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Economie

De la naissance à la maturité : comment se financer dans le tourisme ?


Publié le : 24.05.2016 I Dernière Mise à jour : 24.05.2016
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©DR I Crédit photo

Business angels, fonds privés, solutions collaboratives... Une multitude d’outils de financement sont à la disposition des entreprises. Tour d’horizon des investisseurs les plus sollicités.

Pas moins de 5,4 milliards de dollars. C’est ce que les entreprises du etourisme ont levé auprès d’investisseurs en tout genre en 2015 au niveau mondial. Un record pour le secteur, selon la base de données spécialisée CB Insights. Les entreprises du tourisme affichent une capacité grandissante à lever des fonds et à combiner les outils de financement pour se développer. Le maître mot semble être la complémentarité.

Pour François Teyssier, chef de projet au Welcome City Lab, l’incubateur parisien des start-up touristiques, les modes de financement utilisés diffèrent d’abord selon la phase de développement de l’entreprise : création, commercialisation ou accélération.

"Au moment de créer leur start-up, les entrepreneurs font appel à leurs proches et à des aides publiques, comme les programmes d’investissements d’avenir de Bpifrance ou les bourses French Tech." Lors des phases suivantes, il s’agit plutôt de combiner les outils de financement pour trouver des investissements plus conséquents.

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Phénomène observé depuis deux ou trois ans, des réseaux de business angels se structurent pour accompagner les start-up. Ces particuliers qui investissent grâce à leur propre patrimoine deviennent même les interlocuteurs privilégiés des  entrepreneurs au moment de la création de leur société.

Les business angels aident au démarrage

Le soutien des business angels permet d’obtenir les fonds de démarrage, c’est-à-dire des sommes inférieures à 500 000 €, essentielles pour peaufiner le modèle économique et le produit. Charles-Édouard Girard, cofondateur de GuestToGuest, témoigne : "Jusqu’ici, des business angels nous ont accompagnés sur nos deux phases de financement. Au moment de la création de GuestToGuest, nous avons levé 250 000 €". Cette jeune pousse de la première promotion d’incubés du Welcome City Lab propose aux particuliers d’échanger leurs maisons pour les vacances.

Ces projets pouvant mettre du temps à devenir rentables, l’aide des business angels s’avère essentielle. Il s’agit d’investir dans l’idée et non en vue d’une rentabilité immédiate. C’est en tout cas la conviction de Matthieu Jost, cofondateur de Misterbnb, plate-forme de type Airbnb dédiée au marché gay : "Au début, on a besoin de petites sommes. Les business angels sont prêts à mettre quelques dizaines de milliers d’euros dans un projet avant même qu’il ne génère du chiffre d’affaires". Avis partagé par Max Aniort, cofondateur du Collectionist : "Les business angels peuvent investir les sommes les plus adéquates lorsqu’on commence, avec des tickets autour de 500 000 €". Et faire appel à des business angels permet aussi de bénéficier de leurs compétences et de leur retour d’expérience : "On préserve l’autonomie de l’entreprise dans son développement et on bénéficie en même temps d’une expertise solide", résume Max Aniort. En 2015, la plate-forme de location de biens immobiliers de luxe Le Collectionist a levé près de 2 millions d’euros, notamment auprès de Frédéric Halley, président de la Société normande de financement (Sonorfi).

Bpifrance, investisseur historique

Une fois la phase de création dépassée, les entrepreneurs font appel à d’autres acteurs pour financer leur développement, comme la Banque publique d’investissement. "Bpifrance a de bons programmes mais elle ne se positionne pas sur la phase d’amorçage. Nous préparons actuellement notre dossier pour compléter nos précédents financements", explique Max Aniort. Fort de sa connaissance du secteur touristique, l’organisme public a lancé en octobre dernier le fonds France Investissement Tourisme. Un outil dédié à la fois aux "jeunes concepts et [aux] PME qui sont encore trop petites", selon Serge Mesguich, responsable du pôle tourisme de Bpifrance.

Depuis sa création, en 2012, la filiale d’État participe activement au financement des PME françaises. Mais en réalité, cela fait plus d’une décennie qu’elle accompagne les entreprises du tourisme. Lorsqu’elle s’appelait encore Oséo, Bpifrance investissait déjà par prises de participation au capital d’entreprises touristiques. Toutefois, l’offre ne bénéficiait pas des mêmes caractéristiques : "Oséo n’investissait qu’en fonds propres et n’avait pas de bureaux en région. Désormais, Bpifrance s’occupe aussi des start-up et non pas juste de l’existant. Nous pouvons investir davantage : jusqu’à 5 millions d’euros, contre 2 à 3 millions auparavant", détaille Serge Mesguich.

