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Réceptif

Parcs de loisirs : quel est l'état du marché ?


Publié le : 02.05.2016 I Dernière Mise à jour : 02.05.2016
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Disneyland Paris a inauguré la Jedi Training Academy, un show interactif qui propose aux enfants de 7 à 12 ans d’être partie intégrante du spectacle en revêtant la tenue de jedi et en maniant le sabre I Crédit photo laser. © Disney

Les parcs sont dans une spirale dynamique et s’imposent chaque année un peu plus comme des destinations de court séjour. Les agences de voyages sont les premières à en profiter.

C’est le plus gros investissement réalisé par le Puy du Fou. Pour son nouveau spectacle, Le Dernier Panache, le parc vendéen a déboursé 18 M€. Il ne fait pas exception. Partout en France, de Marne-la-Vallée à Poitiers, de la forêt de l’Oise aux rives de la Méditerranée, les investissements flambent. Car derrière les paillettes, les enjeux économiques sont colossaux. L’an dernier, les 2 millions de visiteurs du Puy du Fou (+ 12 % par rapport à 2014, ce qui conforte le site comme second parc français derrière Disneyland Paris) ont généré un chiffre d’affaires record de 83,6 M€ (+ 13,3 %). Et pour chaque euro dépensé, un visiteur laisse 2,80 € dans la région.

Des nouveautés pour fidéliser

Plus globalement, tous les grands parcs enregistrent des chiffres positifs en 2015, avec une croissance des visiteurs comprise entre 5 % et 10 %. Cette course endiablée aux nouveautés répond à plusieurs objectifs. D’abord, se différencier dans une concurrence devenue exacerbée. Il existe plus de 300 parcs en France, selon le Syndicat national des espaces de loisirs, d’attractions et culturels (Snelac), qui attirent chaque année plus de 30 millions de visiteurs, de la fête foraine améliorée aux parcs aquatiques.

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Proposer ensuite une offre constamment renouvelée pour séduire des visiteurs qui viennent... et reviennent. "Le taux de fidélisation, c’est-à-dire la part de visiteurs qui reviennent dans les trois ans, atteint 60 %. Il est stratégique de proposer des nouveautés pour améliorer en permanence l’expérience client", explique Guy Vassel, le directeur général adjoint du Parc Astérix. Dans le parc de l’Oise (1,85 million de visiteurs en 2015, + 8 % par rapport à 2014), on inaugure une attraction majeure tous les deux ans. Cette année, avec 3 M€ dépensés notamment dans Discobélix, on est en année "creuse". L’an prochain, Astérix annonce un investissement de 15 M€, avec une nouveauté tenue secrète.

Chez Disneyland Paris, on se concentre cette année sur de nouveaux spectacles, et surtout sur les rénovations d’une dizaine d’attractions, démarrées en 2015 et qui s’achèveront début 2017 (Space Mountain, Pirates des Caraïbes, Big Thunder Mountain, Peter Pan’s Flight…). Le site de Marne-la-Vallée a retrouvé des couleurs l’an dernier avec 14,8 millions d’entrées, soit 600 000 de plus qu’en 2014, et un CA record, en hausse de 7,3 %, à 1,37 milliard d’euros, même si le resort a encore perdu 102 M€.

Enfin, la multiplication des attractions contribue à doper les recettes, en incitant les visiteurs à rester plusieurs jours sur place…

 

« Quand ils restent sur place plusieurs jours, le comportement des visiteurs change. Ils prennent le temps de se faire plaisir. »

Pierre Watrelot, responsable des ventes France du Futuroscope

 

Objectif : allonger la durée de séjour

Dans le sillage de Disneyland Paris, les grands parcs français et européens (notamment PortAventura en Espagne et Europa-Park en Allemagne) se positionnent désormais clairement comme des destinations à part entière.

Avec 4 millions de visiteurs par an (dont 50 % d’étrangers), PortAventura, situé près de Tarragone, renforcera ce phénomène au travers de l’ouverture en 2017 d’un troisième parc : un Ferrari Land, copie du Ferrari World d’Abu Dhabi, qui représente un investissement de 100 M€. Le resort de loisirs qui possède cinq hôtels (un sixième ouvrira sur le parc Ferrari Land) profite aussi de sa situation sur la Costa Dorada, propre à inciter les clients à allonger la durée de séjour. "La tendance au court séjour est forte, avec des atouts reconnus : une offre de proximité, apportant sécurité et dépaysement", explique Alain Fettig, délégué commercial France d’Europa-Park, dont les Français représentent 25 % des 5,5 millions de visiteurs enregistrés en 2015 (+ 10 % en un an).

