Ce nouvel événement organisé par Tour Hebdo et Bus & Car - Tourisme de Groupe, avec le soutien de nos confrères du Quotidien du Tourisme, s’est tenu hier soir dans les locaux de la rédaction, Tour Montparnasse à Paris. Un débat qui a donné lieu à des échanges nourris sur les thèmes qui agitent le secteur.
Ils étaient une cinquantaine à avoir répondu présents pour échanger et formuler des propositions autour des problématiques que le tourisme connaît au quotidien. Le grand débat du tourisme a réuni des agents de voyages, des représentants de tour-opérateurs, des parlementaires, des étudiants ou encore des représentants syndicaux. Leurs discussions ont fait émerger cinq thématiques.
1- La législation : l’État doit donner un cadre clair
Le manque de « réelle volonté » de l’État en matière du tourisme a fait l’objet d’une longue discussion. Pour les pros, le message est simple : l’État doit donner un cadre stable et clair au secteur pour un développement optimal. L’absence d’un ministère du Tourisme, pourtant « priorité nationale » a été questionnée, comme le flou autour des fonctionnaires chargés de ce porte-feuille au Quai d’Orsay et à Bercy. Message reçu 5 sur 5 par Rachid Temal, sénateur PS du Val d'Oise : « Il y a deux directions, deux ministères en charge du tourisme aujourd'hui, mais qui n'ont pas de budget. Il faut faire quelque chose. »
La complexité du Code du tourisme et le poids de la responsabilité de plein droit notamment sur les plus petites structures ont aussi été pointés du doigt par les agents de voyages présents. « Un problème qui se passe au bout du monde peut faire couler une agence de voyages en une fois », a lancé Corinne Doulan, fondatrice de l’agence D’où l’Envie de Voyager, basée dans les Yvelines.
A ce titre, Valérie Boned, secrétaire générale des Entreprises du Voyage, a confirmé la poursuite du lobbying auprès des parlementaires pour revenir sur cette responsabilité de plein droit. Un message adressé à Buon Tan, député du groupe La République en Marche, présent dans la salle…
2- L’organisation des services publics : l’État et les territoires doivent se répartir le travail
La répartition des rôles entre l’État et les territoires (régions, départements) a aussi été longuement évoquée. Yves Brossard, gérant de PrimeaHotels Guadeloupe, déplorait « le manque de clarté dans le Code du tourisme à ce sujet ». « L'État n'a pas organisé la répartition des rôles dans le tourisme. Il faut limiter les responsabilités de chacun (État, régions, départements, communes...) et donc réviser le Code du tourisme. »
Les territoires, y compris des Outre-Mer, doivent pouvoir piloter les politiques touristiques au niveau local pour mieux cibler et organiser leur offre… et bénéficier des flux touristiques. Les pros ont aussi suggéré de laisser davantage la gestion des politiques durables aux régions et aux départements.
Emilie Thiry, conseillère Tourisme à la Mairie de Paris, a également évoqué la nécessité de faciliter davantage les partenariats public-privé, notamment au niveau local.
3- L’environnement : une réelle politique volontariste est nécessaire
La question de l’environnement a aussi été abordée. Nicolas Tranchant, vice-président de l’association des Acteurs du Tourisme Durable, a déploré l’absence d’« une réelle politique de développement durable » en France. Une politique qui doit s’orienter vers une meilleure gestion des flux touristiques et une préservation des sites naturels français, pour ce qui est du réceptif. « L’État fait déjà des choses pour protéger nos paysages et gérer de manière durable ce patrimoine », a souligné Camille Guyon, chargée de la communication et des partenariats du Réseau des grands sites de France. « Il faut poursuivre en ce sens, avec l’aide des territoires. »
4- La formation : les pros souhaitent une co-construction des programmes
Une quinzaine d’étudiants étaient aussi présents, certains issus du master (bac+5) de droit du tourisme à La Sorbonne, d'autres de l'École supérieure de tourisme de Paris (EFHT), accompagnés de la responsable de la formation continue et ancienne de TUI France. "La formation est un gros problème actuellement. Quelles sont les compétences dont les pros ont besoin aujourd'hui ? Il faut en discuter", indique Catherine Barraud.
Or, le BTS tourisme reste à l’heure actuelle la principale voie pour accéder aux métiers du tourisme. Un diplôme qui peine toutefois à satisfaire les attentes des employeurs. L’idée d’une réforme en concertation avec des professionnels du secteur a ainsi été évoquée, alors que le diplôme a déjà été réformé en 2012.
5- L'organisation du secteur : la parole et l’offre doivent encore se structurer
Face aux profondes transformations du tourisme, réputé pour être un secteur à faibles marges, les différents acteurs doivent poursuivre sa structuration pour se faire entendre. "Il faut parler d’une seule voix", souffle l’un des participants. "Le tourisme doit parler de lui-même et donner la culture du tourisme aux responsables politiques pour avancer dans le bon sens", souligne Rachid Temal.
Côté produits, l'offre doit se structurer, notamment autour de niches comme le bien-être ou l'oenologie. "On peut apporter de la valeur ajoutée sur ces segments et dégager de la marge", affirme Elie Adjedj, fondateur de Skylap et gagnant du Start-up Game, saison 2 de Tour Hebdo. A bon entendeur !