
Les passagers doivent être acheminés, le montant de leurs billets ayant été mis sous séquestre.
Air Méditerranée n’aura pas vécu vingt ans. Créée en 1997 sur l’aéroport de Tarbes-Lourdes grâce, au démarrage, à une activité de charter de pèlerins, la compagnie fondée par Antoine Ferretti avait été mise il y a un an en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Tarbes.
La chute du trafic charter consécutive au printemps arabe a généré un passif estimé à trente millions d’euros, essentiellement des loyers d’avions, qui n’a pu être comblé même si les nouvelles activités de vols réguliers d’Air Méditerranée étaient bénéficiaires.
Le tribunal consulaire, lors d’une ultime audience hier à 16h30, a finalement prononcé la liquidation. Celle-ci, administrée par Me Christian Caviglioli, est à effet immédiat, même si un délai de sept jours est ouvert pour faire appel.
Le tribunal a jugé à l’audience qu’il n’y avait pas de repreneur crédible. 220 salariés, essentiellement du personnel navigant, sont concernés par cette liquidation. AerCap, la société de leasing des avions, les a immédiatement rapatriés en Irlande pour éviter d’éventuelles saisies.
Le programme d'affrètements TO réduits à zéro sur l'hiver
Les deux vols Paris-Oujda et retour prévus hier devaient s’effectuer normalement, indiquait la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). Puis, toujours selon la DGAC, les passagers des vols prévus à partir de demain seront informés individuellement qu’ils seront intégralement remboursés.
Un compte séquestre avait été mis en place à cette fin. La licence de transport associée au certificat de transporteur aérien reste valide jusqu’au 28 février, ce qui permet à Air Méditerranée d’affréter éventuellement une autre compagnie pour transporter des passagers en souffrance.
En saison d’hiver, le programme de vols pour le compte de voyagistes était réduit à zéro. Restaient les vols réguliers vers de nombreuses destinations de Paris et de la province vers la Méditerranée, les Canaries et Dakar.
Lent effritement du pavillon français
Air Méditerranée rejoint la liste des compagnies françaises défuntes dont Air Lib, AOM, Air Bourbon, Aero Lyon, Euralair, Aeris, Air Littoral, TAT, etc. Si, en 2015, le transport aérien mondial gagne 6,5%, l’augmentation de trafic en France n’est que de 3,5%.
Les compagnies aériennes françaises n’arrivent pas à attirer les clients qui, faute d’offre adaptée, volent sur les compagnies aériennes étrangères. Le dernier rapport de la DGAC souligne la chute simultanée du nombre de passagers et du nombre de passagers-kilomètre-transporté. "En part de marché, le lent effritement du pavillon français s’est poursuivi en 2015 (-0,5 point en pax, -0,2 point en PKT), avec une baisse un peu plus marquée sur le marché intérieur (-0,5 point en pax, -0,3 en PKT)" constate la Direction générale de l'aviation civile.
Thierry Vigoureux