
La conférence "Tourisme et terrorisme", qui s’est tenue hier soir à Paris, a mis l’accent sur l’accélération du nombre d’attentats dans le monde et sur leurs conséquences touristiques.
C’est un thème tristement d’actualité qui a été évoqué hier soir dans le cadre de la conférence "Tourisme et terrorisme" qui se tenait à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Laurence Jégouzo, maître de conférences et directrice adjointe de l’école de droit de la Sorbonne, a rappelé dans son introduction que "les Français décident de plus en plus au dernier moment du lieu de leurs vacances et choisissent leur destination en fonction de sa sécurité" précisant au passage que "la Tunisie a perdu 80% de sa fréquentation touristique suite aux attentats commis l’an dernier".
L’exemple de la Tunisie est frappant mais il est loin d’être le seul. Egypte, Kenya, Liban, Israël, Turquie sont autant de destinations touristiques dont les attentats répétés ont eu un impact considérable sur leur fréquentation. Selon Jean-Michel Chapuis, professeur à l’Institut de Recherche et d’Etudes Supérieures du Tourisme (IREST), "le terrorisme est devenu un phénomène fréquent et international et qui a des conséquences sur l’activité touristique depuis plus de 30 ans". Mais depuis deux ans, il s’accélère dangereusement. D’après le Global Terrorism Index 2015, 67 pays dans le monde ont été touchés par le terrorisme en 2014. Le nombre de victimes a atteint plus de 32 000, contre 18 000 en 2013 et 3 300 en 2000.
Des crises perçues différemment
"L’accélération du nombre d’attentats et tentatives d’attentats crée de l’insécurité", confirme Myriam Quemener, conseillère au ministère de l’Intérieur. Mais leur impact sur l’activité touristique d’une destination diffère selon la manière dont ils ont été perçus. "Il y a plusieurs modèles d’impacts et types de crises", estime Frédéric Pierret, directeur général de l’Alliance 46.2 et ex-directeur exécutif de l’OMT. "Les attentats perpétrés à Madrid, Londres ou Boston ont été perçus comme des accidents. Les effets directs ont duré entre trois et quatre mois alors que le tsunami en 2004 et Fukushima en 2011 ont eu un impact pendant 18 mois. Pour Paris, vu l’ampleur de la frappe et les émotions qu’elle a engendrée, nous avons immédiatement eu en tête le 11 septembre 2001. Les Etats-Unis ont mis huit ans pour retrouver leur fréquentation touristique d’avant."
Il est aujourd’hui difficile d’évaluer si les attentats du 13 novembre 2015 auront un tel impact sur la destination France. Au quatrième trimestre, l’Insee a fait état d’une baisse globale de la fréquentation dans les hébergements touristiques de 1,7%. En Ile-de-France, elle a atteint -6,8%.
Céline Perronnet