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Arnaud Bennet, président du SNELAC

Arnaud Bennet, président du SNELAC

Entretien | publié le : 01.10.2019 | Dernière Mise à jour : 11.10.2019

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  • Éric Grandsagne

« Le parc est ancré dans le loisir familial » - Pdg du PAL, dans l’Allier, parc d’attractions et parc animalier à la fois, qu’il dirige depuis 30 ans et qu’il a su métamorphoser pour en faire un des poids lourds dans sa catégorie, Arnaud Bennet est également le président du Syndicat national des espaces de loisirs, d’attractions et culturels depuis 2003. Si sa longévité à la tête du Snelac est remarquable, lui-même vient de décider d’y mettre un terme, assurant qu’il assume son tout dernier mandat. À la fin 2020 le syndicat devra se choisir un nouveau président. En attendant, Arnaud Bennet, 61 ans, nous livre un premier entretien « bilan ».

Quel a donc été le déclencheur il y a 16 ans, en 2003, pour se lancer dans cette aventure du Snelac et en devenir le président?

> Avant tout l’envie de se mettre au service du collectif. À l’époque, on voyait bien qu’il y avait un besoin, celui de défendre les intérêts de la profession auprès des pouvoirs publics. Pour cela, il fallait s’organiser. Et puis, au niveau de la profession, on avait la chance d’avoir des petits parcs, des parcs moyens et de très gros parcs. Ceux-ci avaient plus de savoir-faire et plus de compétences sur certains sujets mais pas sur tous puisqu’avant l’arrivée de Disneyland Paris et du Parc Astérix, les parcs existaient déjà. On peut même dire que globalement, en termes de gestion et de rentabilité, les petits parcs n’avaient rien à envier aux plus grands qui ont tous connu des difficultés importantes, dans les premières années notamment, mais pas que. En revanche, ces grands parcs avaient des compétences réelles, sur le plan social, technique, fiscal et marketing. Ils pouvaient donc contribuer à professionnaliser notre secteur sur ces sujets précis. Pour dire vrai, Le Snelac existait depuis longtemps, il s’appelait alors France Parcs, une entité créée dans les années quatre-vingt. Avant de devenir président du Snelac, j’étais administrateur de France Parcs qui ne regroupait que les parcs d’attractions. Ensuite, on a créé les conventions collectives et le Snelac, en regroupant tous les parcs de loisirs au sein d’une même branche. L’idée, c’était bien de défendre les intérêts, de professionnaliser en développant des compétences et un échange de bonnes pratiques, par la formation, etc. Il y avait beaucoup à faire.

En 16 ans, le secteur d’activité a forcément beaucoup évolué. Quel regard portez-vous sur cette période?

> Je dirais que l’évolution du secteur a quand même été extrêmement forte. De gros opérateurs sont venus investir sur ce marché, et ils l’ont largement médiatisé. Par exemple, si l’on prend l’arrivée de Disneyland Paris, ça a été un énorme coup de projecteur sur le secteur. Ce qui a fait exploser ce marché en créant l’envie. Cela a donné l’idée aux visiteurs de se rendre, non pas seulement dans les gros parcs, mais également dans des parcs qui étaient près de chez eux. Le marché s’est donc beaucoup développé. Aujourd’hui, c’est plus de 60 millions de visites par an. Le secteur a explosé grâce à ces gros parcs qui sont arrivés avec un effet médiatique très important et qui ont donné une très belle image de notre activité. Cela a permis aux gens de découvrir ou de redécouvrir les parcs dans leur région. Et puis, il y a eu une généralisation des investissements dans l’ensemble des parcs, parce que les standards de qualité et l’exigence des visiteurs qui fréquentaient Disneyland Paris ou d’autres gros parcs, a évidemment tiré l’ensemble vers le haut. Tous les parcs se sont mis à investir davantage, avec un effet connexe, en tout cas simultané, d’augmentation de la fréquentation liée à l’augmentation des investissements. Tout cela a créé une dynamique. Aujourd’hui, cela a permis de placer les parcs de loisirs au centre des loisirs familiaux. Pour beaucoup, maintenant, la sortie dans un parc est devenue quasiment incontournable. Les gens ont besoin de plus en plus de cette rupture par rapport à leur quotidien. Dans un environnement qui est parfois assez anxiogène, les parcs de loisirs constituent une expérience immersive, une expérience de partage d’émotions et de sensations en famille. C’est quelque chose de profondément ancré dans le loisir familial.

