A l'issue d'une assemblée générale tenue lundi, Patrice Caradec a perdu son poste de Pdg de Transat France, remplacé par Pascal de Izaguirre, le patron de TUI France.
L’affaire a été rondement menée par TUI. Le rachat officiel de Transat France et de Tourgreece à peine acté le 31 octobre auprès de Transat A.T. pour un montant de 54,5 M€, TUI annonçait dans la foulée le limogeage de son Pdg Patrice Caradec en mettant notamment fin à son mandat d’administrateur.
Trois nouveaux administrateurs issus du groupe TUI ont ainsi été nommés lors de l'AG : Elie Bruyninckx, CEO TUI Western Region, Wim Van Besien, CFO TUI Western Region et Pascal de Izaguirre, président de TUI France, qui a été également élu Pdg et président du conseil d’administration de Transat France. Philippe Béchon, a, lui, conservé son poste de directeur délégué en charge des activités opérationnelles de Transat France. C’est lui qui devrait ainsi faire l’interface avec TUI France.
Patrice Caradec tablait sur une transition plus longue
Patrice Caradec effectuait ce matin un tour du siège de Transat France à Ivry-sur-Seine afin de faire ses adieux et de remercier ses anciens collaborateurs. Un petit mot a également été adressé à l’ensemble des salariés dans lequel il s’avoue surpris que TUI ait mis fin aussi rapidement à ses fonctions. Patrice Caradec espérait en effet assurer une transition plus en douceur. "Patrice ne s'est pas vraiement fait débarqué. Il a refusé les propositions qui lui ont été faites et son départ était de fait inévitable", nous a précisé un collaborateur de Transat France.
"Nous avons un peu la gueule de bois ce matin. Patrice Caradec était très apprécié des salariés de Transat France. C’était un patron très humain qui part avec un bon bilan", nous a confié un autre salarié.
Il n’est pas certain que son limogeage express soit de nature à rassurer les salariés à Ivry-sur-Seine, déjà très inquiets des conséquences sur l’emploi de leur rachat. Le Comité d’entreprise avait entrepris jeudi 28 octobre une action en référé auprès du tribunal de grande instance de Créteil reprochant à TUI de n’avoir pas diffusé d’informations sur l’impact de la fusion et notamment le document qui a servi aux autorités européennes de la Concurrence pour donner leur feu vert le 21 octobre. Si les magistrats rendront leur décision seulement entre le 10 et le 24 novembre, TUI semble vouloir imposer son calendrier.
TUI assure que le projet de rapprochement n’est pas encore établi
"Le rapprochement de deux acteurs majeurs du secteur va donner naissance au leader du tourisme. Nous devons à présent conduire et réussir le processus d’intégration en rassemblant toutes les équipes vers une ambition commune : celle de devenir l’acteur de référence du voyage en France. Cela passera par l’écoute et le dialogue avec tous les collaborateurs, pour réunir les forces et les atouts des équipes qui ont contribué aux succès de ces deux entreprises", déclare Pascal de Izaguirre dans un communiqué. Et d’ajouter : "L’ensemble des modalités qui nous permettront de nous mettre en ordre de marche sera établi très prochainement".
Une présentation pour les managers de Transat France est prévue demain jeudi, par la direction de TUI France. Un serveur commun pour la diffusion des informations disponibles sur les prochaines étapes de la fusion sera également opérationnel dès cette semaine.
Le communiqué diffusé jeudi dernier par TUI à l’issue du référé a toutefois été perçu comme maladroit par certains salariés de Transat. Il stipulait en effet que "le business plan du nouvel ensemble sera construit dans les semaines qui viennent grâce à un travail collaboratif entre les équipes de Transat et celles de TUI France".
Et le salarié de Transat de préciser : "Ce côté improvisé est mal passé. C’est maladroit de dire que rien n’a été réfléchi avant le rachat. Il y a une réelle inquiétude. Un PSE qui devrait toucher à la fois Transat France et TUI France semble inévitable." Réponse dans les prochaines semaines voire les prochains jours, TUI France devant tenir une conférence de presse le 4 novembre au matin.
S.J.