Le Congrès américain va durcir dans les prochains jours le programme d'exemption de visas dont bénéficient 38 pays riches, dont 30 en Europe.
La décision ne s'est pas fait attendre. Annoncé le 1er décembre par la Maison Blanche, le projet de réforme des exemptions de visas verra le jour très prochainement. Il est l'une des réponses des parlementaires aux attentats de Paris, dont certains des auteurs français et belges auraient potentiellement pu prendre l'avion pour New York sans être repérés.
Les élus estiment qu'une procédure de visa, avec un entretien avec un agent consulaire et la prise d'empreintes digitales et d'une photo, permettra de bloquer toute infiltration.
Déjà adoptée par la Chambre des représentants à majorité républicaine, la mesure a été intégrée au grand compromis budgétaire de fin d'année dévoilé mercredi, et qui sera adopté dans les prochains jours par les deux chambres du Congrès américain.
Concrètement, les ressortissants des 38 pays membres ne pourront plus prendre l'avion vers les Etats-Unis sans avoir obtenu préalablement un visa auprès d'un consulat américain s’ils remplissent l'une des deux conditions suivantes : avoir la double nationalité entre l'un de ces 38 pays et l'Irak, la Syrie, l'Iran, le Soudan ou d'autres pays désignés à risque par l'administration américaine (par exemple, un Franco-Syrien); s’être rendu dans ces quatre pays depuis mars 2011, avec pour seule exception les militaires et les diplomates (par exemple, un homme d'affaires ou un humanitaire français qui serait allé en Irak).
Ces voyageurs ne seront pas empêchés a priori de venir aux Etats-Unis, mais il leur faudra prendre rendez-vous dans un consulat pour obtenir un visa, comme les citoyens des autres pays non privilégiés, Chinois, Brésiliens ou Polonais.
13 millions de visiteurs européens sans visa chaque année
Aujourd'hui, environ 20 millions de personnes viennent chaque année sans visa aux Etats-Unis pour des séjours de moins de 90 jours, dont quelque 13 millions d'Européens, avec pour seule formalité le formulaire en ligne Esta.
Ni l'Union européenne ni les autorités américaines n'ont d'estimation sur le nombre de voyageurs potentiellement affectés.
"Cette législation est excessivement automatique et rigide", affirme l'ambassadeur de l'UE à Washington, David O'Sullivan à l'AFP. "Etant donné qu'elle crée un traitement discriminatoire, elle sera prise en compte lors du réexamen qui aura lieu en avril" dans les instances européennes.
La Commission européenne doit en effet engager à partir d'avril 2016 une réévaluation de la réciprocité accordée aux Européens par les pays partenaires du programme.
C.P. avec AFP