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E-tourisme

Les plates-formes collaboratives aimantent les services clé en main


Publié le : 29.01.2016 I Dernière Mise à jour : 29.01.2016
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Parmi les services proposés aux propriétaires louant leur logement en CtoC, la remise des clés au locataire par un tiers, qu'il s'agisse d'un particulier ou de la réception d'un hôtel proche. I Crédit photo ©Goodluz/Fotolia.com

Dans le tourisme, l'économie collaborative nécessite des services annexes, notamment pour l'hébergement. Tour d'horizon de ces start-up qui gravitent autour du phénomène Airbnb et consorts.

"L’offre est conséquente pour les voyageurs mais les propriétaires sont démunis pour proposer un quelconque service !" assure Biagio Tumino, cofondateur de Bnbsitter.

Créée il y a deux ans, cette start-up propose aux particuliers louant un logement sur une plate-forme en ligne de bénéficier de services de check-in, de check-out, de ménage ou de nettoyage du linge dès 19,99 €. Et des dizaines de start-up fleurissent pour "compléter l’offre" à destination de ces particuliers.

À chaque start-up sa stratégie

Création d’annonces originales, ajustement des prix, ménage, gestion des clés, visites avec des locaux… Chacun y va de sa stratégie. Bnbsitter dit proposer aux propriétaires "les services essentiels pour gérer son logement".

Ywan Penvern, cofondateur de Guidz, devenu depuis WeGuideYou.Co, service de guides amateurs en ligne, mise, lui, sur la quête d’authenticité des touristes étrangers en visite à Paris : "Nous leur permettons d’entrer en contact avec des locaux qui ont une personnalité attirante et qui sont susceptibles de leur faire découvrir une activité originale à Paris".

Avec At The Corner, lancé en septembre dernier, Pierre-Julien Crovisier (lire "3 questions à" ci-après) a fait un autre pari : réconcilier hôtels et plates-formes d’hébergement en ligne. "Nous proposons aux propriétaires de confier les clés de leur logement à un hôtel situé à proximité, doté d’une réception ouverte 24h/24".

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Ces start-up misent sur le succès croissant de l’économie collaborative. Défini par Ipsos comme "une pratique qui augmente l’usage d’un bien ou d’un service, par le partage, l’échange, le troc, la vente ou la location de celui-ci, avec et entre particuliers", ce phénomène s’amplifie depuis 2010. Selon une étude du cabinet PwC, l’économie collaborative représentait 15 milliards de dollars (soit environ 12 milliards d’euros) en 2014 et atteindra les 335 milliards de dollars (308 milliards d’euros) d’ici à 2025.

Une nouvelle forme d’expérience client

Si ces services naissent de la volonté de tirer profit du succès d’Airbnb, les start-up défendent une nouvelle forme de l’expérience client. Selon Ywan Pervern, il existe "une raison économique" de recourir au collaboratif mais c’est surtout "le plaisir de la rencontre" qui pousse les particuliers à utiliser ces prestations. L’étude Les Français et les pratiques collaboratives publiée fin 2013 par Ipsos montre que cet attrait pour l’économie collaborative et les solutions apportées par les entreprises qui gravitent autour relève à la fois d’un opportunisme économique et d’un engagement plus collectif.

Pour Biagio Tumino, c’est une spécificité française. Il note qu’en Espagne la croissance de Bnbsitter est moins dynamique : "La consommation collaborative existe mais elle n’est pas dématérialisée" contrairement à la France, où l’offre est déjà structurée. Rien qu’en Île-de-France, 60 000 annonces de location ont été déposées sur Airbnb. Et le chiffre d’affaires d’Airbnb France a atteint 3,4 millions d’euros en 2014.

Ces nouvelles formes de consommation incitent les entrepreneurs à se développer dans l’Hexagone et à l’étranger. "Le fait de tout faire online permet de réduire les coûts et de se développer rapidement", analyse Ywan Penvern.

Jusqu’à 500 € de revenus par semaine

Les possibilités de services sont multiples : activités culinaires (VizEat pour choisir l’hôte chez qui manger), culturelles et festives (Vayable et WeGuideYou.Co pour découvrir une ville avec des locaux), sportives (Spinlister pour louer un vélo, une planche de surf ou un snowboard). Certaines start-up proposent plusieurs prestations, de la réservation au ménage en passant par la gestion des clés (Bnbsitter). D’autres se concentrent sur un seul type de service. Keycafe, basé à Vancouver, gère ainsi l’échange des clés via les commerces de proximité, tandis que Smart-Host, start-up tunisienne lancée en 2012, propose aux plates-formes de location d’hébergement d’"identifier leurs concurrents"

Les "sitters" de Bnbsitter, de l’étudiant à l’hôtesse de l’air en passant par l’autoentrepreneur, peuvent gagner jusqu’à 500 € par semaine "selon leurs disponibilités". Le modèle économique est assez simple : une commission est comprise dans le prix du service pour frais de "mise en relation des particuliers". Sur une prestation facturée 19,99 €, Bnbsitter prélève une commission de 30 % (6 €), le reste étant reversé au particulier qui assure le service. D’autres pratiquent un abonnement à l’année, comme Xotelia, start-up lyonnaise créée en 2011, qui propose aux propriétaires une interface pour gérer les réservations de locations saisonnières et de courte durée.

