Une psychose chasse l’autre. Vous avez aimé le feuilleton sur la sécurité aérienne ? Vous allez adorer celui sur la grippe aviaire ! Encore faut-il que cette dernière vous en laisse le temps. Car demain, dans quelques heures, dans quelques semaines, nous allons tous crever, par dizaines de millions si l’on en croit ce qu’on entend et ce qu’on lit. Vous donnez au tout-venant des médias un « nonosse » à ronger et hop, c’est parti, en voiture Simone ! Hier, selon nos chers médias, on avait toutes les chances de se crasher en acceptant de monter à bord d’un avion. Aujourd’hui, si par miracle on s’en sort indemne, on a toutes les chances de se trimballer le fameux virus H5N1 ou virus aviaire ! D’ici à ce qu’on nous affirme qu’en survolant le Pacifique, l’avion risque de se faire faucher par un tsunami à 10 000 mètres d’altitude, il n’y a qu’un pas. A la télé, ce n’est plus alerte à Malibu mais alerte au Tamiflu, seul médicament supposé efficace, que les Français les plus inquiets s’arrachent. Au nom de quelle vérité scientifique ? Aucune, nada, rien. Quelle est la probabilité que ce virus H5N1 s’adapte à l’homme et provoque une pandémie ? Personne n’est capable de répondre. Dans les reportages, quand on pose la question au professeur Michu, ça donne à peu près ceci : « Eh bien je… Pas vraiment, non… Quoique… Comment dire… Non, je ne vois pas… Mais en même temps… Tout bien considérer… » On a beau entendre tout et son contraire, c’est le principe de précaution qui s’impose. A tel point que le gouvernement en fait des tonnes pour montrer qu’il se mobilise sur le sujet. Remarquez, on ne peut pas lui jeter la pierre comme on aimerait lui en balancer des camions entiers (de pierres) à propos de la SNCM, personne ne lui reprochera d’en avoir trop fait si rien ne se passe. Entre temps, cette histoire fait des heureux : les laboratoires Roche, qui commercialisent le Tamiflu, ont vu leur action grimper de 40 % au cours des neuf derniers mois. Mais revenons à l’essentiel, à la vérité des faits à défaut de vérité scientifique : la grippe saisonnière (celle qui peut toucher chaque année vous et moi) tue quelque 500 000 personnes par an dans le monde alors que la grippe aviaire a provoqué le décès de 66 personnes en deux ans. Du simple bon sens, comme aurait dit notre maître à tous, Jean-Pierre Raffarin.