Le directeur d'Atout France commente les bons résultats du tourisme français, à l'heure où l'activité entre particuliers s'accapare une part grandissante du marché.
Les résultats et les perspectives du tourisme français sont prometteurs pour un bilan record en 2015. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, s'en est d'ailleurs félicité courant août, annonçant d'ores et déjà plus de 85 millions de visiteurs, contre 83,5 l'an dernier.
Mais la conjoncture favorable pour l'industrie touristique française ne doit pas occulter les mutations profondes qui s'opèrent dans le secteur, à la fois en matière de concurrence internationale (la France progresse certes, mais moins vite que bien des destinations, y compris européennes) et de comportements d'achat, dont le développement de l'économie collaborative.
Si l'on voit venir le phénomène depuis plusieurs années, en 2015 la progression est "impressionnante", souligne Christian Mantei, le directeur d'Atout France, dans un entretien avec Tour Hebdo. Selon lui, c'est même "le vrai débat cette année".
Il évoque un village de Corse, destination qu'il connaît bien, où sur "220 maisons, 42 étaient en location cet été, contre 12 l'an dernier, sans compter que les gens commencent à proposer dans les prestations leur voiture, des petits plats…" voire des animations et activités. Autre exemple, Arles, où les autorités locales lui ont fait part récemment du passage de 600 logements à louer l'an dernier à 1 000 en 2015.
Les Européens de plus en plus adeptes de la location entre particuliers
De fait, Airbnb, qui affiche une hausse de 25% de réservations cette année sur la France, fait des émules partout dans le pays. Dans ce domaine, c'est Paris qui tient lieu de locomotive, alors que le tourisme du partage "a été multiplié par dix en trois ans". Encourageant indirectement les échanges "au noir" : "Il y a la partie déclarée, mais aussi toute l'économie souterraine, qui est le parasite de l'économie collaborative", constate Christian Mantei.
Pour le directeur d'Atout France, déclaré ou non, le phénomène explique que l'on ne retrouve pas la progression à deux chiffres des marchés lointains et émergents, notamment asiatiques dans les statistiques de l'hôtellerie traditionnelle.
Si ces clientèles utilisent bien, pour l'essentiel, des hébergements classiques, c'est de moins en moins le cas des marchés européens de proximité, de plus en plus adeptes de la location entre particuliers. Heureusement, dans ces conditions, que la simplification des procédures de visas sur certains marchés a créé un appel d'air pour l'hébergement marchand.
La délivrance de visas touristiques vers la France aurait progressé de 50% en Chine cette année. Mais les Asiatiques aussi se laissent de plus en plus séduire par la location, certains gros opérateurs locaux, comme le chinois Tujia, l'ont bien compris.
V.D.