Deux micro compagnies françaises se rapprochent avec des activités très diversifiées et peu de points communs.
Dans un mariage, les époux, différents, peuvent se compléter mais doivent viser des projets communs. Or le rapprochement entre XL Airways et La Compagnie (Dreamjet), évoqué par La Tribune, est atypique. XL Airways, très présente pendant la saison estivale sur l’axe transatlantique avec des avions densifiés, propose une offre low cost.
La Compagnie, installée sur monodestination Paris-New York en classe affaires à prix cassés, s’est spécialisée sur une niche haut de gamme. Les deux segments de marché sont très éloignés l’un de l’autre et ne se complètent pas. On ne voit pas un passager de XL Airways se laisser tenter (moyennant supplément) par un siège-lit de La Compagnie et réciproquement.
En fait, le mariage potentiel entre les deux compagnies concerne avant tout leurs actionnariats. XL Airways, au fil des fluctuations de ses actionnaires, s’est retrouvée propriétaire de son capital, mais le tribunal de commerce a demandé qu’en 2016 soit constitué un actionnariat extérieur.
La société dirigée par Laurent Magnin arrive tout juste à l’équilibre financier et dispose, par ailleurs, d’une bonne trésorerie. Cela avait séduit des prétendants dans le passé, uniquement intéressés par le compte en banque dont un fonds américain basé en Suisse avec des capitaux russes...
La Compagnie, créée et dirigée par Frantz Yvelin, compte un véritable actionnariat qui, en dehors de Charles Beigbeder et de Michel Cicurel, ex-patron de la Compagnie financière Edmond de Rothschild, a souhaité rester anonyme. Selon La Tribune, Motier, la holding de la famille Moulin, propriétaire des Galeries Lafayette, serait un des principaux actionnaires. Un échange d’actions pourrait donc avoir lieu entre les deux transporteurs, sans qu’il y ait rien à débourser.
Les B757 sont en fin de vie
Et après ? XL Airways vole avec trois Airbus A330 densifiés offrant jusqu’à 408 sièges. La Compagnie exploite deux Boeing 757 à 74 sièges affaires. Certes, les deux transporteurs desservent Paris-New York, jusqu’à deux fois par jour lors des pics estivaux pour XL Airways.
Lorsque celle-ci s’arrête au creux de l’hiver, il n’est pas imaginable de proposer à ses clients un code share sur La Compagnie au tarif XL de 440 euros aller et retour quand le tarif d’appel en affaires est de 1 300 euros.
Faute de synergie commerciale, il reste toujours un peu à gratter sur les achats de carburant, les assurances, des contrats de maintenance, mais les deux types d’avions, Airbus et Boeing, exigent des équipages ou des stocks de pièces détachées différents. Et les B757 sont en fin de vie.
Ce rapprochement est-il un objectif final ou une étape intermédiaire ? Le voyage récent de Laurent Magnin en Chine laisse penser que d’autres évolutions sont possibles. Ce dernier laissait entendre depuis un an qu’il serait la low-cost long courrier parfaite pour le groupe Air France-KLM.
Le dossier a été étudié, mais il a été rejeté face au risque d’un nouveau conflit avec les pilotes d’Air France mis en concurrence avec les navigants techniques de XL Airways, presque aussi bien payés mais travaillant plus. Autre piste qui avait été évoquée, la prise de contrôle par Air Austral, à laquelle le conseil régional de La Réunion a demandé d’étudier la création d’une compagnie low-cost, n’a pas aboutie.
Thierry Vigoureux