"Un visiteur sur deux passe désormais au moins deux jours dans le parc, et même 75 % durant l’été", se félicite pour sa part Pierre Watrelot, responsable des ventes France du Futuroscope. Dopé par des attractions fortes (Arthur, l’Aventure 4D, La Machine à voyager dans le temps des Lapins Crétins...), le parc de la Vienne a attiré 1,83 million de visiteurs en 2015 (+ 11 %). Surtout, les dépenses ont flambé, avec un chiffre d’affaires de 96 M€ (+ 13 %). "Quand ils restent sur place plusieurs jours, le comportement des visiteurs change. Ils prennent le temps de se faire plaisir." Avec son nouveau spectacle nocturne en coopération avec le Cirque du Soleil qui oblige à rester tard le soir, le Futuroscope espère renforcer encore cette tendance.

"Notre stratégie vise clairement à allonger la durée de séjour, car cela joue aussi sur le niveau de satisfaction. Environ un tiers de nos visiteurs restent désormais deux voire trois jours. Le phénomène va encore s’accentuer avec notre nouveau spectacle, qui va s’imposer comme un incontournable" confirme également Étienne Guilmineau, directeur commercial du Puy du Fou. Chez Disneyland Paris, les séjours de 2 jours/1 nuit sont déjà légion, et la tendance aux forfaits de 3 jours/2 nuits est croissante. "Cela joue beaucoup sur le niveau de satisfaction et la qualité de l’expérience client, notre priorité. En séjournant plus longtemps, les visiteurs prennent le temps de profiter pleinement des deux parcs mais aussi des hôtels, du Disney Village", complète Javier Moreno, directeur marketing et ventes France.  

L’offre hôtelière au cœur de la stratégie

Au final, dans le top 5 des parcs français les plus visités, seul le Parc Astérix fait encore exception, avec des visiteurs à la journée pour l’essentiel. Plus pour longtemps ! Au-delà de nouvelles attractions, la clé passe par un développement des hôtels intégrés. Pour l’heure, le parc de l’Oise ne dispose que d’un établissement de 100 chambres, mais commercialise des offres à travers des partenaires hôteliers (1 000 chambres dans la région). "Nous allons ajouter 50 chambres à notre hôtel des Trois Hiboux en 2017, et surtout construire deux établissements en 2018 et 2019, de 150 chambres chacun", confie Guy Vassel. Ces réalisations permettront en outre de renforcer l’activité Mice (séminaires, réunions, congrès, incentives) sur le site.

Ailleurs aussi, c’est l’effervescence. Le Puy du Fou, qui possède déjà quatre hôtels (soit 304 chambres) affichant un taux de remplissage de 85 %, devrait ouvrir un nouvel établissement d’une centaine de chambres en 2017. "Le levier de croissance passe clairement par une augmentation de nos capacités", confirme Étienne Guilmineau. En attendant, le parc vendéen multiplie lui aussi les partenariats en commercialisant 26 hôtels de la région. Avec 11 hôtels sur site (1 500 chambres), le Futuroscope est bien loti. "Le travail porte d’abord sur l’optimisation du revenu, même si nous restons ouvert à des partenaires pour développer le secteur hôtelier", note Pierre Watrelot. Chez Disneyland Paris aussi (5 800 chambres avec sept hôtels, et un taux de remplissage en hausse, à 79,4 %), l’avenir passe également par un développement via des partenaires ; à l’image du nouveau B&B Hôtel (400 chambres) dans la zone du Val de France, qui devient le huitième hôtel associé du parc. Parallèlement, le resort poursuit la rénovation de ses propres hôtels. Après le Santa Fe, le Séquoia Lodge, le Newport Bay Club et le Davy Crockett Ranch, c’est au tour du Cheyenne de bénéficier d’une rénovation complète.

De l’autre côté de la frontière, Europa-Park possède cinq hôtels (950 chambres) et un camping (460 lits) et prépare la construction d’un nouvel établissement pour 2018, qui accompagnera l’ouverture d’un second parc (aquatique).

Même les sites plus petits ont compris l’intérêt de disposer de leur propre hôtel. Le Marineland d’Antibes a ouvert un établissement de 95 chambres en 2015, Le Pal, qui mêle attractions et animaux en Auvergne-Rhône-Alpes (575 000 visiteurs en 2015), propose 31 lodges sur pilotis, alors que le ZooParc de Beauval dispose de deux unités. Même Nigloland (Aube) possède son propre Hôtel des Pirates (30 chambres) depuis 2005.  

