Après le CCE qui s'est terminé violemment ce matin, Air France confirme la suppression de 2 900 postes, consécutive à la fermeture de cinq lignes et la baisse de certaines fréquences.
Actualisé à 16h35
Comme prévu, la présentation ce matin en comité central d’entreprise par la direction d’Air France du plan d’attrition consécutif aux refus de négocier des navigants concerne 2 900 personnes, dont 300 pilotes, 700 membres du personnel de cabine et 1 900 salariés au sol.
Air France assure que "l'adaptation des effectifs se fera sous la forme de départs volontaires. Dans les autres secteurs, le recours aux départs contraints ne pourra être exclu".
La partie "informations" du CCE s’est déroulée normalement et répond donc aux exigences légales. En revanche, lors de la session questions/réponses, des manifestants s’en sont pris aux dirigeants de la compagnie. Certains, comme Frédéric Gagey, Pdg, ont pu être exfiltrés rapidement par le service d’ordre.
D’autres, comme Xavier Broseta, directeur général des ressources humaines, ont eu moins de chance, ont été molestés et ont dû laisser vestes et chemises aux mains de quelques excités avant d’escalader un grillage pour s’échapper. Air France a annoncé qu'elle allait porter plainte après ces exactions.
Réduction de 10% des capacités long-courriers entre 2015 et 2017
Dans un communiqué de la compagnie aérienne diffusé ce jour en milieu d'après-midi, la direction "condamne avec la plus grande fermeté les violences physiques survenues en marge de ce comité central, et qui sont le fait d'individus isolés particulièrement violents". Elle assure que "ces événements n'altèrent en rien la volonté de la direction de poursuivre à tout moment les discussions avec les partenaires sociaux pour la mise en œuvre la plus efficace et constructive de son redressement".
Air France annonce que les "capacités long-courriers […] devraient baisser de l'ordre de 10% entre 2015 et 2017". Le plan prévoit aujourd'hui, d'ici 2017, la fermeture de cinq lignes et l'arrêt de 35 fréquences hebdomadaires long-courriers, sur les lignes déficitaires du réseau, desservant principalement l'Asie et le Moyen-Orient. Air France assure que ces mesures n'affecteront pas "l'empreinte commerciale du groupe grâce notamment aux nombreux partenariats sur les marchés concernés".
Aussi, quatorze appareils long-courriers (cinq en 2016 et neuf en 2017) seront retirés de la flotte, ce qui conditionne l’effectif de salariés à réduire. La compagnie passera ainsi de 107 avions opérés à l'été 2015 à 93 à l'été 2017, principalement par la "sortie accélérée d'Airbus A340 non remplacés par les Boeing B787 initialement prévus". Air France espère que ces mesures lui permettront d'économiser juqu'à 200 M€.
Parmi les lignes fermées au prochain programme, probablement Bangkok, très difficile à rentabiliser avec seulement la recette unitaire de billets loisirs face à la concurrence des compagnies du Golfe.
Les choix d’Air France portent aussi sur les lignes très longues, comme Santiago du Chili, où quatre pilotes sont prévus au lieu de trois pour les vols de neuf heures. Les choix possibles entre suspendre la desserte, réduire les fréquences ou les saisonnaliser peut aussi dépendre de la bonne santé du marché local et de ses perspectives. On sait que le Brésil et, en général, l’Amérique du Sud ne sont plus en croissance.
Maintien des objectifs financiers fixés pour 2017
De même, la Chine connaît un ralentissement économique. Certaines destinations peuvent toutefois être conservées dans le groupe mais via Amsterdam, et non plus Roissy-CDG, avec KLM dont les pilotes ont accepté de baisser leurs coûts. Ce qui est transparent pour la clientèle européenne et représente 40% des passagers.
Des alternatives existent aussi avec des partenaires, comme Delta, qui permettent de conserver l’offre de destinations américaines en machine sans qu’Air France assure le transport. La desserte de Seattle avait ainsi été transférée. Recettes et dépenses sont partagées dans le cadre de la JV Atlantic.
Air France précise qu'elle maintient l'ensemble de ses objectifs financiers fixés pour 2017 dans le cadre du plan Perform 2020, notamment la réduction des coûts unitaires de 1,5% par an en moyenne sur la période 2015-2017 et la réduction de sa dette.
Alexandre de Juniac, président-directeur général d'Air France-KLM, se dit "déterminé à mettre en œuvre les adaptations indispensables pour assurer la pérennité d'Air France et lui permettre de financer son développement".
V.D. et T.V.