Hellotrip inspire et conseille les voyageurs

Qui en est le pilote ?

Maxime Cohendet et Benoît Mouret ont encore l’allure d’étudiants ! Il est vrai que les deux amis n’ont que 27 et 26 ans… Diplômés de l’Idrac Business School, le premier à Lyon et le second à Toulouse, ils se rencontrent lors de leur année Erasmus à Newcastle, en 2010. La fin de son cursus universitaire conduit Maxime Cohendet à effectuer un stage chez Netco Sports, un développeur d’applications pour smartphones. Très vite, il est embauché et devient project manager. "J’ai rapidement géré de gros projets, comme l’application Canal Foot, qui m’ont apporté une expérience solide. Lors de mon cursus à l’Idrac, j’avais rencontré des entrepreneurs qui m’avaient conforté dans mon choix de créer rapidement mon entreprise, non sans avoir auparavant exercé une activité professionnelle." Au même moment, Benoît Mouret découvre l’Europe en travaillant pour divers sites d’e-commerce, à Amsterdam et Barcelone. En 2014, les deux jeunes hommes franchissent le pas et créent Grapy.

Quels sont ses moyens ?

Pour réunir les 8 000 € du capital, les deux patrons regroupent leurs économies, font appel à leurs familles… Cette somme permet de créer la structure juridique, d’effectuer les premières études pour développer l’algorithme. La signature en décembre 2014 d’un accord avec le moteur de recherche Skyscanner pour la fourniture des données aériennes booste l’entreprise, avant la mise en ligne du site en février 2015. Le début de l’année permet aussi de débloquer un prêt bancaire de 45 000 €, garanti par la Banque publique d’investissement. Les deux jeunes patrons en profitent pour s’installer au Gymnase, un espace de coworking (Paris 11^e). En juin, le rachat de Grapy par Hellotrip marque une nouvelle étape dans le développement. L’opération se fait par échange d’actions. Hellotrip reprend 100 % de Grapy, alors que Maxime Cohendet et Benoît Mouret deviennent actionnaires de la maison mère domiciliée aux Pays-Bas. "Ce fut un peu difficile de partager si tôt notre bébé mais cela donne de nouvelles perspectives à l’entreprise. L’avenir est à la gestion des datas."

Le credo de Hellotrip : "Aider les voyageurs à contourner la stratégie de yield management des compagnies aériennes."

Comment ça marche ?

Après avoir cliqué sur l’onglet "Où aller avec mon budget ?", l’internaute indique sa ville de départ, ses dates et son budget. En quelques secondes, une carte s’affiche, avec toutes les suggestions de voyages (en Europe) répondant aux critères. Il est ensuite possible d’affiner la recherche en ajoutant par exemple des filtres thématiques (culture, fête, soleil, romantique…). Parallèlement, le site permet de connaître l’évolution des prix des billets d’avion dans les quatorze jours pour une trentaine de lignes au départ de Paris et Amsterdam. Cet outil devrait s’élargir à 300 routes en 2016, au départ des principaux hubs du Vieux Continent, notamment Londres. "Nous n’évaluons que des lignes long-courriers, car c’est là que les variations de prix sont les plus conséquentes", précise Maxime Cohendet. Dans un cas sur cinq, Hellotrip prévoit une baisse du prix, qui s’avère exacte au final dans 80 % des cas ; un taux que la start-up souhaite faire grimper à 90 %.

Quel est le modèle économique ?

Disponible en français et en anglais (en attendant des versions espagnole et hollandaise en 2016), Hellotrip fonctionne sur le principe de l’apporteur d’affaires. En parallèle, la start-up développe une offre BtoB (voir encadré). Le chiffre d’affaires en France devrait osciller entre 50 000 € et 100 000 € cette année. Le nombre d’utilisateurs uniques progresserait de 20 % par semaine et l’appli aurait déjà été téléchargée plus de 10 000 fois. Hellotrip espère réaliser un CA de 2 M€ dès l’année prochaine et cherche à lever plusieurs centaines de milliers d’euros. De quoi permettre aux deux associés français (pour l’instant au chômage) de se verser un salaire en 2016. Cette somme pourrait aussi servir à doubler l’effectif (dix personnes actuellement, huit à Amsterdam, deux à Paris), avec notamment le recrutement de mathématiciens et spécialistes des datas. Car la start-up entend faire de la prédiction son axe de développement dans les prochaines années.

Quelles sont ses limites ?

Hellotrip suggère pour l’heure des voyages en Europe uniquement. Dans ce contexte, l’absence d’offre ferroviaire constitue un obstacle. Par ailleurs, la version bêta du site n’est guère explicite quant aux deux éléments différenciants de l’entreprise. Une nouvelle version est annoncée pour début 2016. Pas facile enfin de communiquer de manière simple sur ce qui fait la pertinence de l’entreprise, en particulier sur un marché des moteurs de recherche gourmand en communication. Hellotrip compte dans un premier temps sur le bouche-à-oreille, mais aussi sur le soutien de l’Idrac, qui communique sur le parcours de ses anciens élèves. Une stratégie de référencement devrait être mise en place en 2016. Il va sans doute lui falloir aussi choisir son camp à moyen terme, entre moteur de recherche grand public hérité de l’ex-Grapy et fournisseur de technologie pour l’industrie du tourisme.