 

« L’offre est formatée, facile à vendre, et les après-ventes sont rares, ce qui facilite la distribution via les professionnels. »

Étienne Guilmineau, directeur commercial du Puy du Fou

 

Les agences, canal en plein essor

Cette offre hôtelière est la condition indispensable pour développer les ventes via les professionnels du tourisme. Chez Disneyland Paris, qui commercialise ses offres packagées avec son propre TO, ces derniers génèrent la moitié des visiteurs français. "Les agences sont nos ambassadrices. Elles jouent un rôle majeur pour vendre des prestations complémentaires qui améliorent l’expérience client et la satisfaction, et permettent d’augmenter le panier moyen", confirme Javier Moreno. Éductours, offres dédiées et site Web Disneystars.com pour distiller informations et formations sont au cœur de la stratégie du resort.

Pour les autres parcs, les ventes en agences se font essentiellement via quelques TO partenaires, Nouvelles Destinations, Thomas Cook/Jet tours, Visit Europe ou Lagrange. "L’offre est formatée, facile à vendre, et les après-ventes sont rares, ce qui facilite la distribution via les professionnels. Au final, les ventes indirectes, que ce soit par les CE, les autocaristes ou les agences, représentent 50 % de notre activité", confie Étienne Guilmineau au Puy du Fou. Même satisfaction au Futuroscope, où les ventes par les professionnels génèrent 35 % de l’activité (12 % pour les seuls agences et autocaristes). "Avec une belle progression de 15 % dans certains réseaux l’an dernier, pour un panier moyen d’environ 300 €", se félicite Pierre Watrelot. Chez Astérix, en attendant un développement de l’offre hôtelière, les forces sont concentrées sur le marché des groupes et des autocaristes, avec 25 000 séjours commercialisés l’an dernier, deux fois plus qu’en 2014. "Europa-Park développe la vente en agences depuis trois ans, via trois TO : Nouvelles Destinations, Visit Europe et Jet tours. La progression est spectaculaire, de l’ordre de 20 % par an", précise Alain Fettig. Référencé par Voyages-sncf.com, le parc allemand est également revendu depuis l’automne par Weekendesk.

Cette appétence des agences devrait se confirmer dans les prochaines années tant les parcs de loisirs sont désormais enracinés dans la culture française. En particulier en 2017, riche en événements. Pour ses 30 ans, le Futuroscope annonce une attraction majeure autour de l’univers de Jules Verne. Disneyland Paris célébrera pour sa part ses 25 ans. Son toilettage achevé, le resort pourra profiter de la recapitalisation de 1 milliard d’euros par sa maison mère pour investir massivement. La prochaine grosse nouveauté devrait être une version modernisée de Star Tours, l’attraction vieillissante dédiée à l’univers de Star Wars qui a fermé ses portes le 16 mars pour mieux renaître, en profitant des nouvelles technologies. Que la force soit avec les agences.

Avalanche de nouveaux projets en France

Partout dans l’Hexagone, de nouveaux parcs se préparent à redessiner notre territoire. Parmi eux, le Parc Spirou doit ouvrir dans le Vaucluse en 2017, avec deux ans de retard. Ses concepteurs parient sur le dynamisme de personnages de BD (Spirou, mais aussi le Marsupilami, Gaston Lagaffe ou Lucky Luke) pour attirer 500 000 visiteurs par an dans un premier temps. Autres projets dans les cartons, et dont on ne sait s’ils verront réellement le jour : un parc dédié à Napoléon en Seine-et-Marne, aux Templiers près de Carcassonne, ou encore Heroic Land à Calais, annoncé pour 2019, avec plus de trente attractions autour des mangas, de la science-fiction et de l’heroic fantasy, et un investissement colossal de 275 M€ (qu’il reste à rassembler). Mais attention… Les déboires du Bioscope (en Alsace), abandonné après six ans d’exploitation désastreuse et transformé en 2014 en Parc du Petit Prince, les difficultés de Vulcania (moins de 350 000 visiteurs par an quand le projet en prévoyait 1 million) ou encore de Terra Botanica (180 000 entrées payantes à Angers en 2015), devenu un gouffre financier pour Angers et l’Anjou, rappellent que si les parcs sont la martingale des élus locaux pour redynamiser leurs territoires, des projets mal ficelés ou surdimensionnés peuvent se terminer par une bonne gueule de bois…

Thierry Beaurepère

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