La start-up orléanaise aide les internautes à dénicher les meilleures offres dans le maquis – toujours plus dense – des sites collaboratifs.
Qui est l’entreprise ?
Créé en décembre 2014 dans la banlieue d’Orléans, Opitrip se définit comme un comparateur dans les secteurs de l’hébergement, du covoiturage, de la location de voitures et plus largement des services entre particuliers, le "kayak du tourisme collaboratif en quelque sorte". Il est vrai que l’offre est devenue pléthorique. Il existerait aujourd’hui plus de 7 500 sites et de nouveaux acteurs apparaissent chaque jour.
Comme souvent dans le monde des start-up, c’est une expérience concrète qui est à l’origine de l’entreprise. "L’idée nous est venue lors d’un séjour à La Rochelle. En recherchant une maison à louer, nous avons constaté qu’il était complexe de comparer les offres des différents sites collaboratifs. Opitrip ambitionne d’aider les internautes à faire les bons choix pour une expérience collaborative complète, de la réservation d’un hébergement à celle d’un guide local en passant par la location d’une caméra GoPro", précise Loïc Geoffroy, le Pdg de la jeune entreprise.
Qui en est le pilote ?
Un trio pilote la start-up. Ludovic et Loïc Geoffroy (30 et 32 ans) s’occupent des aspects commerciaux, marketing et financiers. Le premier a suivi un cursus financier quand le second est un touche-à-tout qui, une fois son bac professionnel de commerce en poche, a bifurqué vers la psychologie, avant d’obtenir un master en relations humaines. Les deux frères sont associés à Marc Moser, un jeune quinquagénaire spécialiste de la communication. Par ailleurs à la tête de l’agence Scoop Communication, qui édite notamment des magazines pour les collectivités locales, il est plus particulièrement en charge des partenariats chez Opitrip. Ensemble, les trois associés avaient déjà lancé en 2011 le site d’achats groupés Yeswedeal, avant de jeter l’éponge en 2014 face à la compétition féroce avec d’autres sites comme Groupon.
Quels sont ses moyens ?
Les trois partenaires ont investi environ 20 000 € sur leurs deniers personnels pour se lancer dans l’aventure, en s’appuyant sur la structure administrative héritée de Yeswedeal. Cette première somme a permis de lancer les études de faisabilité, de rédiger le cahier des charges puis de créer la plate-forme technologique, avec pour défi de convaincre les principaux acteurs du tourisme collaboratif de travailler avec la start-up. La signature rapide d’un accord avec BlaBlaCar a permis de lever les réticences et Opitrip a pu démarrer avec une dizaine de partenaires référencés. Pour passer à l’étape supérieure, l’entreprise a tenté l’été dernier de récolter 150 000 € à travers la plate-forme de crowdfunding Letitseed, sans succès. Elle s’est finalement tournée vers l’incubateur orléanais Pentalabbs. Au-delà d’héberger dorénavant la jeune pousse et de l’accompagner au quotidien dans son développement, il participe actuellement à une levée de fonds aux côtés d’investisseurs privés. Son montant reste pour l’heure confidentiel.
Le credo d'Opitrip : "Devenir le Kayak du tourisme collaboratif."
Quelle est l'offre ?
Sur www.opitrip.com, l’internaute est invité à choisir entre les onglets "hébergement", "covoiturage", "voiture" et "services", puis à remplir plusieurs champs (lieu, date de départ…) pour lancer une recherche. Le site référence pour l’heure une quinzaine de partenaires, dont Abritel, Interhome, HouseTrip ou 9flats pour l’hébergement, BlaBlaCar pour le covoiturage, Carnomise, Tripndrive et Deways pour la location de voitures. L’onglet "services" est opérationnel depuis quelques jours. On y trouve une offre de repas chez l’habitant et des activités proposées par des particuliers (avec pour partenaire la start-up hollandaise Withlocals), des guides locaux ou encore de la location de matériels.
"La levée de fonds va nous permettre de référencer de nouveaux partenaires et de développer d’autres fonctionnalités pour améliorer l’expérience utilisateur", assure Loïc Geoffroy. L’internationalisation est prévue dans le courant de l’année, avec notamment le référencement de spécialistes du covoiturage en Europe ou de la location de voitures entre particuliers aux États-Unis, ainsi qu’un développement en Grande-Bretagne et en Espagne. Opitrip va aussi améliorer son API (interface de programmation) dans les prochaines semaines afin de permettre aux professionnels du tourisme de reprendre tout ou partie de son offre (notamment les "services") sur leurs sites.
Quel est le modèle économique ?
Opitrip fonctionne sur le modèle de l’affiliation et perçoit une commission de 6 % à 8 % sur les ventes générées via la plate-forme. Quelques partenaires rémunèrent aussi l’entreprise sur le principe du coût par clic (CPC), c'est-à-dire un montant fixe payé pour chaque clic apporté par Opitrip. À l’image de la plupart des start-up, la jeune pousse demeure discrète quant à ses premiers résultats. Lors de sa tentative de levée de fonds sur Letitseed, elle annonçait 4 000 visiteurs uniques par mois. Forte de nouveaux moyens et d’un élargissement du nombre de fournisseurs, elle espère atteindre le chiffre de 300 000 à 500 000 visiteurs uniques pour l’année 2016, puis de franchir le cap du million en 2017. Aucun chiffre d’affaires n’est communiqué pour l’année 2015 mais l’objectif de 1,5 million d’euros en 2017, qui avait également été annoncé sur Letitseed, reste d’actualité.
Quelles sont ses limites ?
austivité de l’offre demeure un élément essentiel pour un comparateur. Il manque à Opitrip quelques leaders du tourisme collaboratif, notamment Airbnb ou Drivy, qui pourraient servir de véritables locomotives. Contactées, les deux entreprises font pour l’heure la sourde oreille. Plus que pour d’autres acteurs du Web, la communication est aussi un point crucial pour un comparateur dont le modèle économique repose sur le volume et qui doit attirer les internautes en masse. La levée de fonds et l’expertise de l’incubateur Pentalabbs vont notamment donner à l’entreprise des moyens technologiques et marketing supplémentaires, et lui permettre éventuellement d’embaucher. Il va enfin lui falloir faire face à l’émergence de concurrents qui ont pris quelques longueurs d’avance, comme Simpki (même si l’offre n’est pas tout à fait la même). Ce moteur de recherche inversé permet d’assembler des hébergements et transports en fonction d’un budget, pour l’essentiel issus du tourisme collaboratif.
La course aux récompenses
Concours, challenges et autres speed-dating sont devenus le quotidien des start-up qui souhaitent sortir de l’anonymat, et éventuellement séduire des investisseurs ou des partenaires. Opitrip n’échappe pas à la règle. La jeune entreprise a notamment reçu le prix du développement en novembre dernier, lors du concours Talents BGE (réseau national d’appui aux entrepreneurs), dont la remise des prix a été organisée au ministère de l’Économie et des Finances. "Au-delà de nous donner de la visibilité, la manifestation nous a permis de recevoir 8 000 €", se félicite Loïc Geoffroy. Opitrip a également participé au Etourisme Startup Contest organisé à Pau en octobre, "une belle expérience qui nous a permis de rencontrer des partenaires potentiels dans l’univers du tourisme".
Thierry Beaurepère