L'association a récompensé l'étudiante pour son projet de compagnonnage dans le milieu des concierges d'hôtels de luxe et a livré les premiers résultats de son baromètre des femmes cadres.
C'est hier soir, à l'occasion de la Journée Internationale de la Femme, que l'association Femmes du Tourisme a décerné son trophée annuel à Albertine Soulié, jeune étudiante à l'EIML. Cette année, le thème du trophée portait sur les prospectives de développement d'une entreprise et s'adressait exclusivement à des étudiantes en Master 2, "pour préparer la relève", comme l'a précisé Agnès Gascoin, présidente de l'association.
Le projet d'Albertine Soulié, baptisé La Compagnie des Clés, est de développer un système de compagnonnage au féminin dans le milieu très masculin des concierges d'hôtels de luxe (45 femmes seulement sur 420 membres). La Compagnie des Clés s'accompagne d'une formation de 14 mois dans différents établissements à l'international.
Elle concourait face à deux autres finalistes : Mai Pham-Quang, elle aussi étudiante à l'EIML, qui veut créer Lux'Out, un système de vente de produits de luxe à prix dégriffés, sur des vols à destination ou en provenance de Chine; et Lisa Taurines, dont l'idée est de lancer une appli, un site web et des circuits autour des lieux de tournage de films mythiques.
Ces futures chefs d'entreprise ne doivent pas cacher la réalité du terrain : il y a peu de femmes leaders dans le tourisme. Sur un effectif féminin à 77%, le secteur ne compte que 13% de femmes dans les comités de direction des entreprises.
Un manque de confiance en elles
C'est dans le but d'analyser la place des femmes cadres dans le tourisme que l'association a lancé son premier Baromètre, en partenariat avec la Direction Générale des Entreprises. Les premiers résultats, basés sur 1 200 répondantes, montrent que 80% des femmes cadres ont plus de 35 ans et ont une formation Bac +3. Deux tiers sont salariées et un tiers sont dirigeantes de leur propre entreprise.
Leur parcours a été assez lent, puisque 70% d'entre elles ont démarré leur carrière à moins de 25 ans, et seulement 25% ont eu un statut de cadre dès le départ. Leur manque de confiance en elles expliquerait-il ce retard? Elles ne sont en effet que 5% à avouer qu'elles se font confiance, et elles sont seulement 10% à reconnaître qu'elles sont ambitieuses...
Un tiers des répondantes a connu une interruption de carrière due à la maternité mais 65% d'entre elles considèrent que ce n'est pas un frein. 68% ont une vision positive de leur poste, même si elles subissent beaucoup de stress à vouloir tout concilier, vie familiale et vie professionnelle, surtout avec des déplacements.
Le 7 juin prochain, les résultats complets du Baromètre seront dévoilés lors de la journée organisée par la DGE sur le thème "Innover et entreprendre dans le tourisme". Les salaires des femmes cadres y seront notamment décryptés.
Catalina Cueto