La compagnie fait un effort, les pilotes font un effort et l’Etat fait un effort, demande le SNPL. Un calendrier a été défini.
Pour éviter tout risque d’incident et de pression extérieure, la reprise des négociations entre la direction d’Air France et les pilotes a eu lieu au siège du groupe Air France-KLM à l’aérogare des Invalides, dans le quartier des ministères déjà hautement sécurisé.
Le Pdg du groupe Air France-KLM, Alexandre de Juniac, le Pdg d’Air France, Frédéric Gagey, et le directeur des ressources humaines, Xavier Broseta, participent à cette réunion, ainsi que l'autre syndicat de pilotes, minoritaire, le SPAF.
Cette réunion avait été précédée la veille d’un comité de direction du Syndicat national des pilotes de ligne, l’organisation majoritaire à Air France avec 65% des votes aux dernières élections professionnelles. A ce comité de direction siègent 48 pilotes élus qui délivrent une feuille de route aux 13 membres du bureau habilités à assister aux rencontres avec la direction ou les DRH.
Le mandat voté par le conseil du SNPL à une quasi-unanimité (moins 8 abstentions) se résume en trois points : "Le maintien de l'emploi, retrouver l’efficacité économique à travers des efforts des pilotes et la mise en place par l'Etat d'un environnement équitable". "La compagnie fait un effort, les pilotes font un effort et l'Etat fait un effort", explique un porte-parole du syndicat. Ce dernier montre une certaine avancée par rapport aux positions précédentes.
Côté Air France, les 17% de productivité demandés dans le cadre de Perform 2020 pourraient être modulés, notamment dans le temps, ce qui pourrait correspondre à l’effort acceptable par les pilotes. L’effort de l’Etat est considéré comme un catalyseur essentiel qui permettra de rallier les autres catégories de personnel d’Air France. Il s’agit là de réduire la pression fiscale en supprimant la taxe Chirac et en modérant le montant des redevances aéroportuaires.
En résumé, l’attitude syndicale est beaucoup plus constructive qu’elle ne l’était auparavant.
Cette première réunion, qui a duré deux heures, a donc permis de renouer le dialogue et de définir un calendrier de réelles négociations qui se dérouleront dès la semaine prochaine. Un autre grand rendez-vous entre la direction et les autres organisations syndicales est également programmé pour mardi prochain.
Ségolène Royal a de nouveau évoqué vendredi l'hypothèse d'un "médiateur", "si le dialogue est difficile à renouer compte tenu de ce qui s'est passé". La ministre de l'Écologie, qui a la tutelle des Transports, a également estimé qu'il fallait "éviter maintenant tous les mots qui blessent et ne servent pas la reconstruction d'une solution", après qu'Emmanuel Macron eut qualifié de "stupides" les auteurs de violences. Ségolène Royal se situe ici en désaccord avec Emmanuel Valls qui avait demandé que le conflit soit réglé en interne à Air France sans intervention du gouvernement.
Selon un sondage Elabe pour Les Echos, Radio Classique et l'Institut Montaigne, 67% des Français estiment que "les syndicats d’Air France mettent en danger la compagnie". Ils jugent les organisations syndicales responsables de la situation de blocage. Les événements de lundi et les images de l’agression du responsable des ressources humaines de la compagnie ont "choqué" 75% des Français.
T.V.