La lecture des enregistreurs de vol de l'A321 russe montre qu’une explosion est à l’origine du crash dans le Sinaï.
Les boites noires ont confirmé qu’une explosion avait causé le crash du vol Charm el Cheikh/Saint-Petersbourg, nous a révélé une source proche de l'enquête. Réalisée au Caire par l’aviation civile égyptienne entourée d’enquêteurs russes, français, allemands et irlandais, la lecture des enregistreurs de vol de l’A321 russe, est maintenant terminée.
"Ce n’est pas un problème de sécurité des vols, mais de sûreté", résume pudiquement un expert, désignant formellement l’attentat comme cause de l’accident du vol de la compagnie Metrojet faisant 224 morts. La sécurité des vols met en cause le pilotage par l’équipage ou les problèmes techniques de l’avion. La sûreté désigne une action extérieure amenant la destruction de l’appareil.
Ce que ne diront pas les deux enregistreurs de vol, c’est quand, précisément où dans l’avion et comment, a pu être déposé l’engin explosif. Celui-ci a pu être placé directement dans l’avion, dans un bagage de soute ou dans un autre en cabine.
L’attentat-suicide semble peu plausible à bord d’un vol charter où les passagers se connaissent et sont facilement identifiés. La sûreté de l’aéroport devra être épluchée pour voir où sont les failles lors des contrôles des passagers et de leurs effets, sans oublier la surveillance du personnel de piste qui a accès aux avions. L’A321 russe était en escale de nuit, ce qui rend encore plus difficile la surveillance des abords de l’avion.
Le président russe Vladimir Poutine a d’ailleurs ordonné vendredi la suspension des vols des compagnies aériennes russes vers l'Egypte, sur recommandation des services secrets. La Russie restait réservée vis-à-vis de la thèse de l’attentat visant ses intérêts. Elle le reconnaît maintenant implicitement.
Avant même que le contenu des boites noires soit connu, les autorités britanniques et irlandaises avaient suspendu les vols entre l'Egypte et les Iles britanniques. KLM a maintenu ses vols au départ du Caire, embarquant toutefois les passagers sans bagage. Lufthansa a annulé ses vols mais la filiale Edelweiss maintient sa desserte hebdomadaire.
Des difficultés pour rapatrier les touristes présents en Egypte
On ne compte plus que deux vols quotidiens au départ de Paris vers Le Caire, l’un d’Egyptair, l’autre d’Air France. Cette dernière a renforcé ses contrôles de sûreté à l’aéroport en collaboration avec les autorités locales.
Outre des milliers de touristes russes rassemblés dans les aéroports, environ 20 000 Britanniques seraient en vacances en Egypte, contre 250 Français (identifiés) dont aucun dans le cadre d’un voyage organisé.
Le retour des touristes semble poser quelques problèmes selon easyJet qui indique dans un communiqué que les autorités égyptiennes avaient suspendu les atterrissages de ces compagnies à Charm el-Cheikh. "Cela veut dire que 8 des 10 vols d'EasyJet prévus ne vont plus pouvoir opérer".
La low cost a ajouté "travailler avec le gouvernement britannique pour trouver une solution" ainsi que sur "un plan d'urgence" lui permettant d'opérer une fois obtenue la permission de voler. "Je pense que la plupart des passagers qui s'attendaient à revenir chez eux ce soir seront chez eux ce soir", a assuré vendredi le ministre britannique des Transports Patrick McLoughlin, sur la télévision ITV.
Thierry Vigoureux avec AFP