Mais les partenariats avec les plates-formes de locations d’hébergement entre particuliers aboutissent rarement à court terme. Ywan Penvern, qui a lancé Guidz en juillet dernier, site qui a pris ensuite le nom de WeGuideYou.Co, explique qu’il faut d’abord développer l’offre. "Depuis le départ, on a l’ambition de nouer des partenariats avec ces plates-formes. On souhaite conclure un accord avec GuestToGuest [plate-forme d’échange de logements, ndlr] fin 2016." Ce sont en effet les start-up dont l’offre est la plus aboutie qui concluent des partenariats, comme Bnbsitter, actuellement en discussions avec Sejourning et MorningCroissant.

 

À San Francisco, Airbnb teste des packages comprenant l’hébergement, des activités culturelles et des excursions.


 

Les poids lourds lorgnent les jeunes pousses

Signe que les plates-formes de location et d’échange d’hébergements s’intéressent à cette tendance, les poids lourds du secteur approchent directement ces entreprises. Nicolas Ferrary, directeur France d’Airbnb, souligne que "l’objectif est de proposer des services pour que les hôtes se focalisent sur leurs échanges avec les voyageurs". Airbnb recourt ainsi à Xotelia depuis 2013, la start-up comptant aussi Wimdu et MorningCroissant parmi ses partenaires. Airbnb a également intégré dans son outil "assistance hôte" "une gamme d’applications […] proposées par des entreprises partenaires" pour sécuriser les logements grâce à des serrures électroniques (RemoteLock).

En dépit de ces partenariats, il s’avère que les plus grosses plates-formes développent elles-mêmes certains services. À San Francisco, Airbnb teste des packages comprenant l’hébergement, des activités culturelles et des excursions. Son concurrent, MorningCroissant, positionné sur le voyage d’affaires, "dispose de services de gestion des clés et du ménage". "Ils sont conçus en interne en collaboration avec nos agences immobilières partenaires", explique Alix Tafflé, le Pdg.

Après l’hébergement, le transport ?

Le développement rapide de ces services autour des plates-formes de location ou d’échange d’hébergements laisse présager que le covoiturage, le coavionnage ou la location et l’échange de bateaux entre particuliers pourraient en bénéficier. Le covoiturage connaît un succès grandissant depuis le début des années 2000, à tel point que des groupes comme la SNCF investissent dans les jeunes pousses du secteur (123envoiture.com, concurrent de BlaBlaCar). Uber a même mis en place Uber Eats pour la livraison de repas.

Quant aux plates-formes de location de bateaux ou d’avions entre particuliers, elles se multiplient (Wingly, Click&Boat). Certains groupes s’intéressent déjà à ces start-up, à la manière d’Air France. La compagnie a en effet conclu un partenariat avec la plate-forme de location d’avions privés Wijet. Le marché des services annexes du collaboratif a de beaux jours devant lui.

Les Français, adeptes du collaboratif

L’Observatoire de la confiance du groupe La Poste et TNS (2013), le Crédoc (2014) et la DGE (2015) ont publié des études sur la consommation collaborative en France. D’après ces dernières, cette évolution dans la manière de consommer s’accentue depuis 2010, favorisée par un accès facilité à la technologie. En 2014, pas moins de 82 % des Français de plus de 12 ans disposaient d’une connexion Internet à domicile et 89 % étaient équipés d’un téléphone portable. 67 % des Français disent consommer collaboratif pour l’avantage économique qu’ils en retirent, 47 % pour "créer du lien social", 30 % pour protéger l’environnement. Les familles avec enfants, les CSP+ (achat, vente et location de biens d’occasion) et les moins de 25 ans (partage, prêt et troc de biens) sont les principaux acteurs de cette économie. Le covoiturage et l’hébergement arrivent en tête. 42 % des Français ont "covoituré" en 2014, principalement les diplômés de moins de 25 ans. 10 % des Français ont déjà loué un logement appartenant à un particulier, contre 3 % ayant déjà loué leur habitation à un particulier.

Manon Gayet

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