Pour les start-up, les tickets d’investissement varient entre 500 000 € et 1 million d’euros. "On se situe sur le deuxième tour de table, sur la phase d’industrialisation", explique Serge Mesguich. Certaines jeunes pousses font néanmoins le pari de solliciter l’organisme public dès le départ et comme seul investisseur. À l’instar de New Nomads, chaîne d’auberges de jeunesse nouvelle génération. "Bpifrance est l’interlocuteur naturel, affirme Julien Routil, cofondateur de New Nomads. C’est une référence sur le marché. Cela rassure les partenaires institutionnels de savoir que Bpifrance a investi dans notre projet." François Teyssier abonde en ce sens : "Au Welcome City Lab, on constate que les aides de Bpifrance fonctionnent plutôt bien auprès des start-up".

Le fonds dédié au tourisme a dépassé ses objectifs

De leur côté, les PME peuvent obtenir des investissements jusqu’à 5 millions d’euros. Un outil adapté aux besoins du secteur, selon Claude Blanc, Pdg de Travel & Co : "Bpifrance connaît parfaitement le secteur. Ce fonds est une bonne idée car il peut aider les entreprises à atteindre une taille critique et peser à l’international". L’organisme public est un des actionnaires historiques de Travel & Co, créé en 2008. "Le soutien de Bpifrance a été essentiel, souligne l’ancien directeur associé de Karavel-Promovacances. C’est un gage de crédibilité qu’un fonds public apporte un financement."

Depuis son lancement, en octobre dernier, France Investissement Tourisme a déjà fait bénéficier une dizaine de projets de financement. L’objectif a même été dépassé : au lieu des 15 millions d’euros par an attendus, Bpifrance en a investi 17 millions en sept mois. Un signal encourageant pour le secteur. "Bpifrance envoie des messages très clairs sur ses outils de financement, ce qui nous incite à la choisir comme partenaire", conclut Max Aniort.

Le secteur attire Les fonds privés

Les fonds d’investissement privés prennent le relais au moment où l’entreprise accélère son développement. Ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à s’intéresser au marché touristique. "C’est un marché vaste, très fragmenté et stressé, où de nouvelles idées intéressantes émergent", analyse Marc Fournier, responsable des partenariats à Serena Capital. Même analyse du côté de Newfund, présent dans les secteurs du software, des e-services, des technologies financières et médicales et de l’industrie. "Il y a une véritable dynamique d’innovation grâce à l’appropriation des technologies issues d’Internet", confie François Véron, Pdg. Depuis 2012, Newfund a successivement investi dans Camping and Co, Camping-Car Park, Xotelia et Sun Trade Travel. "Certains outils technologiques et logiciels informatiques arrivent à maturité et les plates-formes comme Airbnb incitent à créer des services annexes." Le ticket varie entre 800 000 € et 2 millions d’euros, selon la maturité du projet. "Généralement, cet apport permet de peaufiner le produit et d’investir dans la partie commerciale", souligne François Véron.

À en croire les entreprises du secteur, les banques, quant à elles, ne sont pas un interlocuteur naturel. Elles seraient trop frileuses. "C’est une question de chiffres ! nuance Jeffrey Messud, cofondateur de la plate-forme de gestion des réservations Xotelia. Si le bilan tient la route, le banquier peut suivre." Pour Claude Blanc, le financement bancaire peut pourtant constituer une solution lorsque l’entreprise a déjà fait ses preuves et amorce une phase d’accélération. "De notre côté, les banques ont toujours suivi les projets d’East West Travel [filiale voyagiste du groupe Travel & Co, qui inclut notamment Australie Tours, ndlr], témoigne-t-il. C’est un processus vertueux : l’implication d’une banque incite Bpifrance à s’engager, ce qui rassure à leur tour les banques..."

S’il est aussi possible de recourir aux aides européennes, elles relèvent d’un véritable casse-tête. Aucun fonds n’est dédié au tourisme. Résultat : les entreprises du secteur sont éligibles à une dizaine de fonds généralistes, en fonction de leur taille, leur activité et leurs objectifs... "On ne peut pas passer sa journée à remplir des dossiers !" lâche Jeffrey Messud. Xotelia a renoncé à solliciter toute aide européenne face à la complexité des démarches pour en obtenir. Même constat chez Le Collectionist. "Pour chaque fonds que nous avons regardé, nous avions l’impression que nous ne cochions pas toutes les cases", raconte Max Aniort. "Les aides européennes s’adressent à des entreprises déjà mûres, qui peuvent accorder plusieurs semaines à la préparation d’un dossier", résume François Teyssier.

Le crowdlending à la rescousse

Dans ce contexte, des alternatives émergent depuis deux ou trois ans, sur le modèle des plates-formes collaboratives : le crowdfunding et le crowdlending. "Des outils plutôt adaptés à l’hôtellerie et à la restauration", analyse Joël Gaudeul, directeur des opérations de la plate-forme de crowdlending Bolden. Le principe est simple : l’entreprise fixe un montant qu’elle souhaite atteindre et sollicite les particuliers, d’autres entreprises ou même des institutionnels via la plate-forme. En 2015, Lendix, spécialisée dans le prêt participatif, a notamment permis au restaurant La Folie Douce de Val-Thorens et à l’hôtel Modern’Waikiki à Cannes de financer leurs travaux de rénovation. Une méthode jugée avantageuse car les fonds sont disponibles immédiatement une fois la somme désirée atteinte. Et Jeffrey Messud de conclure : "En tout cas, lorsqu’on se lance, on devrait recevoir un livret avec l’ensemble des aides et des acteurs que l’on peut solliciter, pour ne pas aller à la pêche aux infos".

