
Airbus implante une usine d'assemblage à Mobile dans l'Alabama. Les compagnies américaines opteront plus largement pour le constructeur européen, aux côtés de Boeing.
Des Airbus "made in USA" pour les compagnies américaines... Après la France, l'Allemagne et la Chine, le constructeur européen vient d'inaugurer une usine d'assemblage à Mobile, à 200 km à l’est de La Nouvelle-Orléans sur le golfe du Mexique.
Dans les années à venir, les passagers qui se déplacent à bord des compagnies américaines, vont voler de plus en plus souvent en Airbus. Les parts de marché de 20% en 2012 de l’avionneur européen aux Etats-Unis, sont passés à 40% l’an dernier.
A cela, une raison majeure, la vétusté des flottes des compagnies américaines leur impose de reprendre un rythme élevé de commandes. Exemple : chez Delta, on compte encore plus de 120 appareils MD80/90, des avions qui ont quasiment disparu en Europe, sur une flotte de 500 moyen courriers.
Sans compter qu'Airbus n'a pas attendu l'installation d'une usine sur le sol américain pour commencer à pousser ses pions : les fusions-acquisitions de ces dernières années ont même parfois rendues majoritaires les Airbus dans des flottes où elles ne l’étaient pas. C’est le cas d’American Airlines qui en absorbant US Airways, gros client de l’A320, est devenu le premier opérateur d’Airbus au monde.
Les nouvelles versions neo de la famille A320, en avance de deux ans et plus performantes que leurs concurrents de Boeing, apportent aussi un regain d’intérêt. C’est notamment le cas de l’A321, le plus long des appareils de la gamme moyen-courrier avec 220 sièges, déjà très utilisé sur les liaisons côte est-côte ouest.
De plus, avec ses nouveaux moteurs consommant 15% de moins, son autonomie s’allonge et il peut réaliser des vols transatlantiques Europe-côte est. Il se pose alors comme successeur du Boeing 757, très apprécié pour assurer des liaisons à trafic moyen ou encore doubler des fréquences.
Les estimations chiffrent à 4 700 avions moyen-courriers la demande du marché nord américain pour les vingt ans à venir. De quoi saturer l’usine de Mobile prévue pour assembler quatre Airbus par mois en 2017 et qui pourra éventuellement doubler sa capacité.
Aux Etats-Unis et en Chine, Airbus assemble des éléments construits en Europe
Si la ligne d’assemblage final ouverte en Chine en 2008 répondait à une préoccupation politique - une demande pressante du gouvernement pour passer commande – la logique n’est pas la même aux Etats-Unis où les conseils d’administrations des compagnies aériennes clientes sont seules maitres de leurs choix.
Les compagnies prennent leur décision en fonction du prix de l’avion, de ses performances et de son coût d’exploitation. Le coût du travail inférieur outre-Atlantique a séduit Airbus actuellement forcé à croitre avec son carnet de commandes de 4 730 moyen-courriers de la famille A320 et à passer de 42 avions produits par moi à 50, voire plus.
Au moment de la prise de décision de créer l’unité de Mobile, l’euro valait près de 1,5 dollar et il était séduisant de produire dans la zone dollar. C’est moins vrai aujourd’hui, mais cela peut le redevenir.
Pour autant, la fabrication à proprement parler des différents éléments d'un appareil reste européenne. En effet, que ce soit en Chine ou aux Etats-Unis, les usines se contentent d'assembler des éléments construits en France (partie avant, cockpit à Nantes-Saint-Nazaire), en Allemagne (fuselage), en Grande-Bretagne (ailes), en Espagne (empennages arrière).
Ceux-ci, réunis à Toulouse ou à Hambourg, sont plus dispatchés par voie maritime vers Tianjin, le port de Pékin, mais désormais vers Mobile.
T.V.