Après deux ans de fermeture pour travaux, le donjon du Château de La Roche-Guyon (Val-d'Oise) rouvre pour pouvoir jouir de nouveau de la vue exceptionnelle sur la vallée de la Seine, non sans avoir au préalable gravi les 273 marches de l'escalier creusé dans la falaise de craie.
À moins d'une heure de Paris, dans l'unique « Plus beaux villages de France » d'Île-de-France implanté dans le Parc naturel régional du Vexin français et sur un site Natura 2000, le Château de La Roche-Guyon (ouvert au public depuis 1994) mêle tout à la fois l'émotion, l'histoire, la culture et la nature.
Un chantier technique
En juillet 2018, des analyses et diagnostics ont révélé des faiblesses dues à des infiltrations sous la dalle de béton qui avaient affecté son soutènement en bois. Pour des raisons de sécurité évidentes, l'Établissement public de coopération culturelle du Château de La Roche-Guyon – qui veille depuis 2003 à la sauvegarde et à l'animation du domaine - a donc pris la décision de fermer l'accès au donjon. Sa restauration a été confiée à l'entreprise Lefèvre sur appel d’offre « Même s'il est petit, ce chantier est technique et a demandé beaucoup de réflexion et précision. »
Le donjon
Enraciné dans la falaise crayeuse, le donjon du château de La Roche-Guyon témoigne de l'importance du site au cours de la période médiévale et de la puissance des seigneurs. En 1190, il est bâti à la demande du roi Philippe Auguste afin de contrôler la zone frontalière sur l'Epte, séparant le royaume de France du duché anglo-normand. La forteresse massive et passive du plateau est constituée d'une tour maîtresse cylindrique de 12,20 m de diamètre et 35 m de hauteur, défendue au nord par un éperon et étroitement entourée par deux murs d'enceinte ou "chemises". La vue d'ensemble forme une « amande ».
Il est relié au château troglodyte de la vallée par un escalier creusé dans la roche. Tombé en désuétude au cours du XVIIe siècle, le donjon reprend vie lors du grand projet d'aménagement du Jardin anglais commandité par la duchesse d'Enville et sa famille. Autrefois lieu défensif, la tour maîtresse est réhabilitée en belvédère indispensable à la promenade du cercle d'amis de la famille de La Rochefoucauld. De toute sa hauteur, les visiteurs pouvaient admirer l'étendue des terres du duché. En 1778, la famille de Rohan-Chabot commande probablement le percement d'un portail néo-grec à l'extrémité nord de l'enceinte extérieure, transformant définitivement le donjon en fabrique. En 1793, la tour n'est pas épargnée par la Révolution française. Emprisonnée, la duchesse d'Enville fut contrainte d'ordonner la démolition de ce symbole fort de l'Ancien Régime. Las de ces travaux de grande ampleur, les ouvriers arrêtèrent rapidement le chantier, laissant la tour en l'état.