Le manque de concertation concernant le report des épreuves du brevet a mis en émoi les agences de voyages et les tour-opérateurs, qui essaient malgré tout de trouver des solutions commerciales.
C’est chaud, comme la météo ambiante ! L’annonce surprise par le ministre de l’Education nationale en début de semaine de reporter les épreuves du brevet au 1er et 2 juillet, pour cause de canicule annoncée les 27 et 28 juin, a mis un coup de pression sur de nombreux TO et agences.
Aux premières loges, les spécialistes des voyages linguistiques et des séjours pour les jeunes se sont ainsi retrouvés du jour au lendemain à devoir gérer des demandes de reports et/ou annulations. « Ce n’est pas la très haute saison et nous sommes encore théoriquement hors période de vacances scolaires, mais malgré tout il a fallu faire au mieux pour aider des clients subissant comme nous une décision unilatérale », remarque Jean-François Michel, président de Cap Monde et du Conseil des organisateurs de voyages de jeunes au sein des Entreprises du Voyage (EDV).
Un coût non négligeable
Pour la dizaine de dossiers concernés, Cap Monde a ainsi décidé de prendre à sa charge les frais de report (d’Eurostar notamment) alors que juridiquement il n’en a aucune obligation. « Nous verrons dans un deuxième temps avec la SNCF si elle peut nous accorder un geste commercial. Même chose avec nos partenaires à l’étranger. » Une souplesse qu’ont adoptée beaucoup d’opérateurs même si elle aura un coût.
« D’ores et déjà, la plupart des charges étant engagées notamment les personnels d’animation, les conséquences économiques pour les organisateurs de colonies de vacances seront très lourdes. Pour certains, c’est près de 20% de l’activité qui se joue dans la première semaine de juillet », a déploré l’UCPA dans un communiqué.
Les pros ne sont pas responsables
Mais que dit la loi ? « Dans ce cas précis, l’annulation n’est pas imputable au professionnel », a tenu à rappeler Valérie Boned, secrétaire général des Entreprises du Voyage. « Il n y a donc pas d’obligation légale d’assumer les frais, qui peuvent être conséquents sur un réacheminement par exemple. » Mais vu l’atypique de la situation, les EDV ont préconisé malgré tout à leurs membres de faire « au mieux avec les possibilités commerciales qui peuvent être proposées ».
Vu le tollé, le ministère a fini par préciser sa position, favorisant d’éventuels arrangements : en cas « d’empêchement majeur », certains élèves pourront participer à la session de septembre. « Des circonstances familiales » incluant un départ en vacances sont ainsi un critère recevable, le ministre de l’Éducation ayant demandé aux principaux des collèges « d’avoir une vision large de ce qu’est un empêchement ». « C’est au final le chef d’établissement qui tranchera sur la recevabilité de la demande de passer le brevet en septembre », remarque néanmoins Valérie Boned. « Nous espérons pour les familles que les propos du ministre auront une vraie portée. »
Un manque de concertation décrié
Au final, les Entreprises du Voyage, à l’instar du Seto, regrette le manque de concertation. « Au contraire du Quai d’Orsay qui associe les professionnels au moment de crises, il est récurrent que le ministère de l’Education nationale prenne des décisions sans consultation voire même sans information des pros du tourisme », constate Valérie Boned.
« Nous le déplorons car parfois les décisions sont très radicales comme lors des attentats de novembre 2015 quand tous les déplacements scolaires prévus avaient été annulés dans toute la France. Même si nous comprenons que c’est l’intérêt des enfants qui prime, cela n’exclut pas une certaine coopération. »