Menu
S'identifier

Ouzbékistan, au carrefour de la Route de la soie

Bus & Car - Tourisme de Groupe | Destinations | publié le : 28.03.2019 | Dernière Mise à jour : 28.03.2019

Crédit photo

Auteur

  • Bruno Courtin

Longtemps sous l’emprise soviétique, cette république d’Asie centrale s’ouvre progressivement à l’Occident et dévoile des richesses connues mais peu exploitées jusqu’à ce jour. Les noms de Boukhara et Samarcande évoquent Marco Polo et la route de la Soie, et sont désormais beaucoup plus accessibles.

La motivation qui conduit le voyageur est d’abord très culturelle avec l’envie d’enchaîner les visites de véritables splendeurs architecturales. Mais très vite, le besoin de s’aérer la tête conduit à rencontrer les Ouzbèkes eux-mêmes, dans leur vie quotidienne, sur les marchés, dans le métro, dans leurs boutiques artisanales, C’est sans doute la plus grande surprise que recèle ce périple hors du temps.

Coincé entre une multitude d’autres républiques en « stan », l’Ouzbékistan ne s’est pas totalement libérée du joug soviétique après son indépendance en 1991. Son 1er président, Islam Karimov à la main de fer, est resté à la tête du pays pendant 25 ans. Ce n’est que tardivement, après les avoir longtemps négligés, que son gouvernement a pris conscience de la richesse du patrimoine légué par les bâtisseurs de l’empire de Tamerlan. L’Âge d’or du pays remonte sans doute au XIIIe et XIVe siècle, après le passage de Gengis Khan, avec le règne de Tamerlan et le formidable travail de son petit-fils Oulough Beg. La restauration des dizaines de mosquées et de medersas, écoles coraniques, majestueuses a pris des dizaines d’années après leur inscription par l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité. Le travail n’est toujours pas achevé, mais le résultat est déjà spectaculaire.

Si, pour leur arrivée, les voyageurs passent le plus souvent par la capitale administrative, Tachkent, ils s’en éloignent assez rapidement pour consacrer plus de temps au cœur de la route de la Soie, à parcourir ce triangle spirituel et mythique qui relie Khiva la Mystérieuse, Boukhara la Sainte et Samarcande la Grande.

Un tour sur les marchés
Capitale de l’Ouzbékistan, Tachkent est aussi une ancienne cité pieuse, une ancienne oasis qui servait de halte aux caravanes au sein des caravansérails. Mais le tremblement de terre de 1966 ayant détruit une grande partie de la ville, il reste peu de choses de ce passé religieux et commerçant hormis quelques medersas et quelques édifices historiques. C’est aujourd’hui une ville étonnement moderne, qui a pourtant conservé quelques sites valant de s’y attarder un peu plus que pour une escale technique. Sans rivaliser avec les ensembles religieux des « villes saintes » ouzbèques, le complexe de Khasti Imam, situé dans la vieille ville et restauré en 2007, est une première approche sacrée qui prépare à l’émerveillement qui va suivre.

Un autre lieu permet de plonger dans la vie ouzbèque dans ce qu’elle a de plus colorée et de plus odorante. Le marché Tchorsu, signifiant “quatre chemins”, est le plus grand bazar de Tachkent. C’est un joyeux bazar, au sens premier du terme, véritable parcelle de vie de toute une culture, mêlant l’utilité et les traditions. Les étals de marchandises mélangent souvenirs, fruits et légumes, viandes et poissons et miels de toutes sortes et épices pour tout cuisiner. Pour s’y rendre, il est recommandé de prendre le métro, qui a peu de choses à envier à celui de Moscou, pour sa décoration et sa glorification majestueuses des forces populaires.

Plus de 100 sites classés

Mais il est temps de relier la première étape du Triangle, Boukhara, à 600 km à l’Est de la capitale. Les vols intérieurs d’Uzbekistan Airways s’y prêtent bien. L’arrivé en fin d’après-midi laisse le temps de s’installer à l’hôtel et de humer, le soir venu, l’atmosphère particulière de la vieille ville piétonnière et du quartier juif. Il faudra prendre des forces pour « affronter » les visites d’une « petite » sélection de bâtiments exceptionnels. Il faut savoir que plus d’une centaine d’édifices de Boukhara sont classés au patrimoine mondial de l’Unesco. Ancienne capitale perse, elle est particulièrement riche en culture, notamment à travers les nombreuses medersas érigées par les princes perses. On y trouve aussi les vestiges de somptueux palaces qui ont conservé de belles façades, richement décorées de mosaïques typiques de l’Asie centrale.

