Le Mexique, les îles de Guadeloupe et la Martinique déploient des solutions pour se débarrasser des algues nauséabondes s’échouant sur leurs plages.
Le réchauffement climatique fait grimper le thermomètre. Il favorise aussi depuis 2011, et encore plus depuis 2015, la prolifération des sargasses, ces algues brunes marines qui s’échouent à la faveur des courants marins sur les plages de l’archipel des petites Antilles et dans tout le bassin caribéen, de la Guyane jusqu’au Yucatan.
Les sargasses ne sont pas toxiques. Mais des dégagements importants de gaz (sulfure d’hydrogène et d’ammoniac) se créent lors de leur putréfaction, provoquant nuisances olfactives (type poisson pourri) et troubles sanitaires (maux de tête, nausées et vomissements) en cas de forte concentration.
Des arrivées massives
Le phénomène a explosé au Mexique en 2018 avec l’arrivée de 24 millions de m3, l’équivalent de 3 000 terrains de football recouverts par un mètre de sargasses. Les plages de la Riviera Maya — Cancun, Playa del Carmen, Tulum — ont été particulièrement touchées. La semaine dernière l’île de Saint-Martin, jusque-là relativement épargnée, a subi une arrivée massive. La Guadeloupe comme la Martinique (principalement sur la côte atlantique) sont confrontées aussi à ce fléau désormais régulièrement.
Un sommet international se tiendra d'ici la fin de l'année en Guadeloupe pour initier une coopération entre les pays de la zone Caraïbe dans la lutte contre les sargasses, a annoncé en février dernier le gouvernement français qui n’a pas souhaité qualifier le problème en « catastrophe naturelle ». En 2018, une enveloppe de 5 M€ sur deux ans a été dégagée pour financer le ramassage des sargasses.
Du matériel spécial
Sur place, les destinations s’organisent. A Saint-Martin, « face à l'ampleur du phénomène d'échouage (…) », un plan d'action a été mis en place avec la collectivité de l’île et une subvention de 370 750 euros allouée pour l'acquisition de matériel lourd pour le ramassage des algues, a indiqué la préfecture dans un communiqué le 19 juin dernier.
De son côté, le Mexique vient d’annoncer qu’il va investir environ 2,7 millions de dollars pour lutter contre les sargasses, en construisant notamment des navires spéciaux. Les « Sargaceras » permettront d’aspirer les algues et dans certains cas de les conditionner. Le premier bateau sera prêt « d'ici quelques mois », a précisé le gouvernement mexicain, indiquant qu'il en faudra une douzaine pour combattre ce fléau.
Une surveillance rapprochée
En Martinique et en Guadeloupe, où sont respectivement mobilisés en permanence 12 et 14 engins de ramassage et où des barrages flottants ont été disposés, les communes touchées font en sorte d’évacuer les algues dans un délai de 48 heures. Elles sont aidées par un dispositif de surveillance mis en place par Météo-France publiant des bulletins hebdomadaires d’alerte. Ainsi celui du 24 juin pour la Guadeloupe prévenait d’un risque d’échouage « fort » mentionnant que « les côtes est, sud et ouest sont fortement exposées au risque sargasses, ainsi que la Désirade et Marie-Galante ».
« Désormais on prévient, on s’organise et on réagit très vite », se félicite Willy Rosier, directeur général du Comité du Tourisme des Iles de Guadeloupe. « Les touristes ne sont donc pas du tout incommodés par les sargasses », assure-t-il précisant que d’ici la prochaine haute saison trois « Sargator », bateaux-barge collecteurs d’algues au large, financés par la région, seront opérationnels. Ce nouveau type de navire ramasseur de sargasses est également en phase de déploiement en Martinique.