La Chine se montre toujours plus offensive sur le plan touristique. Voici les quatre grands axes stratégiques du pays pour ravir à la France son titre de première destination touristique mondiale d'ici 2030.
Hasard du calendrier, alors que le président français Emmanuel Macron inaugurait le Centre Pompidou de Shanghai, la Chine a affiché ses ambitions touristiques au salon WTM de Londres. Selon une étude publiée par la société d'études britannique Euromonitor International, l'Empire du Milieu devrait dépasser la France (qui n'atteindra pas son objectif de 100 millions de visiteurs étrangers en 2020) d'ici à dix ans et ainsi devenir la première destination touristique mondiale.
La Chine devrait alors totaliser un peu plus de 127 millions d'arrivées touristiques, contre moins de 126 millions pour la France et 116 millions pour les États-Unis. Le pays, dont lle groupe Fosun vient de racheter la marque Thomas Cook, profitera naturellement de l'essor soutenu du tourisme dans la zone Asie-Pacifique, en croissance de 10% cette année. Mais le pays ne compte pas s'en tenir là et se montre particulièrement offensif.
1/ Miser sur la force des réseaux sociaux
Premier axe de la conquête chinoise : l'office du tourisme a décidé de partir en campagne sur les réseaux sociaux pour renforcer la visibilité du pays et montrer aux touristes étrangers la diversité et le potentiel de la Chine en tant que destination touristique. Nom de code de l'opération : "China Creators' Pod". Le premier volet de cette campagne est lancé au Royaume-Uni, avec un programme d'éductours réservés aux blogueurs étrangers, aux influenceurs et aux journalistes touristiques. L'idée est notamment de faire émerger des destinations peu connues des touristes européens — loin des images de violences des derniers jours à Hong Kong.
2/ Continuer d'assouplir les conditions d'entrée
La Chine entend également poursuivre l'assouplissement de ses conditions d'entrée, via son programme "144-Hour Visa-Exemption Transit Policy" qui permet aux étrangers de séjourner dans le pays sans visa jusqu'à 6 jours, à condition de poursuivre ensuite vers un pays tiers. Le programme ouvre l'accès à 6 provinces et 24 villes, dont Pékin, Shanghai et Shenzhen. A partir du 1er décembre, 3 villes supplémentaires seront ajoutées : Chongqing, Ningbo et Xi'an, fief de la célèbre armée de terre cuite classée au patrimoine mondial de l'Unesco. Ce stop-over sans visa est gratuit et accessible aux ressortissants de 53 pays, dont la France, sur simple présentation du billet d'avion suivant. Selon l'agence de presse chinoise Xinhua, 100 000 visiteurs ont profité de cette exemption de visa l'an dernier.
3/ Organiser de grands événements
Le pays pourra aussi compter sur l'organisation de grands événements sportifs, à commencer par la première Coupe du monde des clubs de football en 2021, les Jeux olympiques d'hiver à Pékin en 2022 puis la coupe d'Asie de football en 2023. En 2025, place à la 12ème édition des Jeux Mondiaux à Chengdu, qui rassemblera 4 000 athlètes dans 37 disciplines non olympiques.
4/ Mettre la diplomatie politique au service du tourisme
La Chine entend enfin faire sa promotion au plus haut niveau, dans le cadre d'échanges bilatéraux entre États. Dernier exemple en date lundi : le Président chinois Xi a rencontré le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis à Athènes afin de renforcer les relations entre les deux pays. Et le tourisme a été évoqué comme l'un des quatre axes prioritaires. La Chine et la Grèce ont ainsi convenu d'organiser une année d'échanges culturels en 2021, dans la lignée de l'année de la Chine en France en 2003.