Au-delà de cette évolution, quels sont aujourd’hui les enjeux du secteur?

> Les enjeux qui perdurent pour les parcs d’attractions, c’est de toujours surprendre et de divertir, en proposant des nouveautés chaque année. Les parcs d’attractions sont l’un des seuls endroits où toute la famille, toutes générations confondues, peut profiter des activités et partager les mêmes émotions, les mêmes sensations. C’est finalement une situation assez rare et donc génératrice d’une véritable cohésion sociale.

> Pour ce qui est typiquement des parcs animaliers, je pense que l’enjeu c’est de pouvoir toujours mieux convaincre les visiteurs de leur utilité. On observe naturellement cette tendance, pour certains, de se retrouver dans des associations un peu radicales et qui sont anti-zoos, considérant que les animaux n’ont rien à faire en captivité. Pourtant, nous expliquons tout d’abord aux visiteurs que le bien-être des animaux est notre priorité, que tous ces animaux sont nés en captivité depuis des générations, et que montrer ces animaux est un moyen de sensibiliser les familles sur la nécessité de conserver la biodiversité, c’est vrai en Afrique, c’est vrai en Asie, mais c’est aussi vrai près de chez nous. Les animaux sont très utiles dans le sens où ils nous permettent de tenir ce discours de sensibilisation. Il faut qu’on continue à convaincre nos visiteurs que sur de nombreuses espèces, le patrimoine génétique est essentiel puisque certaines ont disparu et n’existent plus désormais qu’en parc zoologique. Bien entendu, ce n’est pas le cas de toutes les espèces, mais développer ce patrimoine génétique en parc zoologique est important pour le conserver, et dans certains cas pour le réintroduire. Je prends l’exemple du Zooparc de Beauval qui a réintroduit deux jeunes gorilles au Rwanda. Les réintroductions sont un élément essentiel de notre philosophie, même s’il n’y en a pas encore assez. Mais on ne peut pas non plus réintroduire des animaux dans des environnements qui sont défavorables et qui ont justement contribué à la disparition de ces espèces.

> Justifier l’utilité des parcs zoologiques pour la conservation de la biodiversité, cela passe par ces animaux en captivité qui permettent de financer des programmes à l’étranger dans le but de sauver des animaux. Je prends juste un exemple concernant le PAL. Via notre fondation, nous finançons un programme au Zimbabwe, plus précisément encore dans le parc de Hwange, un parc national qui est complètement ouvert, mais qui n’est pas structuré. Il souffre notamment de sécheresses très fortes sur ces 15 000 km2. Nous finançons intégralement l’installation et le remplacement de vieilles pompes diesel qui alimentent tout un système de mares qui parsèment le parc et qui permettent, en période de sécheresse extrême, de sauver des milliers d’animaux. On sait que sans ces mares, si elles étaient à sec, des milliers d’animaux pourraient mourir. Les anciennes pompes sont remplacées par des pompes modernes, solaires et diesel, qui alimentent ces mares de manière permanente aujourd’hui une surface de 3 500 km2. Ceci n’est qu’un exemple du PAL, il y en a plein d’autres que l’on pourrait citer dans d’autres parcs. Donc, au-delà même de la sensibilisation que nous effectuons sur la nécessaire conservation des biodiversités, nous pouvons agir directement, y compris sur des espèces qui se reproduisent en captivité et qu’on pourrait un jour réintroduire.

