
Le PDG de La Compagnie et de XL Airways détaille sa feuille de route pour Tour Hebdo.
Tour Hebdo : Le rapprochement avec La Compagnie n’est-il pas une opération plutôt capitalistique ?
Laurent Magnin : Depuis huit ans, je cherchais un actionnaire pour XL Airways. Mais il y a un problème récurrent pour le transport aérien français. Air France avec ses grèves tous les quatre matins fait office d’épouvantail à investisseurs. J’ai rencontré au sein de La Compagnie un actionnariat familial qui était à la recherche d’une taille critique. Ce qu’a apporté XL. Chacune, après recapitalisation de dix millions d’euros de La Compagnie, a été valorisée à 18 millions d’euros. Il n’y a eu qu’un échange de titres. Etant Président aux sens exécutif des deux compagnies, je garde une capacité de décision instantanée.
T.H. : Avez-vous assez d’avions ?
L.M. : Non, c’est pourquoi un quatrième A330 va entrer en flotte cet été, un ex-A330-200 d’Air Europa. Et nous prévoyons un cinquième long-courrier en 2018.
T.H : Pourquoi la configuration cabine va-t-elle être revue ?
L.M. : Pour faire simple et suivre la tendance du marché, tous nos A330 seront monoclasses avec 360 ou 408 sièges. Nous supprimons donc la classe Premium Eco difficile à vendre. Mais je ne dis pas que dans six mois, je ne changerai pas d’avis en fonction de la demande des passagers. XL Airways a déjà modifié trois fois son modèle économique, du charter pur au régulier en passant par l’hybride.
T.H. : Pourquoi revenez-vous sur les Antilles cet été ?
L.M. : Nous proposons trois vols par semaine sur Fort-de-France et Pointe-à-Pitre au départ de Paris, sauf pendant la période de très basse saison. Nous avons réussi à monter nos parts de marché de 30% cet hiver, ce qui nous a incités à voler l’été.
T.H. : Quelles sont les perspectives d’avenir ?
L.M. : Faire rentrer beaucoup d’avions, peut-être dix en cinq ans avec des A330neo. Foncer sur l’incoming pour faire venir des touristes. Ne plus dépendre des Etats-Unis. Une ouverture sur l’Asie est aussi envisageable. Pour contrer les compagnies du Golfe, nous devons produire des vols non-stop à 600 euros. A ce tarif, il y aura des clients qui souhaitent éviter les escales de Dubaï ou de Doha. On est parti pour desservir la planète à 600 euros en éco ou à 2 000 euros en affaires ! En gardant une séparation des flux, éco chez XL et business chez La Compagnie.
T.H. : Quels seront les résultats de XL en 2016 ?
L.M. : Je les réserve à mes actionnaires et ils seront connus à la fin de ce mois. Mais je peux dire qu’ils sont à l’ "équilibre plus". En dix ans, j’ai réussi à gagner de l’argent lors de sept exercices avec trois-quatre avions. Une autre compagnie française au chiffre d’affaires assez proche a perdu 500 millions d’euros pendant la même période.
Propos recueillis par Thierry Vigoureux