Empêtrée dans les mouvements sociaux, pourtant moins suivis que ne l’espéraient les syndicats, la France a tourné cette semaine au ralenti. D’autant que les transporteurs routiers en ont profité pour multiplier leurs opérations escargot afin d’attirer l’attention sur la hausse des prix de l’essence qui les étrangle. Attirer l’attention est une chose, emmerder le monde en est une autre. Moi aussi, crétin d’automobiliste que je suis, je subis la hausse des prix de l’essence en plus des embouteillages que les routiers provoquent. Pas de doute, dans ces cas-là, je me sens solidaire. Pour manifester son soutien, il y en a une qui a réussi son opération escargot, c’est l’équipe de France de football. En courant au petit trot et avec le succès que l’on sait : aucune victoire en trois matchs ! Piteux de chez piteux ! À chaque chose malheur est bon. Au lieu de rester planté devant leur télévision, les Français vont peut-être enfin penser à leurs prochaines vacances et pousser la porte des agences de voyages en mal d’activité. Mais revenons à la mauvaise humeur des salariés : elle a touché Fram mardi dernier pour la première fois depuis sa création. Quelque 25 % de ses employés se sont mis en grève pour revendiquer de meilleurs salaires en parodiant dans un tract le slogan publicitaire du tour-opérateur : « Fram, le plaisir en grand, les salaires en plan ». Décidément tout se perd, même chez Fram, dernier gardien du temple touristique français. Miné par un conflit familial qui fragilise chaque jour un peu plus l’entreprise, le voyagiste toulousain voit ses positions de plus en plus menacées. Hier leader incontesté des départs depuis la province, Fram est attaqué frontalement sur les aéroports régionaux par le groupe TUI Travel et maintenant par Thomas Cook qui ne cache pas ses ambitions en la matière depuis le rachat de Jet tours. Son positionnement moyen de gamme, déjà chancelant, est mis en cause par la hausse des prix du pétrole qui, selon les observateurs, devrait polariser davantage le marché entre l’entrée de gamme et le haut de gamme. Isolé sur la scène touristique, Fram risque une marginalisation dangereuse. Selon nos informations, Thomas Cook est revenu à la charge auprès de certains actionnaires du voyagiste en mars dernier avec une proposition de rachat en bonne et due forme. Parviendra-t-il à ses fins ? Une chose est sûre : ce vendredi 20 juin, une assemblée générale dévoilera aux actionnaires les résultats financiers de l’année 2007 avant d’être rendus publics mardi prochain. Espérons pour Fram qu’ils seront meilleurs que ceux, médiocres, de l’année précédente.