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Croisière

Marché de la croisière : les initiatives des compagnies pour profiter de la croissance


Publié le : 30.05.2016 I Dernière Mise à jour : 30.05.2016
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Formation des agents de voyages, nouvelles expériences à bord… les acteurs de la croisière multiplient les actions pour soutenir et profiter d’un marché en plein essor.

Ouverture d’agences 100 % croisières par Thomas Cook et Kuoni, respectivement à Marseille et à Paris. Inauguration d’une boutique parisienne par Ponant, une première depuis longtemps en France pour une compagnie de croisières (Costa/Paquet a eu une boutique boulevard Malesherbes dans la capitale), etc. Le début de l’année 2016 est ainsi ponctué d’initiatives marquantes dans la distribution de ce produit, prouvant la vitalité du marché de la croisière en France.

Les derniers chiffres publiés par Clia, l’association internationale des compagnies de croisières, confirment cette dynamique. En 2015, le nombre de croisiéristes maritimes français a augmenté de 3,6 % par rapport à 2014, en ligne avec la croissance du marché européen, à 3,1 %. Cette hausse, certes plus faible que l’année précédente (+ 14 %), s’explique par une capacité restée stable sur le marché français en 2015. Avec 615 000 passagers (soit un doublement en six ans), la France occupe toujours le quatrième rang en Europe.

Costa, sans donner de chiffres, évoque aussi une année de croissance. "Le bilan est très positif sur la zone Caraïbes, avec trois paquebots qui ont séduit le marché local et la métropole", précise Georges Azouze, le président de la compagnie pour l’Hexagone.

Les producteurs aussi en ordre de marche

MSC Croisières annonce pour sa part une progression de 10 % en volume et en valeur, avec 165 000 passagers français en 2015. "Une performance d’autant plus remarquable qu’elle s’est établie à capacité constante", souligne Erminio Eschena, l’ex-patron de la compagnie en France (il vient d’être remplace par Patrick Pourbaix, ex-Dg adjoint de Costa France).

Avec la mise en service du Lyrial en mai 2015, dernier des quatre sisterships commandés, Ponant a vu sa croissance bondir de 22 % en volume, pour atteindre les 28 000 passagers en 2015 (dont 50 % à 60 % de Français). Chez Hurtigruten, avec 15 070 passagers français, la progression est de 17 %, dont une envolée de 85 % pour les croisières d’exploration (soit 600 clients).

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Les réseaux de distribution partagent aussi un bilan positif. "La vente de croisières affiche une croissance à deux chiffres", avance Emmanuelle Bach Donnard, directrice marketing et communication de Havas Voyages. "Les prises de commande sont en hausse de 19 % sur ce produit entre 2014 et 2015", précise pour sa part Dominique Beljanski, présidente de Selectour Afat.

Côté production, Jet tours testera un premier club sur le Star Clipper cet été et s’est associé avec le TO maritime Rivages du Monde pour proposer des croisières personnalisées à bord du petit paquebot MS Astoria, une offre mise en avant dans une brochure spécifique. Kuoni a également lancé l’été dernier une première brochure croisières de 160 pages, et partage avec Plein Cap le MS Berlin sur des itinéraires en mer Baltique et en Méditerranée.

Accompagner la distribution

Au regard du faible taux de pénétration (nombre de Français ayant déjà fait une croisière rapporté au nombre total de Français), de 0,9 % en 2015, les professionnels du secteur croient fortement en la poursuite du boom de la croisière en France. D’autant que ce chiffre navigue en effet plutôt à 2 % chez nos voisins britanniques et allemands.

Les leviers de croissance sont clairement identifiés, comme l’augmentation des départs de ports français, la communication faite par les compagnies, l’attractivité et la qualité des produits, sans oublier l’accompagnement des agences de voyages. En 2016, ce dernier devrait être plus soutenu avec le lancement du programme de formation Cruise Experts par Clia et l’association méditerranéenne des ports de croisières (MedCruise). Cruise Experts s’appuie sur une plate-forme en ligne et des événements rassemblant vendeurs et acteurs de l’industrie.

Pour découvrir le produit, Costa a proposé 1 000 cabines aux agents de voyages en mars et avril pour des éductours de une ou deux nuits à bord du Costa Diadema entre Savone et Marseille ou Barcelone. Distribuée par quelque 3 800 agences par an contre 800 dans les années 1990, la compagnie italienne met désormais un expert à disposition des agences groupes (plus de 20 personnes) pour les conseiller dans le choix des excursions (par ailleurs mieux commissionnées).

Au Pavillon Ponant, sa nouvelle agence de 200 m2 située dans le très chic 16e arrondissement de Paris, la compagnie de luxe accueille ses clients mais aussi les conseillers voyages à l’occasion de formations et d’événements spéciaux.

