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Dossier spécial Tunisie : révolution en douceur à la fédération hôtelière


Publié le : 01.04.2016 I Dernière Mise à jour : 02.01.2018
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3 amis sont à l’initiative de ce mouvement : Rym Ben Fadhel Belajouza, Dg du groupe Seabel, Slim Dimassi, hôtelier à Monastir, et Jalel Henchiri, pdt de la fédération régionale du tourisme de Djerba I Crédit photo (de gauche à droite sur la photo) © E. Auffray

À la faveur de la crise, la deuxième génération d’hôteliers tente de faire évoluer le syndicat professionnel pour peser davantage dans la politique touristique.

L’envie couvait depuis longtemps, la crise post-attentats a servi d’étincelle : depuis quelques mois, un vent de réforme souffle sur la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH). Un groupe d’une quarantaine de professionnels, pour la plupart enfants des pionniers vieillissants du secteur, tente de renouveler l’institution. Longtemps restée en retrait, la deuxième génération entend ainsi reprendre la main et se faire entendre.

Tout est parti de l’initiative de trois de ses membres : Jalel Henchiri, président de la fédération régionale de Djerba, Slim Dimassi, hôtelier à Monastir et membre du bureau exécutif, et Rym Ben Fadhel Belajouza, Dg du groupe Seabel. Lassés, résume cette dernière, d’être "mal représentés en tant que profession, dans les instances de décision" et "mal perçus par l’opinion", les trois amis ont convié les plus dynamiques de leurs confrères, tous issus de cette deuxième génération, à se réunir pour envisager l’avenir et voir comment reprendre en main le destin de la profession. Une quarantaine de ces "quadras" – parfois quinquas –, parmi lesquels des poids lourds du secteur, ont répondu à l’appel. "On a été surpris, on ne pensait pas faire autant d’émules", relate Slim Dimassi. "Il y avait une vraie attente, en conclut Jalel Henchiri. Après la révolution, tout le monde a amorcé sa restructuration, pour être conforme à la nouvelle donne démocratique. Nous sommes la dernière corporation à ne pas l’avoir fait."

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"Être force de proposition"

Jusque-là, cette deuxième génération était restée à l’écart des instances, très engagée dans son métier mais peu organisée collectivement. Beaucoup se montraient critiques envers une fédération jugée rétrograde, peu représentative – seule une minorité de professionnels cotise –, dans laquelle ils ne se reconnaissaient pas. Désormais, les "quarante quadras", comme on les surnomme, comptent bien se faire entendre. "Nous voulons un syndicat fort, qui initie les réflexions, qui soit plus présent dans les instances de décision", résume Rym Ben Fadhel Belajouza. "On n’a plus envie de subir les décisions de l’administration. Nous sommes une profession qui emploie des milliers de personnes, nous devons être meneurs, force de proposition", défend Narjess Bouasker, de l’hôtel Menara, à Hammamet, elle aussi impliquée dans le processus.

 

« En Tunisie, les associations et les corporations sont très liées à une personne. […] Nous, nous voulons jouer collectif et faire primer l’institution. »

Jalel Henchiri, président de la fédération régionale du tourisme de Djerba

 

Pour ce faire, lors des premières réunions, trois options sont envisagées : créer un nouveau syndicat, lancer un think tank ou bien adhérer massivement à la FTH et tenter d’intégrer sa direction. C’est finalement cette dernière option qui sera retenue : en décembre, les quadras ont tous rejoint la fédération. "La FTH a déjà une légitimité auprès des autorités, cela évite de se battre pour se faire une place", résume Mehdi Allani, de l’hôtel Sultan à Hammamet, qui préside la commission Programme. En cours d’élaboration, celui-ci envisage la rédaction d’un code de déontologie, la mise au point d’un outil de veille économique indépendant des autorités, la création d’une fondation qui soutiendrait des projets caritatifs… La fédération nouvelle génération intégrerait également tous les modes d’hébergement, notamment les gîtes et les maisons d’hôtes, qui ont fleuri ces dernières années. Elle compte aussi valoriser les régions, défendre un tourisme basé sur les terroirs, la culture, un artisanat de qualité… Elle entend par ailleurs s’impliquer davantage dans la politique de formation, revoir les programmes des centres gérés par l’État, revendiquer une place accrue pour les professionnels dans toutes les instances officielles.

Modifier les statuts de la FTH

Les réformateurs veulent enfin modifier les statuts de la fédération : limiter le nombre de mandats présidentiels, abolir l’âge minimal de 50 ans requis pour la fonction, renforcer le rôle des autres membres du bureau exécutif... "En Tunisie, les associations et les corporations sont très liées à une personne. C’était plus facile à contrôler, sous Ben Ali. Nous, nous voulons jouer collectif et faire primer l’institution", assène Jalel Henchiri.

Pas question pour autant de faire table rase du passé. "On n’est pas des révolutionnaires qui renient tout ce que les anciens ont fait", met au point Jalel Henchiri. "Ce n’est pas un putsch, c’est une révolution en douceur", ajoute Slim Dimassi. D’ailleurs, la démarche est soutenue par l’actuel président de la FTH, Radhouane Ben Salah, associé au processus dès le début. Les quadras entendent maintenant convaincre l’ensemble des membres du bien-fondé de la réforme, puis espèrent faire adopter les nouveaux statuts avant de passer aux élections régionales et nationales, prévues au printemps.

Élodie Auffray, en Tunisie

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