Cinquante ans après les JO de Grenoble, considérés comme les jeux de la modernité, l’Isère surfe sur sa capacité d’innovation et mène une réflexion de fond sur les nouveaux usages de la montagne à l’horizon 2030.
«Il faut que l’Isère de par ses talents et ses richesses devienne le laboratoire de la station du futur» lance Chantal Carlioz, présidente d’Isère Tourisme et vice-présidente du Département en charge du tourisme, de la montagne et des stations. Elle l’a d’ailleurs clairement annoncé à la presse le 18 avril à Grenoble sur Mountain Planet.
Accueillant plus de 18 000 visiteurs professionnels venus de plus de 60 pays, ce salon international de l’aménagement en montagne était le lieu idéal pour présenter la démarche engagée par l’Isère depuis septembre 2017 avec 75 experts et professionnels du tourisme. Objectif : anticiper et imaginer ce que ce sera la station de demain. «Avec ses 23 stations et sa trentaine de sites nordiques, l’Isère dispose de cartes maîtresses : une offre diversifiée avec des sites situés entre 1 000 et 4 000 mètres d’altitude, de grands talents industriels comme Poma ou Rossignol et des champions et des hommes engagés» souligne l’élue. Certains ont d’ailleurs planché sur cette projection vers 2030. «En laissant parler leur imagination librement» souligne Jean-Christophe Hoff, coach de dirigeants sollicité pour animer ces ateliers de co-construction.
Une montagne plaisir et câblée
Neuf thématiques et 130 propositions ont émergé de ces ateliers. Illustration ? Demain, le vacancier pourrait se balader en drone surfing ou vivre l’expérience unique d’une nuitée dans un téléphérique transformé en hôtel éphémère... Chaque expert métier a ainsi, au regard de son expérience, imaginé l’évolution de son activité à l’horizon 2030. Et la synthèse de tous ces travaux a permis d’esquisser cinq scénarios de station : la «pleine énergie» (écrin thérapeutique où l’on prend du temps pour soi, pour se reposer, se régénérer), la «douce» (en totale reconnexion avec la nature dans des espaces naturels préservés), la «loisirs» (100 % plaisir, pour partager du temps et des activités avec sa famille, ses amis et repartir la tête pleine d’éclat de rire), «l’hyper sport» (pour la pratique sportive intense et le dépassement de ses limites) et la «high tech» (orientée vers l’innovation technologique, hyper connectée).
Six stations pilotes
«L’Isère devient un immense laboratoire à ciel ouvert sur ses quatre massifs, avec six stations pilotes qui vont mettre en action ces scenarii» indique Chantal Carlioz, en dévoilant leur nom : Villard-de-Lans et Autrans-Méaudre serviront de modèle «pleine énergie», Cœur de Chartreuse jouera la «Douce», l’Alpe d’Huez la «loisirs», Les 2-Alpes «l’hyper sport» et Chamrousse la «high tech». Cette dernière porte d’ailleurs un ambitieux projet de reconstruction en smart station reliée à Grenoble par câble. «Mon rêve est de faire de Grenoble une Innsbruck. On aurait un produit unique en France et Grenoble serait une station» avance Franck Lecoutre, directeur de l’OT de Chamrousse. Le Département se chargera d’animer voire de cofinancer ces développements dans le cadre de ses Contrats de Performance Alpes Isère (2 M€ votés pour la montagne) avec l’appui des élus locaux et des entreprises partenaires.
Le tourisme en Isère
- 2 Md€ de chiffre d’affaires
- 20,5 millions de nuitées
- 60 % de nuitées en montagne
- 46 % de nuitées en hiver
- 77 % de clientèle étrangère
- 21 700 emplois directs
- 165 M€ d’investissements annuels
sources : Observatoire d’Isère Tourisme, édition 2017