Pour faire connaître la ligne de l’Express Côtier et son offre de croisières expédition, Hurtigruten édite cette année pour la première fois un manuel de vente.

Enfin, Croisière de France revient à la formule all inclusive pour proposer une offre plus facile à vendre aux distributeurs. Du côte des ces derniers, bien que située dans la Cité phocéenne, la nouvelle agence Thomas Cook spécialisée sur la croisière a aussi vocation à diffuser son expertise auprès de tous les points de vente du réseau. Enfin, Havas Voyages reconduit son opération Esprit Croisière avec mise en avant de l’offre dans ses 58 agences expertes. Signe de l’intérêt pour ce produit, quelque 1 100 agences ont encore participé du 7 au 14 mars dernier à J’aime la Croisière, organisée par Clia, qui mobilise dix-neuf compagnies. Le dixième anniversaire de cette opération commerciale, qui sera célébré cet automne, devrait réserver quelques surprises.

3 questions à… Cédric Rivoire-Perrochat, Dg de Clia France

"L’offre a créé la demande"

Comment évolue le marché de la croisière en France ?

Le marché français de la croisière est atypique : l’offre a créé la demande. L’augmentation de la capacité, avec plus de départs pour certains navires, l’arrivée de gros-porteurs tels que l’Harmony of the Seas, ou l’augmentation des départs depuis Le Havre alimentent mécaniquement la croissance du marché. L’année 2016 sera toutefois marquée par la disparition de trois grosses destinations en Méditerranée : la Tunisie, la Turquie et, à nouveau, l’Égypte. La plupart des compagnies ont cessé leurs escales dans ces pays et les ont remplacées par les îles grecques, la Sicile, Malte et les Baléares.

Comment poursuivre le développement du marché ?

Il faut continuer à former les réseaux de distribution, surtout avec une offre aussi diversifiée. Pour ce faire, Clia a lancé Cruise Experts, un programme national de formation pour les agents de voyages. Début 2015, pas moins de 3 millions de personnes en France se disaient prêtes à partir en croisière dans les cinq années à venir. Le potentiel est donc important. Le segment du Mice est aussi prometteur. Pour les entreprises, on peut concevoir un produit nouveau et intéressant pour l’intersaison sur des mini-croisières.

Quels sont les enjeux du secteur ?

Concernant la sûreté à bord, sans entrer dans le détail, un renforcement des actions et procédures a fait suite aux attentats de novembre dernier en France. Sur le thème de l’environnement, on ne dit pas assez que les compagnies, tous marchés confondus, ont diminué de 25 % leur consommation de carburant sur les cinq dernières années. Tous les nouveaux navires sont équipés de dispositifs permettant de réduire leur empreinte écologique. Les autres unités le seront a posteriori. C’est dans l’intérêt des compagnies car cela participe à la réalisation d’économies.

Propos recueillis par F.D.


Sophistiquer l’offre

Pour séduire davantage de clients, les compagnies s’attachent à améliorer la qualité de leurs produits : rénovation de navires (chez Celestyal Cruises et Hurtigruten en 2016, Norwegian Cruise Line en 2016 et 2017), déploiement de nouvelles expériences (toboggan vertigineux sur l’Harmony of the Seas ou robots humanoïdes chez Costa), création d’une offre de divertissement pointue. Ainsi, chez MSC Croisières, le Cirque du Soleil proposera des shows exclusifs à bord des navires de la classe Meraviglia, dont la première des quatre unités sera inaugurée en juin 2017. D’ici fin mai, Costa déploiera une animation inspirée du concours télévisé The Voice sur dix de ses navires. Dans une logique de montée en gamme, Ponant a signé un accord avec le chef Alain Ducasse pour offrir à ses croisiéristes une nouvelle carte, plus gastronomique, au troisième trimestre 2016. Croisières de France invite pour sa part à déguster une cuisine signée par le chef Francis Lévèque et labellisée par le très réputé guide culinaire Gault & Millau.

Au-delà des produits, les compagnies misent aussi sur la diversification des itinéraires, afin de développer le marché et de s’adapter aux aléas géopolitiques. Dans les Caraïbes, Cuba est la destination montante. Celestyal et Star Clippers, déjà présents dans l’île, viennent d’être rejoints par MSC Croisières. Fort du succès de la première saison cubaine du MSC Opéra, la compagnie y positionnera un second navire, le MSC Armonia, à partir de novembre 2016. Pour remplir son quota de clients français à bord, MSC mettra en place des vols directs depuis Paris (un accord a été signé en 2015 avec Air France) mais aussi depuis la province, de Nantes, Toulouse ou Bordeaux. Costa Crociere n’y est à ce jour pas présente en tant que filiale du groupe américain Carnival Corporation soumise à l’embargo. Mais la situation pourrait changer puisque Carnival effectuera en mai une escale dans l’île, une première depuis 1962, avec le MV Adonia sous sa nouvelle branche Fathom. "Nous regardons Cuba comme une possible destination", nous a ainsi répondu Costa.

