« Alors ? Ca vous grippouille ou ça vous chikouille », comme disait Plantu à la une du Monde cette semaine. En tout cas, face aux épidémies de toutes sortes, il y en a un qui se dépense sans compter, c’est Galouzeau de Villepin. Dans l’esprit de ce gars-là, être Premier ministre a pris ces derniers jours les allures d’un vrai sacerdoce, presque d’un don de soi. A moins que, allez savoir, la dégringolade dans les sondages ait finalement motivé tout ce grand guignol. Vous l’avez vu avec une chevrette sur les épaules lors du salon de l’agriculture ? Avec sa dégaine d’ouvrier agricole, la chevrette lui allait comme un gant. Quelques jours plus tôt, il mangeait du poulet au vu et au su de la France entière. Quelques jours plus tard, piqué au vif par les reproches qui sont faits au gouvernement, le voilà au chevet de La Réunion, touchée par le virus du Chikungunya (lire pages 6 et 7). Quatre ministres qui défilent la même semaine : là-bas, ils n’en sont pas encore revenus. Après François Baroin (outre-mer), Xavier Bertrand (santé) et Léon Bertrand (tourisme), Dominique de Villepin ! Un peu plus et ils faisaient le conseil des ministres à Saint-Denis. N’allant pas jusqu’à lancer « nous sommes tous des chikungunyés » comme d’autres ont pu dire « nous sommes tous des Américains » après le 11 Septembre, le Galouzeau a donné de sa personne et surtout l’argent du contribuable en apportant dans sa valise quelque 76 millions d’euros pour aider l’île à se refaire une santé. Pas une petite somme ! Résultat : les représentants touristiques de l’île, qui devraient s’en arroger une bonne part, ne cachaient pas leur satisfaction devant cette manne inespérée. Est-ce cette douce euphorie qui a poussé certains de ces responsables à demander aux journalistes d’aller voir comment progresse le « chik » dans les autres îles de l’océan Indien ? Ce n’est pas là assurément la meilleure façon de communiquer que de taper sur le voisin. Grâce à l’enveloppe débloquée par le gouvernement, le tourisme réunionnais aura sans doute, en temps voulu, les moyens de s’offrir une grande campagne de relance. C’est bien et c’est tant mieux. Tout le monde ne peut pas en dire autant.