La nouvelle compagnie, dont le nom de code est "Boost", doit permettre à Air France de reconquérir les marchés difficiles.
Après le conseil d’administration et le comité central d’entreprise, Jean-Marc Janaillac, Pdg d’Air France-KLM, a répondu à la mi-journée aux questions de la presse sur Trust Together, son plan de développement de la compagnie.
Quatre mois après sa nomination à la tête du groupe Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac a donc acquis "la conviction que le statu quo n’était pas une option". La compagnie Air France doit "retrouver de l’ambition pour reprendre l’offensive et redevenir un leader européen".
En chiffres, cela signifierait une croissance de 2 à 3% par an jusqu’en 2020 pour atteindre 28 milliards d’euros de chiffre d’affaires, transporter 100 millions de passagers (contre 87 actuellement) avec une flotte de 435 appareils.
Un des outils de ce développement sera une compagnie (nom de projet Boost) dédiée aux marchés difficiles pour contrer la concurrence des transporteurs du Golfe. Actuellement, 15% des dessertes long-courriers de KLM sont déficitaires. Il y en a 35% à Air France dont 10% sont très lourdement en perte.
10 avions en 2020 au confort et service proche d'Air France
Avec le projet Boost, le groupe devrait aligner dix avions en 2020 qui offriront un confort et un service assez proche de celui d’Air France. Si, en affaires, on trouvera des sièges-lits, tous n’auront pas accès à l’allée centrale comme c’est le cas sur la nouvelle classe Best en cours de déploiement.
De même, la classe économique sera densifiée. Ceci pour offrir des tarifs compétitifs vers le Sud-Est asiatique vis-à-vis des compagnies du Golfe. Livrés à partir de 2019, les Airbus A350-900 lui seraient dédiés. En attendant, d’autres appareils de la flotte actuelle pourraient être utilisés, comme le fait déjà Eurowings au sein du groupe Lufthansa.
Dix avions au total, ce sont en réalité neuf appareils opérationnels, ce qui permet d’assurer à peine cinq dessertes quotidiennes en Asie. Cela restera donc un opérateur modeste. Et ce n’est pas une réponse à la concurrence de French blue ou de Norwegian dans les DOM.
Un nouveau directeur général au profil différent
Les syndicats de navigants ont accepté de faire une trêve sociale jusqu’au 28 février avant de reprendre les négociations sur leur organisation du travail. Mais le nouveau plan de compétitivité, guère différents des précédents, pourrait faire des vagues au printemps prochain.
Une nouvelle gouvernance est mise en place à Air France. Avec Jean-Marc Janaillac, Pdg du groupe Air France-KLM, et Franck Terner, directeur général d’Air France, on retrouve un tandem comparable à celui que formait au début de la décennie Jean-Cyril Spinetta et Pierre-Henri Gourgeon.
Janaillac peut ainsi intervenir dans les négociations à Air France. Franck Terner sort de l’ENSEA, une école d’ingénieurs assez peu connue, une autre que les classiques Polytechnique, Centrale ou Sup-Aéro. Il n’a pas fait non plus l’ENA.
Terner n’appartient donc pas à ces castes qui règnent dans les grandes entreprises et se cooptent aux postes-clés. Il est également diplômé du Conservatoire national des Arts & métiers (Cnam) et de l’Institut d’administration des entreprises (IAE) de Paris, des valeurs sûres, lettres de noblesse pour un dirigeant.
Il est passé par de nombreux postes de direction touchant à la maintenance, de Concorde aux moyen-courriers en passant par la filiale Regional.
Thierry Vigoureux