Certains offices du tourisme proposent l'envoi de brochures contre paiement. Ce modèle est-il transposable aux tour opérateurs ?
Brochure papier contre brochure électronique, la question divise les TO depuis plusieurs années, compte tenu du coût du papier. Une troisième voie est ouverte par plusieurs offices du tourisme qui proposent de faire payer leurs brochures papiers. C'est le cas par exemple de l'office du tourisme de Bourg-en-Bresse ou de l'OT de Vilnius, en Lituanie. Est-ce que les TO doivent suivre cette tendance ?
"Pour un gros tour-opérateur à distribution multi-canale, cette idée est bonne car elle permettra de limiter les coûts de distribution et le gaspillage, notamment sur des événements grand public où la distribution de "papiers" est monnaie courante", estime ainsi Nicolas Ivaldi, directeur commercial d'Empreinte.
Un raisonnement qu'il nuance toutefois immédiatement. "Pour un TO spécialiste comme Empreinte, commercialisé à 100% en B2B, il serait compliqué de demander à une agence partenaire de gérer l'encaissement de la brochure et un éventuel remboursement de celle-ci en cas de réservation du client", précise-t-il.
"Faire payer les brochures me paraît inconcevable"
D'autres professionnels se montrent d'emblée circonspects. "Au vu du marché actuel où les agences de voyage ont parfois tendance à passer en direct avec les réceptifs et les clients en direct sur le net, les TO doivent jouer à fond la carte du partenariat avec les agences. Faire payer les brochures me paraît inconcevable car cela ne fera que creuser encore le fossé entre TO et agences", affirme ainsi Géraldine Chachourine, directrice de production de Step Travel.
"Aux TO de mieux gérer leur stock et d'alimenter raisonnablement les agences en brochures en fonction du type de produit proposé et/ou du profil de l'agence." Nicolas Ivaldi reconnaît d'ailleurs au passage que "les agences qui sont de bonnes acheteuses utilisent très peu les brochures et la consommation reste donc raisonnable et raisonnée".
Certains TO passent à la version "magazine"
Raouf Benslimane, président de Thalasso n°1/ Ôvoyages se montre quant à lui catégorique : "Faire payer la brochure à un distributeur qui en théorie tend a digitaliser son modèle de distribution à l'image du marché est une démarche absurde", observe-t-il. "Nous imprimons plus de 400 000 exemplaires entre les brochures Thalasso n°1, Ôvoyages et les brochures dédiées à une destination et, malheureusement, nous avons des stocks non distribués en fin de saison, mais c'est le prix à payer pour un opérateur qui veut apporter un maximum de services à ses distributeurs."
L'impression d'une brochure papier n'empêche pas toutefois la plupart des voyagistes de réduire leurs coûts. Exemple avec Comptoir des Voyages qui a fait partie des premiers TO à avoir arrêté toute publication de brochures papiers dès 2011, tandis que Voyageurs du Monde, l'autre marque du groupe, s'en tient désormais à des volumes imprimés qualifiés de "très faibles". D'autres, comme Jet tours sont passés à des versions plus magazines, moins consommatrices en papier.
Autre piste lancée prochainement par Thomas Cook en Allemagne : continuer à proposer une brochure papier gratuite mais facturer 3 € pour un carnet de voyage demandée en version papier, si le client ne se satisfait pas de la version électronique gratuite. Thomas Cook France ne nous a pas répondu sur une éventuelle adaptation du principe en France...