d'accord a minima avec Google"
Né d'une impulsion franco-allemande, l'OIP a reçu un soutien sans équivoque des gouvernements allemand, français et italien. Concluant le colloque, le ministre de l'Economie français, Arnaud Montebourg, a affirmé que "La France n'acceptera pas un accord a minima avec Google". Tonnerre d'applaudissements dans la salle comble. Et le ministre de l'Economie d'appeler à "une concurrence équitable".
"La proposition de Google, acceptée par le commissaire Almunia, organise la maximisation des revenus pour Google en lui réservant la plus grande partie de la valeur. Face à cette position monopolistique d’une telle ampleur, il faut coordonner la mise en place d’une régulation dédiée et originale", plaide Arnaud Montebourg. Une nouvelle régulation qui devrait donc dépasser le droit européen de la concurrence tel qu'il existe aujourd'hui.
"Vous êtes un peu tous des Gandhi"
Pour appuyer ses propos, Arnaud Montebourg s'est d'ailleurs lancé dans un parallèle historique : "Nous sommes dans une situation qui n’est pas sans rappeler ce qui se passait dans la première moitié du XXe siècle aux Indes, où la Compagnie des Indes chargée d’exploiter le coton interdisait l’exploitation de celui-ci, qu’elle transportait en masse pour le transformer au royaume d’Angleterre. Vous êtes un peu tous des Gandhi en affirmant vouloir exploiter votre or ici et conserver votre liberté".
Reste à savoir si le temps de l'action politique arrivera à rattraper les évolutions extrêmement rapides du numérique.
Didier Forray