A 500 km au Sud du Cercle Polaire, rencontre avec les Inuits de l'Arctique québécois, sur une terre de mythes et de légendes. Un reportage de notre envoyée spéciale Florence Donnarel.
>> Ceux qui aimeront
Les amateurs de voyage polaire bien sûr, mais aussi tous ceux qui aiment les grands espaces, la nature, l’aventure, les rencontres avec des peuples aux traditions millénaires, les aurores boréales. À proposer également aux voyageurs aguerris et curieux qui veulent vivre une expérience inédite.
>> Donner envie
C’est en hiver qu’il faut venir. Quand la neige recouvre la toundra, glace les rivières, sculpte la banquise et saupoudre de blanc les dernières forêts. Quand il est possible aussi de s’aventurer loin dans les espaces immaculés, grâce aux motoneiges.
La région du Nunavik, grande comme la France et située au Nord du Québec, est bordée d’ouest en est par la baie et le détroit d’Hudson, la baie d’Ungava et la pointe septentrionale de la province de Terre-Neuve-et-Labrador. On se déplace en avion ou, pour les plus courtes distances, en motoneige. Les routes n’existent pas sur cette terre polaire. On vient ici pour se frotter au Grand Nord québécois (environ - 30°C en hiver, parfois un blizzard à vous faire perdre le nord) et surtout rencontrer les Inuits, qui représentent la majorité des 12 000 habitants du Nunavik.
Ennemis de la chasse, passez votre chemin. Voyager aux côtés des Inuits, c’est assister aux tirs des lagopèdes, des perdrix des neiges dodues, dégustés en ragoût le soir autour du poêle du campement. C’est aussi pister et viser une martre, dont la fourrure ornera anoraks ou bottes, ou, encore mieux, chasser un caribou, généreux pourvoyeur de peau et de viande.
Les Inuits vivent de la nature. Ils partagent leur amour et leur connaissance de ces grands espaces en guidant les visiteurs sur plusieurs jours, dans des parcs nationaux nouvellement créés.
Jeunes ou vieux, tous attachés à leur terre et à leurs traditions, ils ouvrent, avec le sourire, les portes de leur monde polaire et magique. Par exemple, dans le parc national Kuururjuaq, au Nord-Est de la région. Vaste champ de neige immaculé puis miroir de glace d’un bleu céleste, la rivière Koroc serpente ici sur 166 km dans une vallée où les épinettes noires et quelques mélèzes lèchent de leur vert brun les contreforts des monts Torngat. Les Inuits initient à la pêche polaire dans la rivière Koroc. Avec une scie électrique, ils découpent un trou dans la glace et taquinent l’omble chevalier (un goûteux salmonidé) avec une cuillère brillante, fixée au bout d’une cordelette.
Envie d’une activité un peu plus sportive ? Ils vous emmènent musarder dans l’une des petites vallées dévalant vers la Koroc, en ski de randonnée ou en raquettes. La nuit, au campement ou en refuge, dans l’enveloppante chaleur du poêle, les plus âgés racontent des légendes. Le chamanisme a longtemps accompagné la vie nomade de ce peuple premier installé dans le Grand Nord depuis 4 000 ans et sédentarisé depuis seulement une soixantaine d’années.
Dans le ciel obscur s’entortillent des rubans de lumière d’un vert presque fluorescent. Un vent invisible semble faire virevolter les aurores boréales. Les Inuits y voient les âmes des personnes décédées d’une mort violente qui jouent dans les ténèbres avec un crâne de morse.
Les Inuits vivent dans l’une des quatorze communautés du Nunavik, toutes côtières. Dans ces bourgades du bout du monde, faites de baraquements en tôle et de maisons en bois ventrues et colorées, le visiteur fait forcément un stop. Il faut en profiter pour écouter un "chant de gorge", inspiré des sons des animaux et de la nature. À la fois gémissement, halètement et murmure, cette mélodie était autrefois chantée par les femmes lorsque les hommes partaient chasser.
