Les fédérations professionnelles de six pays se sont réunies ce matin à Paris pour dénoncer l’industrialisation de la location collaborative et formuler des propositions communes.
C’est une première. Ce matin, les représentants de six fédérations ont profité de l’Airbnb Open qui se déroule actuellement à Paris pour taper, ensemble, du poing sur la table. "L’expansion du logement chez l’habitant a transformé un modèle convivial en modèle industriel. Le développement de cette offre est devenu incontrôlé sur le territoire français et européen", a indiqué en préambule Laurent Duc, président de la branche hôtellerie de l’Umih.
Chiffres à l’appui, les professionnels européens ont ensuite donné tour à tour une idée de l’ampleur du phénomène. Selon eux, à Paris, qui est la ville au monde la plus active sur Airbnb, environ 35 000 offres sont disponibles sur le site, 20% des annonces proviennent de multipropriétaires, 35% des offres sont disponibles plus de 120 jours et représentent 74% des ventes de la plate-forme.
En Europe, la ville de Berlin compte à elle seule plus de 15 000 offres tout comme Barcelone, Rome enregistre plus de 18 000 annonces, Amsterdam plus de 12 000, et Londres environ 25 000. Le nombre d’offres issues de multipropriétaires est également considérable.
"Nous avons invité les plus importants profils comme Bettina à Rome qui possède 80 offres, Fabien à Paris qui en a 142 ou encore Oscar et Diego à Barcelone qui en ont 73 mais aucun ne nous a répondu", a expliqué Jacques Barré, président du GNC (Groupement National des Chaînes Hôtelières).
Ajoutant : "nous ne sommes pas contre Airbnb et ses concurrents mais contre leurs pratiques dévoyées par rapport au concept d’origine".
Citant, pêle-mêle, les nuisances, l’absence de contrôle, la perte d’identité d’un quartier, le manque de sécurité, l’évasion fiscale …
10 propositions européennes
Pour tenter de mettre fin à ces pratiques qu’ils jugent "déloyales", ces professionnels vont porter dix propositions à la connaissance des autorités parlementaires.
Elles "visent à restaurer l’équité et à protéger le consommateur" : intégrer les locations de courte durée des particuliers dans la réglementation des hébergements touristiques, mettre en place une procédure d’enregistrement et de permis, faire des études statistiques des locations de courte durée, appliquer les exigences de sécurité et les contrôler dans la protection du consommateur, respecter la réglementation fiscale, vérifier l’identité des visiteurs conformément aux obligations de l’accord de Schengen, protéger les droits et avantages des salariés, protéger la qualité de vie du voisinage, clarifier et assurer des distinctions claires entre l’usage d’habitation et l’usage commercial, et contrôler l’expansion des locations de courte durée.
C.P.