Les pôles commencent aussi à magnétiser les passagers. L’offre s’étoffe avec des compagnies très actives telles que Ponant et Hurtigruten. Et la demande suit : entre 2013 et 2014, Clia notait le doublement du nombre de clients français pour les croisières polaires, soit 4 000 pax. Pour la première fois cet hiver, Ponant déploie trois navires en Antarctique, doublant ainsi son offre. Hurtigruten y triple, elle, sa capacité en positionnant le MS Midnatsol pour épauler les MS Fram et MS Nordstjernen via la programmation de onze itinéraires et dix-sept dates de départ. Pour finir, le MS Spitsbergen, le nouveau navire d’expédition polaire de la compagnie, sera affecté aux navigations polaires en Arctique dès l’été 2017 (d’ici là, il est dédié à la Norvège).

Changer le regard sur la croisière

Enfin, l’évolution de l’image de la croisière est un puissant levier de croissance et justifie les budgets publicitaires à la hausse des compagnies pour personnaliser leur marque. "La publicité est une martingale", affirme Hervé Bellaïche, Dg adjoint de Ponant, faisant référence au taux de transformation en agence après les campagnes de communication. En 2015, Costa a augmenté son budget de 25 % et a choisi la célèbre chanteuse colombienne Shakira comme égérie. "Nous devons convaincre les Français d’embarquer sur nos navires sachant que la croisière est devenue un produit pour toutes les clientèles, grands-parents, parents, enfants, jeunes adultes, couples..." souligne Georges Azouze. MSC Croisières a pour sa part prévu cette année une enveloppe de 15 M€ pour mettre en avant son esprit méditerranéen et se repositionner sur le luxe abordable.

Des commandes en cascade

Cette évolution positive du regard des consommateurs, notamment des plus jeunes, sur le produit croisières provient aussi des investissements colossaux réalisés par les compagnies dans la commande de nouveaux navires. En février dernier, MSC Croisières a confirmé les deux options sur la construction des navires Meraviglia Plus auprès des chantiers STX de Saint-Nazaire. L’armateur comptabilise ainsi sept navires nouvelle génération en projet pour un plan d’investissement de 5,3 milliards d’euros. Costa a annoncé en juillet 2015 la commande de deux navires de grande capacité (6 600 pax chacun avec 2 600 cabines) livrés en 2019 et 2020. Ponant va lancer la construction de quatre unités 5* de 92 cabines (184 passagers) dans les chantiers navals norvégiens Vard. Le premier sera livré en 2018, sachant que ces unités seront Ice Class pour naviguer en Antarctique comme en Arctique. Pour la première fois depuis quinze ans, Star Clippers lancera de son côté un voilier de 150 cabines au premier semestre 2017.

Avec l’ouverture de boutiques dédiées, Kuoni et Thomas Cook misent clairement sur la croisière comme un produit d’avenir, le marché possédant encore des marges de progression importantes. Les taux de satisfaction des clients et de repeaters sont en outre élevés. Et pour les producteurs affectés par les aléas géopolitiques et les menaces terroristes, la croisière offre un horizon plus dégagé.

Toujours plus de navires fluviaux

Le marché de la croisière fluviale se développe, avec dix-huit bateaux en commande pour 2016, au sein des compagnies membres de Clia. Parmi eux, quatre sont mis en service cette année. CroisiEurope a inauguré en avril le MS Elbe Princesse, un bateau à aubes nouvelle génération de 40 cabines qui peut naviguer toute l’année sur l’Elbe et accoster au cœur de Prague. La compagnie déploie aussi deux nouvelles péniches pour des croisières plus intimistes sur les canaux de France. Lüftner Cruises étoffe son offre premium avec l’Amadeus Silver III, troisième bateau de la classe Silver. Doté de 12 suites et 72 cabines, il navigue sur le Rhin depuis avril. L’année 2016 sera aussi marquée par l’arrivée de Crystal Cruises sur le segment du fluvial. Le Crystal Mozart, précédemment opéré par l’allemand Plantours et rénové pour être un navire de luxe, avec 90 cabines, un spa et une piscine intérieure, débutera le 13 juillet une croisière inaugurale de 17 jours entre Amsterdam et Budapest. Quatre autres navires fluviaux étofferont la flotte d’ici 2017.

Les dernières statistiques de Clia sur le marché français de la croisière fluviale font état de 150 000 passagers français en 2014, en recul de 3 % par rapport à 2013. La France constituent le quatrième marché source dans le monde pour les croisières fluviales, derrière l’Allemagne, les États-Unis/Canada et le Royaume-Uni/Irlande. Nos compatriotes privilégient trois destinations : les fleuves français (30 %), le Rhin (24 %) et le Danube (18 %).

Florence Donnarel

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