Le Nunavik en photos:
© Québec Original et Ulysse Lefebvre
>> Rien n’est parfait
Un voyage au Nunavik coûte cher. Compter environ 1 900 € pour les vols AR entre Montréal et Kuujjuaq, porte d’entrée de la région. Ensuite, il faudra dépenser au moins 350 € pour les vols entre Kuujjuaq et les autres communautés.
Pas d’inquiétude sur le grand froid : les opérateurs prêtent gratuitement un matériel technique permettant d’affronter sans souci les températures extrêmes.
>> Trouver un toit
Chacune des quatorze communautés du Nunavik dispose d’un hôtel Co-op, géré par les Inuits. Ils sont plutôt modernes et confortables, équivalant à des adresses 2* ou 3*, mais ne proposent pas de petit déjeuner. Pour les repas, il est nécessaire de faire ses courses et d’utiliser la cuisine et le salon collectifs. Kuujjuaq et deux autres communautés disposent également d’hôtels indépendants. L’offre hôtelière totale du Nunavik repose sur environ 300 chambres. Le logement chez l’habitant est toujours possible.
>> Évolution touristique
Il n’existe pas de mesure de la fréquentation touristique. On peut toutefois se référer aux nuitées hôtelières, qui ont progressé de 23 % entre 2010 et 2011 (pas de chiffres plus récents) pour atteindre 50 000 nuitées sur l’année, selon l’Association touristique du Nunavik. Il n’est pas possible d’isoler les nuitées touristiques de celles du personnel administratif voyageant beaucoup au Nunavik.
>> C’est Nouveau
Depuis 2013, la région a choisi de développer le tourisme en ouvrant des parcs nationaux que l’on visite dans le cadre d’excursions guidées. Le parc national Ulittaniujalik, à l’Est du Nunavik, dans les vallées des rivières George et Ford et sur des hauts plateaux, ouvrira début 2016. C’est le quatrième parc du réseau.
>> Question de saison
À la fin de l’hiver, en mars-avril, quand les températures sont plus clémentes (- 20°C à - 15°C tout de même), l’enneigement est suffisant pour se déplacer en motoneige et les journées sont plus longues (coucher de soleil vers 19 h).
>> À quel prix ?
À partir de 5 800 € par personne (base double) depuis Paris le circuit en groupe accompagné de 9 j/7 n au Nunavik, avec en point d’orgue le parc national Kuururjuaq et des activités en raquette et à ski. En pension complète avec hébergement en hôtel Co-op, en tente chauffée et en refuge. Départ garanti à partir de quatre personnes.
À partir de 3 590 € par personne (base double) au départ de Montréal le séjour de 4 j à Kuujjuaq incluant une excursion de 2 j en chiens de traîneaux et un survol en hélicoptère. En pc avec hébergement en hôtel 3* et en igloo.
>> Pour en savoir plus
www.nunavik-tourism.com et www.parcsnunavik.ca.
Nous avons testé...
Kuujjuaq Inn, à Kuujjuaq
Pourquoi choisir cet hôtel ? C’est l’adresse la plus confortable de Kuujjuaq. Récemment agrandi et rénové, l’hôtel est à la fois moderne et douillet. Dans les 37 chambres, spacieuses, la décoration fait la part belle au bois clair et à un camaïeu de couleurs, du gris à l’écru. L’ensemble est très cosy (fauteuil et literie ferme comme il faut) et pratique (coin bureau, TV écran plat, nécessaire à thé et café, nombreux rangements). Vaste salle de bains avec douche.
Bon à savoir : l’hôtel dispose d’un bar convivial avec fauteuils club et d’un restaurant/snack à la déco basique, qui constituent les lieux de rendez-vous incontournables de la petite bourgade de Kuujjuaq. C’est ici que l’on socialise. Prix à partir de 170 € la nuit en chambre double, hors pdj.
L’avis de Tour Hebdo : un hôtel accueillant et chaleureux, avec une décoration des chambres plutôt stylée sous ces latitudes extrêmes. On s’y sent bien.