Le Snav aurait-il (encore) perdu une occasion de se taire ? L’étude sur les salaires montrant que la profession rémunère plutôt correctement ses collaborateurs a provoqué une levée de boucliers. Depuis qu’elle a été rendue publique, les employés des agences de voyages se répandent pour dire tout le « bien » qu’ils en pensent. Il faut dire, en l’occurrence, que le syndicat donne le bâton pour se faire battre. Et d’une, cette étude n’a rien d’une véritable étude quantitative fondée sur des données incontestables. Elle s’est basée uniquement sur les déclarations des patrons d’agences, avec toute la subjectivité qu’une telle démarche comporte. Et de deux, le panel retenu est composé de grosses et moyennes agences qui, c’est bien connu, rémunèrent mieux leurs collaborateurs que les petites dont le poids est encore très significatif dans la distribution. Bref, s’il cherchait un moyen de décourager tout à fait une partie des employés de ce secteur, le Snav a réussi son coup. C’est d’autant plus dommage que le sujet mérite une autre approche. Entre des agences dont la faible rentabilité structurelle restreint la marge de manœuvre et des collaborateurs qui s’estiment injustement rétribués au vu des compétences sans cesse plus grandes qu’on exige d’eux, le dialogue de sourds doit pouvoir laisser la place à un accord gagnant-gagnant. L’une des voies possibles consiste en un système de rémunération plus dynamique et plus inventif, basé davantage sur la performance. Comme la plupart des vendeurs de France et de Navarre, quel que soit leur secteur d’activité. Une grille de salaires minima, c’est bien, une combinaison ajoutant des variables à une rémunération fixe, c’est encore mieux. Trop peu d’agences le font encore et l’exercice, faut-il le reconnaître, est délicat et mérite un pilotage au plus serré. Mais elles y gagneraient à la fois des salariés plus motivés et, à coup sûr, un levier de croissance. Pour tous, le jeu en vaut la chandelle.