Gravé dans le marbre. Après la fusion il y a un mois entre Thomas Cook et MyTravel, l’allemand TUI et l’anglais First Choice ne pouvaient rester bien longtemps sans réaction (lire page 8). En publiant les bans de leur mariage, le numéro un du tourisme européen et le numéro quatre ont respecté une certaine logique. Plus surprenant, la rapidité avec laquelle l’annonce est intervenue, ce qui tendrait à prouver qu’il y a encore quelques semaines, tout le monde parlait déjà avec tout le monde. Michael Frenzel, le patron de TUI, reconnaissait d’ailleurs avoir sondé le marché depuis un certain temps. Les raisons de cette course au gigantisme sont bien connues. Faible niveau de rentabilité, concurrence d’internet et surcapacités : le mélange, explosif, contraint les voyagistes à se rapprocher pour réduire leurs coûts. La consolidation qui s’opère aujourd’hui est donc plus défensive qu’offensive. Son succès n’en est que plus incertain. Est-elle au moins créatrice de valeur ? Pour les actionnaires, sans doute. Les synergies sont estimées à 146 millions d’euros pour le nouvel ensemble composé de TUI et First Choice et à 112,5 millions d’euros pour celui formé par Thomas Cook et MyTravel. Cette concentration est-elle aussi créatrice de valeur pour les consommateurs ? Là, on peut sérieusement en douter. Certes, les prix pourraient encore baisser, bien que les voyagistes soient déjà malades des prix cassés du fait des surcapacités. Mais, surtout, la standardisation à outrance générée nécessairement par ces rapprochements réduit les choix des consommateurs et donc la concurrence. Par ailleurs, la pression qui va s’exercer sur les fournisseurs locaux de ces nouveaux géants ne dit rien de bon pour les destinations touristiques, petites ou grandes. Bienvenue dans la mondialisation du tourisme ! Dans ces conditions, les TO « moyens-gros » ou « gros-moyens » peuvent tirer leur épingle du jeu en faisant jouer leurs différences. Elle est au moins là, la bonne nouvelle de cette consolidation.