Les hôtels ont désormais le droit de pratiquer des tarifs moins chers que les OTA comme Booking, mais pas sur leur propre site internet. Le GNI attend les autres jugements...
Actualisé à 17h02
Les relations ne semblent pas près de s'apaiser entre les hôteliers et Booking, si l'on en croit le ton du communiqué du Groupement National des Indépendants (GNI), qui considère que "le compte n'y est toujours pas, tant pour les consommateurs que pour les hôteliers".
Une réaction ulcérée à l'annonce aujourd'hui de l'Autorité de la concurrence, qui estime de son côté avoir mis Booking au pas et "redonné aux hôtels davantage de liberté en matière commerciale et tarifaire", en obtenant de la plateforme de réservations hôtelières un certain nombre d'engagements, notamment concernant la parité tarifaire (voir le texte complet de la décision rendu par l'Autorité de la concurrence). Ils seront applicables pour 5 ans en France, en Italie et en Suède, pour une durée de 5 ans renouvelable.
Or Didier Chenet, le président du Synhorcat et du GNI, interrogé par Tour Hebdo, pointe le caractère incomplet des mesures, qui redonnent effectivement aux hôteliers la possibilité de pratiquer des tarifs moins chers que les OTA, mais... uniquement par téléphone, fax(!) ou email, et en aucun cas sur leur propre site internet. De quoi contrarier Didier Chenet : "la seule chose autorisée pour les hôteliers, est d'inscrire la mention "appelez-nous pour obtenir d'autres tarifs!"
Hôteliers contre Booking : prochain jugement le 26 mai prochain
Par ailleurs, le président du GNI déplore que les hôtels n'aient toujours pas la possibilité d'obtenir les adresses email des clients, expliquant que Booking a récemment mis en place, "de façon unilatérale" une plateforme spéciale d'échanges pour éviter tout contact direct entre l'hôtel et le client.
"Ce qui me choque aussi, poursuit Didier Chenet, c'est que l'Autorité de la concurrence française puisse expliquer dans son communiqué qu'elle entend préserver le modèle des OTA, alors que ces plateformes qui réalisent 25% du chiffre d'affaires de l'hôtellerie française ne payent aucune taxe ou impôt en France!".
De leur côté, l'Umih (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie) et le GNC (Groupement national des chaînes hôtelières) considèrent qu'une étape importante a été franchie. Selon les deux syndicats hôteliers, l'Autorité de la concurrence prend acte que "le consommateur trouvera toujours le meilleur prix en s'adressant directement à l'hôtelier". Ils invitent les hôtels à créer le réflexe de les contacter en direct, en faisant preuve de pédagogie auprès du grand public, notamment en affichant le logo "Mon hôtel, je l'appelle".
Le GNI espère quant à lui obtenir une nouvelle avancée grâce deux actions engagées par le ministère de l'Economie auprès du tribunal de commerce de Paris, l'une à l'initiative d'Arnaud Montebourg contre Booking, l'autre de Michel Sapin contre Expedia, dont le premier jugement sera rendu le 26 mai prochain. Objectif : "que soit déclarer nulle la clause de parité tarifaire"... mais sur tous les canaux cette fois.
Virginie Dennemont