Parmi les étapes incontournables de la « ville sainte », la citadelle d’Ark est une forteresse qui s’étend sur 4 ha, datant du IVe au IIe siècle avant J.-C. Elle a été détruite et reconstruite à de nombreuses reprises. Son grand portail d’entrée est un chef-d’œuvre d’ébénisterie. A proximité, la mosquée Bolo Khaouz est surnommée la “Mosquée au 40 colonnes” et à juste titre. Construite en 1712, son iwan (porche voûté) de 12 m est l’un des plus hauts d’Asie centrale. Chacune des colonnes est décorée et sculptée avec finesse.

Un peu plus loin, mais toujours accessible par une courte promenade, l’ensemble du quartier Poïkalian donne une parfaite illustration de l’adjectif majestueux. Avant même de rentrer dans la mosquée Kalian, le minaret qui jouxte la porte d’entrée est un exemple de l’architecture des khans ouzbèks, désireux de montrer leur puissance. Construit en 1127, il est haut de 46 m. La mosquée, quant à elle, est appelée la mosquée du Vendredi. Elle a été construite au XVe siècle et est pourtant considérée comme l’une des plus anciennes de l’Asie Centrale. Monumentale dans ses proportions, elle peut accueillir 10 000 fidèles pour la prière sur 1 ha.

Dans un autre registre, moins impressionnant mais plus émouvant, la medersa Mir-I-Arab, école coranique surmontée d’une coupole vert émeraude, a été construite en 1535 par 3 000 esclaves perses. Elle est aujourd’hui la plus prestigieuse medersa d’Asie centrale.

De retour dans la vieille ville et le quartier juif, la coupole des marchands du XVIe siècle est un imposant ensemble d’architecture aux bulbes insolites, organisé autour de hautes voûtes permettant l’accès aux chameaux chargés de marchandises. Il n’a pas perdu sa vocation car il abrite un important centre d’artisanat. Il fait face à la place Lyabi Khaouz, là où la vie populaire s’organise à la tombée du soir autour d’un bassin de 4 000 m2, entouré de restaurants, d’échoppes et de vendeurs de souvenirs. Les enfants se massent autour de la statue de Khodja Nasruddin, conteur et amuseur de légende sur son âne ; les jeunes couples se retrouvent sur les bancs et les vieux discutent en fumant.

La cité bleue de Tamerlan

Le meilleur moyen de relier Samarcande, à moins de 300 km de Boukhara, est de prendre le TGV ouzbek, l’Afrosiab, au confort désuet mais au service impeccable avec thé et petits gâteaux servis sur le trajet.

 

Samarcande, la « cité bleue », capitale de Tamerlan, est aujourd’hui la seconde ville du pays. Son nom signifie « lieu de rencontre » et de fait elle est reconnue depuis 2001 par l’Unesco comme un carrefour de cultures et un lieu de passages qui mérite de figurer au patrimoine mondial de l’humanité. Cité stratégique, elle a été conquise, détruite et reconstruite par des successions de conquérants mongols, perses ou turcs. Berceau des civilisations d’Asie centrale, on y retrouve encore des vestiges remontant au paléolithique. Étape majeure de la Route de la soie, elle a fait sa fortune pendant des siècles. Dévastée par Gengis Khan, elle renaît dans toute sa splendeur quand Tamerlan en fait sa capitale et lui donne son statut de carrefour commercial, religieux, littéraire et poétique.

Timour pour les Ouzbeks, Tamerlan pour les Perses, ce chef de guerre n’a eu de cesse pendant pratiquement 50 ans, jusqu’à sa mort en 1405, de bâtir le plus grand empire d’Asie centrale. Il a ramené de ses conquêtes les meilleurs artisans et artistes pour qu’ils fassent de sa capitale un modèle de grandeur. Son œuvre a été poursuivie pendant plus d’un siècle par ses successeurs, le Timourides, jusqu’à leur défaite par les conquérants voisins.

