Le « déclinologue », voilà le nouvel ennemi. On peut certes énumérer toutes les raisons qu’il y a d’être optimiste pour la profession d’agent de voyages et heureusement elles sont nombreuses. Il n’y a qu’un problème. La béatitude ne se décrète pas. Les exhortations des zélateurs du nouveau modèle économique n’y pourront rien changer : un an après le passage à la commission zéro, la distribution traditionnelle apparaît un peu plus fragile. Peut-on le dire sans déclencher les foudres des professionnels de la langue de bois ? Nous sommes en droit de préférer une lucidité un peu sombre à l’euphorie satisfaite. Car enfin, il n’y a pas lieu de crier « victoire ! ». Certes, pour la grande majorité des agences, le revenu reste inchangé grâce à l’addition des mesures d’accompagnement, des incentives et des frais de services (lire pages 8, 9 et 10). Mais la concurrence s’est nettement déplacée vers l’internet. Si la suppression de la commission n’y est pas pour grand-chose, elle a fortement accéléré le mouvement. Résultat : les billets les moins chers basculent massivement sur internet (lire interview de Christian Boireau, pages 24 et 25). D’ailleurs, la valeur moyenne des billets vendus en agences a tendance à augmenter, celles-ci conservant la vente des billets les plus chers. Au total, près de 30 % des billets d’avion seraient aujourd’hui achetés en ligne. Perdantes sur la billetterie, les agences se sont-elles rattrapées sur les voyages à forfait ? Loin de là. Non seulement la conjoncture ne les y a pas aidées, mais sur ce segment aussi, la concurrence des agences en ligne se fait plus rude. Ces dernières élargissent l’éventail de leurs destinations et de leurs produits, opèrent une montée en gamme et diversifient leur offre, sans abandonner pour autant leur logique initiale de « discount ». La part du vol sec chez les grandes agences en ligne est ainsi passée en 3 ans de 90 à 70 % et la croissance de leur volume d’affaires est tirée par les forfaits. Bref, au terme de cette première année sans commission, les agences traditionnelles ont encore cédé du terrain à la vente en ligne. Heureusement, le sur mesure, le haut de gamme et les entreprises leurs restent fidèles pour leur valeur ajoutée mais ne rêvons pas, toutes les agences n’en sortiront pas indemnes. Certes, celles qui survivront gagneront sans doute mieux leur vie. Une maigre consolation…