La nouvelle directrice de l’ONTT en France, Wahida Jaiet, annonce des chiffres de fréquentation en baisse tous marchés confondus et la mise en place d’un plan d’actions en 2016.
Tour Hebdo : Pouvez-vous dresser un bilan estival de la destination ?
Wahida Jaiet : L’activité estivale a été fortement secouée par les événements de juin. La baisse au départ de France est de 33% de janvier à fin août par rapport à la même période de l’an dernier, ce qui représente 360 000 entrées. Mais elle est moindre qu’en Europe, ce qui laisse une lueur d’espoir, où elle a atteint -45%, soit 1 100 000 arrivées européennes. Toutes nationalités confondues, le nombre d’arrivées a atteint 4 millions.
La chute de fréquentation des clientèles européennes fait-elle suite à la décision de plusieurs pays de demander à leurs ressortissants de quitter la Tunisie et d’éviter de s'y rendre sauf en cas d’urgence ?
Les Britanniques marquent en effet le plus fort recul d’autant qu’ils enregistraient un taux de croissance à deux chiffres depuis plusieurs années. Le départ des Britanniques pèse lourd dans la baisse du nombre d’entrées. De plus, 75% des départs vers la Tunisie se font entre juin et août. L’annonce du chef de la diplomatie britannique nous a donc fait très mal. Les clientèles allemandes et italiennes sont également en fort recul. La Tunisie paie le prix fort de l’attentat de Sousse.
La clientèle française se comporte-t-elle différemment ?
En France, il n’y a pas eu de suspension des ventes ni de demande de restriction des déplacements en Tunisie. L’appel à la vigilance du Quai d’Orsay est de bon sens. Le consommateur reste néanmoins extrêmement frileux car l’effet psychologique est énorme. Il y a tout de même eu des ventes de dernière minute cet été mais en termes de volume, cela reste faible. Nous avons également noté quelques frémissements sur Djerba mais ce n’est pas suffisant.
Vos partenaires tour opérateurs et agences de voyages soutiennent-ils la destination ?
Il y en a qui s’accrochent et qui se battent pour que la Tunisie continue à être programmée. Ce n’est pas dans l’intérêt d’un TO d’arrêter une destination même si les résultats sont mauvais. J’ai rencontré les représentants du SNAV et du SETO en juillet et ils m’ont exprimé leur soutien et leur solidarité. Concernant les compagnies de croisières, il est encore trop tôt pour dire si elles vont revenir en Tunisie. Je vais les rencontrer dans les prochaines semaines tout comme l’ensemble de nos partenaires pour faire un point avec eux sur les priorités et les actions à mettre en place. La suspension de la taxe de séjour est en place. On s'est déjà débarrassé de ce point de tension.
Avez-vous déjà une feuille de route ?
Nous sommes dans une période intermédiaire et réfléchissons davantage à la relance de la destination en 2016 et 2017. Des plans de formation vont être mis en place car une mise à niveau s’impose sur les produits et les prestations de services. Lorsque le terrain sera plus favorable, nous serons prêts et cela donnera davantage d’arguments aux agences de voyages et aux tour opérateurs vis-à-vis de leurs clients. Ce qui est sûr, c’est que nous allons travailler et communiquer différemment. La communication traditionnelle de type affichage n’est pas circonstanciée. Mais il ne faut pas communiquer tant que ce n’est pas cadré. Pour le moment, on navigue un peu à vue.
Propos recueillis par Céline Perronnet