Après des années de négociations douloureuses entre l'Union européenne et le Royaume-Uni, l'accord sur le Brexit vient d'être rejeté par le parlement britannique. Un désaveu pour la Première ministre Theresa May qui pourrait mener à un "hard Brexit". Avec de graves conséquences sur les transports. Explications.
Article mis à jour le 17 janvier 2019 à 14h
Tic tac, tic tac... L'échéance du 29 mars 2019, date programmée du Brexit, arrive à grands pas. Mais la Première ministre britannique vient d'enregistrer une énorme défaite politique avec le rejet massif des parlementaires du Royaume-Uni de son accord négocié avec Bruxelles sur le Brexit. Theresa May a jusqu'à lundi pour trouver une solution car le temps tourne et "le risque d'un Brexit sans accord s'est accru", affirme le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.
Un tel cas de figure serait préjudiciable au secteur des transports dans son ensemble. Et les compagnies aériennes, ferroviaires et maritimes n'ont ainsi pas été rassurées par ce nouveau camouflet outre-Manche, alors qu'elles brandissent depuis des mois la menace d'un "chaos" post-Brexit en l'absence d'accord. Les inquiétudes persistent en dépit du lancement prochain d'un "plan contre le hard Brexit" par le gouvernement français, annoncé ce matin par le Premier ministre Edouard Philippe.
"Il est beaucoup trop risqué de croire que "tout ira bien du jour au lendemain"
En septembre dernier, le directeur général de l'IATA (Association internationale du transport aérien), Alexandre de Juniac, soulevait la question de l'avenir des liaisons aériennes entre l'Union européenne et la Grande-Bretagne en cas d'échec des négociations du Brexit.
"Bien que nous espérons toujours un accord global entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, il est beaucoup trop risqué de croire que "tout ira bien du jour au lendemain", a déclaré l’ancien patron d’Air France-KLM dans un communiqué. "Il ne s’agit pas seulement d’autoriser les vols à décoller et à atterrir", a-t-il précisé, ajoutant que "tout, des licences de pilotes aux dispositions en matière de sécurité, doit faire l’objet d’un accord." L’IATA regroupe 290 compagnies aériennes.
La situation est aussi tendue sur les rails. Dans les derniers documents d’urgence publiés par le gouvernement britannique, il apparaît que les services ferroviaires pourraient être suspendus sans accords spécifiques entre le Royaume-Uni, la France et la Belgique. Les opérateurs ferroviaires qui ne détiennent qu’une licence britannique à ce jour, à l’image de la compagnie Eurostar, devront en effet demander de nouvelles autorisations de circulations auprès d’un régulateur ferroviaire de l’UE.
L'activité d'Eurostar suspendue en mars ?
Des propos qui font écho à ceux de la ministre française chargée des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, en septembre dernier. A la question "En cas de non accord sur le Brexit, les avions pourraient-ils ne plus décoller et les Eurostar, circuler ?", elle avait répondu : "C'est ce qui arriverait en cas de non accord et c'est pour ça qu'il faut se préparer."
Guillaume Pépy, patron de la SNCF, actionnaire d’Eurostar, se voulait pourtant bien plus optimiste le mois dernier : "Eurostar (...) fait maintenant partie de notre histoire et de notre vie quotidienne. Je ne peux donc même pas imaginer que le Brexit pourrait avoir un quelconque impact sur les opérations d'Eurostar." En cas d’accord, une période de transition s’amorcerait jusqu’en 2020. Pour le reste, un arrêt brutal de certaines activités est à craindre... à commencer dans les gares et les aéroports.
Le Brexit a déjà fait ses premiers dégâts dans le tourisme. D'avril à juin 2018, le nombre de visiteurs étrangers, touristes et hommes d'affaires, a chuté de 7,7 % en Grande-Bretagne, soit la baisse la plus importante depuis près de dix ans. La balle est dans le camp britannique.