Plus de 2 750 ans d’histoire répertoriée se manifestent encore aujourd’hui dans ce qui est la grande métropole mythique. Une première visite s’impose à la place du Reghistan pour mesurer l’ambition des maîtres de la ville. Décrite comme la plus magique de Samarcande, cette place servait aux châtiments corporels et aux exécutions publiques. La « Place de sable » avait la particularité d’absorber le sang des exécutions. Elle est délimitée par trois medersas, écoles coraniques monumentales, possédant chacune un style unique, car construites à différentes époques. La medersa Ouloughbek fût la première construite en 1417 par le petit-fils de Tamerlan. Elle a été reconnue au XVe siècle comme une des meilleures universités spirituelles de l’Orient musulman. La medersa Chir-Dor fut elle érigée en 1619. Et enfin, la medersa Tilla Kari, construite en 1646 et restaurée au XXe siècle, peut se traduire par « aménagée d’or ». Et de fait les décors intérieurs font largement appel au métal précieux. Il est recommandé de repasser à plusieurs heures de la journée sur cette place car son atmosphère est complètement différente, au petit matin, en plein jour et de nuit. C’est aussi le cadre d’un formidable spectacle de son et lumière en pleine saison touristique. 

Mais ce n’est pas la seule « merveille de la ville ». Le mausolée de Gour Emir. Le “tombeau du souvenir” abrite la scépulture de Tamerlan et de ses descendants. Il est impressionnant par sa taille ; un dôme de 32 m, une coupole étirée de 12 m50 de haut et de 15 m de diamètre couverte de briques bleues. L’intérieur, richement décoré, attire non seulement les visiteurs étrangers mais de très nombreux Ouzbeks qui paient leur respect à leur grand empereur.

Une nécropole hors du commun

Sur une autre colline, accessible après un long chemin à pied, la mosquée Bibi Khanoum est dite mosquée de “la Première femme”. Elle fût construite de 1399 à 1404 et nécessita l’intervention de 99 éléphants, importés d’Inde, en plus des 500 ouvriers et des 200 tailleurs de pierres. 400 coupoles soutenues par plus de 400 colonnes de marbre étaient présentes à sa construction. Les travaux sont toujours en cours pour réparer ce bâtiment qui commença déjà à s’abimer du vivant de Tamerlan.

La journée s’achève sur un dernier « effort ». Quittant la mosquée Bibi Khanoun, il faut descendre un chemin qui conduit à un grand escalier de pierre. La centaine de marches à gravir donne accès à une succession incroyable de tombeaux plus riches ou originaux les uns que les autres. La nécropole de Chakh-i-Zinda, dite du « Roi vivant » a été construite au XIe siècle. C’est à la fois un grand centre spirituel et religieux composé de 11 mausolées destinés aux dirigeants du pays et à leurs familles.

Cette dernière visite conclut un circuit tellement riche qu’il est parfois difficile de se rappeler les bâtiments qui rivalisent de hauteur, de décor, d’ornements. Et c’est bien pour cela qu’il est vivement recommandé d’entrecouper ce parcours historique et initiatique par un retour à la réalité quotidienne des Ouzbeks.

Outre les ateliers artisanaux qui se font un devoir de montrer leur savoir-faire ancestral pour inciter à y acheter tapis et broderies de suzanis (tentures murales brodées aux motifs traditionnels), sculptures et peintures, … des boulangeries traditionnelles montrent avec plaisir les étapes de la confection du pain local, dans un four à bois qui ne s’éteint pas. L’Ouzbékistan d’aujourd’hui fait place à une réelle chaleur de la population, longtemps coupée du monde, et qui se réjouit assez naturellement d’accueillir des voyageurs étrangers, comme quand Marco Polo et ses compagnons traversaient le pays.

 

Div qui contient le message d'alerte

Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire

Mot de passe oublié

Déjà abonné ? Créez vos identifiants

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ? Remplissez les informations et un courriel vous sera envoyé.

Div qui contient le message d'alerte

Envoyer l'article par mail

Mauvais format Mauvais format

captcha
Recopiez ci-dessous le texte apparaissant dans l'image
Mauvais format

Div qui contient le message d'alerte

Contacter la rédaction

Mauvais format Texte obligatoire

Nombre de caractères restant à saisir :

captcha
Recopiez ci-dessous le texte apparaissant dans l'image
Mauvais format