Pour en revenir à ces questions plus pragmatiques, quel est le potentiel de développement des parcs de loisirs désormais?

> Pour ma part, je pense que le marché est mature, pourtant il est toujours en croissance, au gré des investissements, au gré de la météo aussi. Nous sommes très « météo dépendants » dans nos parcs… Les investissements permettent de soutenir la croissance de ce marché, mais à des niveaux qui n’ont plus rien à voir avec ce qu’ils étaient il y a dix ans. Nous étions auparavant sur des croissances à deux chiffres, alors qu’aujourd’hui le marché croît de l’ordre de 3 à 4 ou 5 % par an, ce qui est déjà très bien sachant que c’est un marché qui a traversé toutes les crises économiques, sans jamais être vraiment impacté.

Pouvez-vous nous dire deux mots sur votre trajectoire personnelle? Depuis 2003, vous avez été systématiquement réélu tous les deux ans à la tête du Snelac…

> J’ai effectué un parcours d’études supérieures dans une école de commerce, qui m’a conduit dans une grande entreprise, notamment dans les fonctions marketing. Le destin a voulu que je prenne une année sabbatique pour m’occuper du PAL, créé en 1973 par mon beau-père. Cette année sabbatique n’a jamais pris fin. Depuis 1990, j’ai œuvré pour faire monter le parc en taille et en qualité, tout en restant à la frontière entre les très gros et les plus petits. Dès lors, mon parcours et la caractéristique du PAL permettaient, je pense, d’être représentatif de l’ensemble de la profession. Je pouvais m’exprimer pour les parcs régionaux et en même temps être reconnu par les parcs plus importants. Ça s’est fait comme ça, et j’ai été réélu plusieurs fois. Reste que le Snelac ce n’est pas un homme, c’est surtout des équipes, des permanents qui font la plus grosse partie du travail. Il y a aussi des administrateurs qui sont issus de la diversité du secteur. Le Snelac est d’ailleurs aujourd’hui le premier syndicat européen en termes de représentativité au niveau des parcs.

> Pour ce qui me concerne, je l’ai annoncé, c’est mon dernier mandat. J’arrête parce que je souhaite du sang neuf, pour pouvoir injecter de nouvelles idées et insuffler de l’énergie. Dans un premier temps, je resterai administrateur, même s’il n’y a aucune obligation à cela. Comme dans tout organisme, c’est plutôt sain de provoquer le renouvellement, même s’il faut garder des équilibres entre les différents types de parcs et leurs multiples dimensions.

Zoom sur le Snelac

Les entreprises inscrites au Syndicat national des espaces de loisirs, d’attractions et culturels représentent une part importante du secteur global du tourisme en France. À côté des grands parcs que sont Disneyland Paris, le Futuroscope, le Grand Parc du Puy du Fou ou encore le Parc Astérix, la branche est très majoritairement constituée de TPE familiales réparties sur l’ensemble du territoire français.

3 milliards d’euros de chiffres d’affaires;

25 % environ du chiffre d’affaires des sites de loisirs et culturels est réinvesti dans des nouveautés pour préserver leur attractivité, soit entre 300 et 400 millions d’euros annuels;

30 000 salariés;

2 600 entreprises pour la branche globale, dont 93 % emploient moins de 10 salariés;

32 % de parcs d’attractions;

28 % de sites culturels et naturels;

20 % de parcs animaliers;

17 % de parcs à thème;

3 % de parcs aquatiques;

63 millions de visiteurs par an;

85 % des visiteurs viennent en famille ou entre amis;

60 % sont des re-visiteurs (jusqu’à 75 % pour les parcs d’attractions);

23 % seulement des Français se rendent dans un site de loisirs et culturel depuis leur lieu de vacances, la grande majorité des visiteurs habitent donc la région d’implantation du parc;

82 % des visites d’au moins deux jours ont nécessité plus de deux heures de trajet. En développant les solutions hôtelières et en devenant des lieux de résidence, les sites de loisirs et culturels se transforment en vraie destination.

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