Manon Gayet

Qui contacter pour obtenir un financement ?

Business angel
Un particulier investit une partie de son patrimoine dans une start-up au potentiel innovant et partage son expérience et son réseau. Pour trouver un business angel en France, rapprochez-vous du réseau France Angels : http://www.franceangels.org

COSME (Competitiveness of Enterprises and Small and Medium-sized Enterprises)
Ce programme européen est doté de 2,3 milliards d’euros pour la période 2014-2020. Il facilite l’accès au financement et soutient l’internationalisation des entreprises. Prenez contact avec Christian Dubarry, coordinateur en France, au 01 41 79 83 50. Plus d’infos : http://www.horizon2020.gouv.fr/cid73956/le-point-contact-national-pme.html

Crowdfunding
Littéralement, "financement par la foule". Les particuliers désireux d’investir dans une entreprise peuvent le faire via une cagnotte en ligne pour aider une entreprise à atteindre son objectif de financement. Quelques plates-formes de crowdfunding : KissKissBankBank.com, Ulule.com... À noter que la plate-forme américaine TravelStarter.com est entièrement dédiée au tourisme. Contactez l’équipe, basée à Boston, à l’adresse suivante : info@travelstarter.com.

Crowdlending
Littéralement, "prêt par la foule". Des plates-formes permettent aux particuliers qui souhaitent faire fructifier une partie de leur épargne de le faire en finançant des entreprises contre des taux d’intérêt avantageux. Quelques plates-formes de crowdlending : Crowdlending.fr, Lendix.com, Bolden.fr...

FEDER (Fonds européen de développement régional)
Doté de 9,5 milliards d’euros sur la période 2014-2020, ce fonds a pour but d’« accroître l’attractivité des territoires » via le renforcement de la compétitivité des PME. Contactez votre préfecture ou votre conseil régional de rattachement via le site "L’Europe s’engage" de votre région. Plus d’infos : http://www.europe-en-france.gouv.fr/Configuration-Generale-Pages-secondaires/FEDER

Foncière Développement Tourisme
Lancée par la Caisse des dépôts et la Foncière des régions (FDR) dans le cadre du plan France Développement Tourisme, cette nouvelle foncière est dédiée à l’augmentation des capacités d’accueil des hébergements touristiques. Pour la solliciter, contactez votre direction régionale Caisse des dépôts de rattachement : http://www.caissedesdepots.fr/le-groupe-caisse-des-depots-en-regions

Fonds d’investissement
Une société financière investit dans des entreprises sélectionnées en fonction de leur potentiel de croissance et de la pertinence de leur modèle économique. Quelques fonds qui investissent dans le tourisme : Alven Capital (http://www.alvencapital.com/fr), Aquitaine Création Investissement (http://www.aquiti.fr), Idinvest (http://www.idinvest.com/fr), Index Venture (http://indexventures.com), Ventech (http://www.ventechvc.com/fr).

France Investissement Tourisme
Ce fonds dédié au tourisme a été lancé par Bpifrance en octobre 2015. Contactez Serge Mesguich, directeur du pôle tourisme, et Fanny Letier, directrice fonds propres PME, ou rapprochez-vous de votre conseiller Bpifrance. Plus d’infos : http://www.bpifrance.fr/Bpifrance/Nos-metiers/Fonds-propres/Fonds-directs-Bpifrance/Capital-Developpement-Transmission-Thematique/Tourisme/Fonds-France-Investissement-Tourisme

FSE (Fonds social européen)
D’après le plan de développement Europe 2020, le FSE doit contribuer à "améliorer les possibilités d’emploi, renforcer l’inclusion sociale, lutter contre la pauvreté, promouvoir l’éducation, l’acquisition de compétences et l’apprentissage tout au long de la vie". Prenez contact avec votre direction régionale de "L’Europe en France" : http://www.fse.gouv.fr/vous-etes-candidat/je-me-lance/les-services-a-contacter-pour/article/les-sites-regionaux

PIA (Programmes d’Investissements d’Avenir)
Menés par la Caisse des dépôts et Bpifrance, ces programmes ont pour mission de financer des projets innovants sur le territoire français. Ils sont dotés de près de 47 milliards d’euros. La bourse French Tech, dédiée aux start-up françaises innovantes, en fait partie. Soumettez votre projet à l’adresse suivante : http://www.caissedesdepots.fr/soumettre-un-projet.

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